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Société

ENFANTS DE LA RUE A DAKAR: Ces « damnés » de la société


Lundi 2 Décembre 2013

Dans le cadre de ses dix ans, le Samusocial Sénégal a effectué une maraude dans les rues de Dakar la nuit du mardi 26 au mercredi 27 novembre 2013, cette fois-ci en compagnie de diplomates européens, notamment Mme Dominique Dellicour, Ambassadeur, Chef de délégation Union Européenne au Sénégal et Mme Muriel Berset Kohen, Ambassadeur de Suisse au Sénégal pour mieux apprécier le phénomène des enfants de la rue. Occasion pour nous de faire un round-up de la question des enfants de la rue avec Mme Isabelle de Guillebon, Directrice du Samusocial Sénégal qui en était à sa énième sortie auprès de ces couches vulnérable.

Dix ans d’assistance, d’accompagnement des enfants de la rue, en rupture familiale, scolaire, communautaire, ça se «fête». Le Samusocial Sénégal créé en novembre 2003 a célébré la décade de présence sur le terrain, d’intervention d’urgence auprès de ces couches vulnérables. La manifestation a eu pour cadre le siège de l’organisation sis à Ouakam samedi 30 novembre 2013, en présence de nombreuses autorités et diplomates, dont le docteur Xavier Emmanuelli, fondateur du Samusocial Paris il y a vingt ans.

La première maraude du Samusocial Sénégal remonte au 17 novembre 2003, déjà dix ans. Selon Mme Isabelle de Guillebon, l’essentiel des enfants qu’on appelle communément des «talibés» ne le sont pas, ce sont des enfants exploités qui se retrouvent dans la rue. C’est un phénomène urbain apparu avec la grande sécheresse des années 1970 et s’est développé avec l’exode rural et le phénomène d’exploitation des enfants par des adultes.Pour la Directrice du Samusocial Sénégal il n’y a pas de définition précise pour cette couche vulnérable parce ce sont des enfants qui passent le plus clair de leur temps dans la rue, qui ne vont pas à l’école, n’ont pas forcément de noyaux familial, de maison. Donc ils vivent une situation d’exclusion sociale, psychologique, médicale (et sanitaire) et citoyenne.

Le Samusocial Sénégal, après dix ans de présence sur le terrain à Dakar, d’intervention d’urgence auprès de ces couches vulnérables, estime à, entre 10.000 et 15.000 enfants de la rue, toutes catégories confondues. «C’est une estimation plus ou moins scientifique, il n’y a jamais eu de véritables étude, enquête statistique pour déterminer le nombre des enfants de la rue à Dakar», explique-t-elle.

«Je veux ma maman», le maître-mot

Pis, le constat c’est que les enfants fréquentent la rue très jeunes, 5 à 6 ans pour certains. Dans la rue, «ils ont des problématiques de survie: c’est se nourrir, boire, l’accès à l’eau potable est très compliqué. Il y a se protéger des intempéries, des descentes policières fréquentes et des groupes de plus grands». L’autre problème c’est celui d’ordre sanitaire. «Ils sont vulnérables sur le point de vue sanitaire, ils n’ont aucun accès au soin en tant qu’individus. S’ils vont dans un centre de santé, ils sont dégagés. Et ils y ont accès avec nous, pas tout seuls», a déploréMme Isabelle de Guillebon.

Plus grave, ces enfants ne bénéficient d’aucune affection maternelle, familiale encore moins sociale. «Pour moi, la chose la plus grave et la plus difficile à cerner et à traiter, c’est la vulnérabilité psychosociale, affective et familiale. Il y a des enfants qui n’ont jamais reçu une once d’affection maternelle, familiale, qui n’ont reçu que des coups, des châtiments, tels que pour eux, se faire taper, c’est un mode éducatif».«Notre psychologue les fait parler soit individuellement soit en groupe, ce qu’il sort c’est vraiment basique, c’est: «je veux ma maman». Et cela crée des traumatismes psychiques extrêmement durs et plus la durée dans la rue est longue plus c’est difficile».

L’un des plus grands dangers auxquels ces mineurs abandonnés à eux-mêmes sont exposés, c’est l’utilisation des toxiques (les diluants, communément appelés dans le jargon des enfants, «guinz»), de drogue (chanvre indien), alcool (frelaté). «Pour l’instant, je touche encore du bois, il n’y a pas encore du crack et les autres drogues qui coûtent trop cher. Même si le crack est une drogue «bon marché», ça reste trop cher pour nos enfants. Donc il y a les problèmes de la toxicomanie, d’addiction auxquels s’exposent ces enfants», fait-elle constater.

Le Samusocial Sénégal a pour objectif d’améliorer la situation des enfants en danger dans la rue et d’éviter l’aggravation de leur détresse. Il cherche à mettre en place un processus de prise en charge, au nom de la dignité due aux enfants, et d’une manière générale à toute personne exclue des mécanismes de prise en charge traditionnels.





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