Criminalité au Sénégal : La vérité (partielle) des chiffres

Les rapports de la police et de la gendarmerie sont loquaces à propos de la criminalité au Sénégal, mais ils ne font pas le tour de la question. Le sujet comporte beaucoup d’interrogations sans réponses. Ce qui ouvre la porte à toutes les conjectures sur l’ampleur du mal, notamment dans ce contexte de fréquence des meurtres et assassinats. D’après les chiffres de la police, les interpellations d’individus sont en constante augmentation ces trois dernières années. De 36017 en 2014, elles sont passées à 36357 en 2015 avant de monter, en 2016, à 49951. Regain d’activités de la police ou hausse réelle de la délinquance ?

Le rapport annuel 2016 de la police d’où sont tirées ces chiffres ne permet pas d’apporter une réponse incontestable. Ce qui est sûr, d’après le point des activités de la police, c’est que, par rapport aux années passées, les motifs d’arrestations restent les mêmes en 2016 : vol à main armée avec violence, atteinte aux mœurs, viol sur mineurs de moins de 13 ans, etc. À propos de la criminalité, les chiffres de 2015 de la police donne un petit aperçu. En effet, sur les l’ensemble des arrestations de l’année dernière, 34 portent sur des affaires de crime, 40 sur des cambriolages et 190 sur des vols à main armée avec violence.

Les statistiques de la gendarmerie sont plus alarmantes en matière de crime. Celles-ci ont été publiées en 2009 et sont contenues dans un rapport dénommé « Statistiques descriptives ». Sud Quotidien les avait reprises en 2010. Elles disent qu’entre 2004 et 2009, la criminalité connut des hauts et des bas. Le pic a été enregistré en 2005 avec un total de 334 affaires traitées par les gendarmes. Le chiffre était de 126 en 2004. Il est retombé à 160 en 2006, pour s’enfoncer à 77 en 2008 avant de repartir à 160 en 2009. Les statistiques de 2007 ne sont pas disponibles dans le rapport de la gendarmerie.

En 2013, la police a relevé 66 crimes et 537 cas de coups et blessures volontaires. Chaque crime est un crime de trop, mais ces chiffres, aussi bien de la police que de la gendarmerie, ne permettent d’être formel sur une recrudescence de la criminalité au Sénégal. D’autant que le rapport d’activités de l’administration pénitentiaire de 2014 renseigne que le vol (34%) et le trafic de drogue (25,6%) sont les infractions qui conduisent le plus en prison.

(Source : Enquête)