Société

Cheikh Diop, secrétaire général de la CNTS/FC: " On doit vérifier la traçabilité de ce pétrole toxique"


Samedi 17 Septembre 2016

e secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal/ Forces du changement (Cnts/fc), Cheikh Diop demande aux autorités d’édifier les populations sur le carburant toxique et le cas échéant de réclamer une réparation. Dans cet entretien accordé à « L’As », Cheikh Diop revient sur la polémique entre l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye et Baba Diao. Pour lui, cette polémique a fini de révéler que Abdoul Mbaye défendait la position de la Banque mondiale qui était pour la fermeture de la Sar, alors que Baba Diao défendait la position des travailleurs.

«Nous avons appris avec beaucoup d’étonnement que le Sénégal a pu recevoir ce pétrole toxique qui affecte la santé des populations et même notre environnement parce que le processus de contrôle mis en place par la Sar est assez fiable. Donc en principe aucun carburant hors norme ne devrait entrer dans notre pays.

«DES PROBLEMES DE NORMES SE POSENT»

Il y a un décalage de nos normes par rapport à l’Europe. Aujourd’hui les normes de qualité que nous avons sont plus décalées par rapport à l’Europe. Cette situation fait que des fabricants en profitent pour écouler en Afrique des produits qu’ils ne peuvent pas se permettre de vendre en Europe. Il est temps de faire en sorte qu’il y ait des normes minimum au seuil duquel aucun produit ne puisse être fabriqué ou vendu au Sénégal. Si on laisse les fabricants agir à leur guise et livrer des produits avec de forts teneurs en souffre, je pense que cette situation pourra se reproduire à l’avenir.»

«LE SYSTEME DE CONTROLE DE LA SAR EST FIABLE…..»

Toutefois, nous pensons que le combat que nous avons mené pour le maintien de la Sar se justifie davantage au regard de ce problème. Le système de contrôle de la Sar est fiable. Je rappelle que lors de la Guerre des Malouines (Ndlr: Guerre entre la Grande Bretagne et l’Argentine), les forces armées britanniques avaient fait de Dakar leur base aérienne et consommaient des produits pétroliers sénégalais. Ce qui signifie que nos produits sont de qualité. Les Américains lors de leurs interventions militaires en Afrique, ils choisissent le Sénégal pour se ravitailler. Cela veut dire qu’ils font confiance aux laboratoires de la Sar. Aujourd’hui le Sénégal a un système de contrôle fiable. Comment ce produit est entré dans ce pays ? C’est la question qu’on est en train de se poser et qui mérite d’être édifié. L’Etat du Sénégal et les autres pays africains doivent se liguer pour éclaircir cette situation. On doit vérifier la traçabilité de ce pétrole toxique et démasquer ces fabricants pour obtenir des réparations. Parce que, nous syndicalistes, membres de la société civile et populations, nous devons être des remparts contre ceux qui considèrent l’Afrique comme une poubelle.»

« La Sar a toute la capacité de vérifier des produits toxiques. Maintenant, après la sortie de ce rapport, l’Etat doit plus s’impliquer pour apporter des clarifications pour qu’on sache exactement les tenants et les aboutissants de cette affaire. Si l’Etat estime que la Sar peut remplir cette mission tant mieux sinon il doit prendre toutes les dispositions pour que cette affaire soit tirée au clair.» «Au delà du pétrole, il faut que les gouvernements africains mettent l’accent sur le processus de contrôle des produits de consommation. Les pays du Nord exigent des matières premières de qualité alors qu’en retour, ils nous envoient des produits de basse qualité et de type africain. C’est une situation inacceptable.»

«LA POLEMIQUE SUR LE PETROLE CONTRIBUE A CONJURER LA MALEDICTION DU PETROLE»

«Nous pensons que le débat sur la transparence de nos ressources énergétiques est extrement important.. De ce point de vue, le débat est nécessaire pour conjurer la malédiction du pétrole. Si le débat s’installe et que chacun dit ce qu’il sait, les choses ne peuvent que mieux se porter. Abdoul Mbaye a interpellé l’Etat et nous attendons la finalité de la réponse de l’Etat. L’ancien Premier ministre a été aussi mis au défi de dire ce qu’il en sait. C’est important, il doit dire ce qu’il sait. Ce débat concourt à une prise en charge transparente du pétrole dans notre pays.»

«ABDOUL MBAYE DEFENDAIT LA MEME POSITION QUE LA BANQUE MONDIALE»

«Dans ce débat, il y a aussi une réponse de Baba Diao qui a permis de clarifier une situation pour nous syndicalistes et travailleurs. Il est avéré que Abdoul Mbaye défendait les mêmes positions que les bailleurs de fonds et des multinationales pour fermer la Sar. On s’est rendu compte dans les propos de Abdoul Mbaye qu’il défendait la même position que la Banque mondiale et que Baba Diao défendait la position des travailleurs qui nous paraissent la meilleure et la plus appropriée pour notre pays. Le but de la manœuvre était de fermer la Sar et de cantonner le Sénégal à un simple rôle d’exportateur simple de pétrole. Ainsi on aurait exporté des produits pétroliers bruts et importé des produits d’hydrocarbures contaminés.»

«ON DOIT ARRETER DE TIRER SUR LES NATIONAUX »

«Nous devons tous rester vigilants sur cette polémique aujourd’hui lors du dernier referendum, il y a un aspect qui prend en charge la gestion des ressources pétrolières et minières donc je crois qu’on doit aller vite pour voter une loi organique à l’Assemblée nationale pour rendre transparente toute cette question liée à l’exploitation pétrolière. Sur cette base je suis étonné de constater qu’on tire sur des nationaux. Pour la gestion des ressources pétrolières, on doit accorder une préférence au secteur privé sénégalais aujourd‘hui, notamment dans la distribution. Sur l’exploitation industrielle du pétrole, les multinationales doivent aussi travailler avec les entrepreneurs locaux. S’il y a des nationaux qui veulent s’engager dans ce secteur nous devons les soutenir et les encourager à investir dans ce secteur pour que cette manne ne revienne uniquement aux multinationales. Je pense qu’un Baba Diao, un Yérim Sow etc. doivent s’impliquer soit dans l’exploitation ou dans des partenariats pour exploiter ces ressources. On doit cesser de tirer sur eux».
LAS



Abdoul Aziz Diop