Décès dans un commissariat en France : Révélations sur la mort d'Amadou Koumé

Vendredi 11 Septembre 2015

Dans la nuit du 5 au 6 mars dernier, un Sénégalais du nom de Amadou Koumé, 33 ans, père de deux enfants, est mort dans un commissariat du Xe arrondissement, suite à son interpellation près de la Gare du Nord. Amadou Koumé, physique imposant (1,90 m pour 107 kilos), avait été interpellé au bar Hide Out parce qu’il perturbait, disait-on. Il commençait à tenir des propos incohérents et à « parler fort ». L’expertise toxicologique avait ensuite relevé « une prise significative et assez proche du décès de cocaïne ».
Sa mort ne s’était ébruitée que le 20 avril. Le Parisien citait alors une source judiciaire qui expliquait de manière lapidaire : « quand les policiers ont voulu le menotter, il s’est débattu. Ils ont dû procéder à une manœuvre d’étranglement pour lui passer les menottes. À l’arrivée au commissariat à 0 h 25, ils se sont rendu compte qu’il était amorphe. Le Samu a tenté de le ranimer, en vain ».

La famille de Koumé avait ainsi déposé une plainte contre X pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner et abstention de porter assistance à une personne en péril ». Le parquet de Paris avait rapidement requalifié les faits en « homicide involontaire ».
Mais ce 10 septembre, « Libération » et « Médiapart » révèlent un nouveau témoignage, joint au procès-verbal d’enquête préliminaire, accablant un policier de la Brigade anticriminalité (Bac).

Le témoin, un jeune homme d’une vingtaine d’années, présent au bar au moment de l’interpellation d’Amadou Koumé, explique que entre 0 h 15 et 0 h 30, trois policiers (en civil) sont arrivés. Mais au moment où ces derniers lui demandent de sortir, Amadou Koumé résiste, mettant en doute le fait que ce soit de vrais policiers. La tentative de le maîtriser a duré assez longtemps, raconte le jeune homme. Il se débat sans donner de coups. Des renforts arrivent et la situation dégénère : « Il n’y a qu’un seul policier de la Bac qui est entré en courant et a crié : “mets-toi par terre, enculé !”, relate le témoin.
 
L’agent en civil a alors recours à une prise dangereuse, qui semble être une clé d’étranglement : il attrape l’individu par le cou “en plaçant son bras sous son menton et en le serrant contre son torse”. Le témoin décrit la scène : “Il s’est affaissé dans les bras des policiers et a commencé à suffoquer. L’agent de la Bac l’a accompagné dans sa chute en continuant de l’étrangler”. À terre, le policier aurait maintenu sa position d’étranglement pendant qu’Amadou Koumé “émettait des cris d’agonie et d’étouffement”. 
 
Amadou Koumé sort ensuite de lui-même du bar sous escorte. Le commissariat est situé à 3 minutes du bar. Et plus tard, le décès est constaté par le Samu à 2 h 30. Selon le rapport d’autopsie, le décès résulte  d’un “œdème pulmonaire survenu dans un contexte d’asphyxie et de traumatismes facial et cervical”. 
Adama Cisse