Cérémonie Oscars 2016 :Tout ce qu'il faut retenir

Lundi 29 Février 2016

Vous avez loupé la 88e cérémonie des Oscars ? Brie Larson meilleure actrice, Stallone oublié, Morricone enfin récompensé... Le Point Pop vous dit tout.


Spotlight meilleur film et meilleur scénario original

On pensait que The Revenant avait définitivement pris l'ascendant. Mais l'outsiderSpotlight , encensé par la critique américaine (et dont Le Point était partenaire), a remporté l'oscar du meilleur film. Moins brillant et clinquant sur la forme, mais bien plus consistant sur le fond, le long-métrage de Tom McCarthy, également récompensé pour son scénario original, est une lettre d'amour au journalisme d'investigation. Il revient sur l'un des hauts faits de la presse anglo-saxonne : l'enquête en 2001 du Boston Globes sur les prêtres pédophiles, qui débouchera sur un scandale planétaire. Avec un casting trois étoiles (Michael Keaton, Mark Ruffalo,Rachel McAdams), mais dénué de tout sensationnalisme, Spotlight montre essentiellement des journalistes mal habillés mangeant de la junk food à leur bureau, passant des coups de fil ou fouillant dans les archives. Le résultat n'a pourtant rien à envier aux meilleurs thrillers. C'est David Simon, créateur de la sérieThe Wire et ancien reporter au Baltimore Sun, qui a eu la critique la plus éloquente : « Du porno pour journalistes ! »


DiCaprio couronné comme prévu

Avec ses douze nominations, on pensait que le film d'Iñárritu allait écraser la soirée. Mais il ne repart finalement qu'avec trois statuettes. Leonardo DiCaprio  décroche comme prévu son premier oscar en cinq tentatives depuis Gilbert Grape (il avait alors dix-neuf ans). On retiendra qu'il lui aura fallu (attention spoilers) avoir une relation torride avec un ours, manger du foie de bison, sauter d'une falaise et passer la nuit dans les entrailles d'un cheval pour enfin décrocher le Graal. Belle abnégation ! Alejandro Iñárritu signe le doublé en tant que meilleur réalisateur aprèsBirdman l'année dernière, rejoignant John Ford et Joseph Mankiewicz. Son compatriote et ami, le virtuose Emmanuel Lubezki, fait encore mieux en remportant pour la troisième année consécutive l'oscar de la meilleure photographie (aprèsBirdman et Gravity). Ce qui n'empêche pas, en France du moins, The Revenant de diviser profondément la critique : véritable trip sensoriel fruit d'un tournage dantesque dans le Grand Nord, ou simple « survival » un peu creux ? L'histoire jugera.


mais Stallone oublié

Pas K.-O., mais presque ! Grand favori dans la catégorie meilleur second rôle pour son 7e film sous les traits du légendaire boxeur Rocky Balboa, Sylvester Stallone était bien parti pour remporter, lui aussi, son premier oscar. Mais le destin hollywoodien en a voulu autrement et « Sly » a dû ronger son frein tandis que Mark Rylance (Le Pont des espions) montait sur scène pour récupérer la statuette.
 

Malgré la déception affichée de « l'étalon italien », il peut compter sur son grand ami de toujours, Arnold Schwarzenegger. Ce dernier s'est exprimé à travers une courte vidéo postée sur son compte Twitter, où il console Stallone par ces mots : « Pour moi, tu es le meilleur. Peu importe ce que les autres disent. » Sympa, le Schwarzi !
Morricone : l'injustice réparée

Cette cérémonie aura permis de mettre un terme à l'une des plus grandes aberrations de l'histoire de l'Académie : Ennio Morricone, qui n'avait reçu qu'un oscar d'honneur en 2007 pour l'ensemble de sa carrière, décroche enfin une « vraie » statuette à 87 ans. « Une bonne musique ne sauvera jamais un mauvais film », a pour habitude de dire le maestro romain. Mais avec sa partition tirant plus vers le film d'horreur que le western, Morricone apporte une tension bienvenue à l'interminable Huit Salopards de Quentin Tarantino. Son confrère John Williams repart, lui, bredouille, à l'image de Star Wars qui n'avait pas besoin des oscars pour obtenir un box-office intergalactique.
Le monopole Disney 

Après Rebelle (2013), La Reine des neiges (2014) et L es Nouveaux Héros (2015), c'est au tour de Vice-Versa (de Pete Docter et Ronaldo Del Carmen), le dernier-né des studios Disney-Pixar, de rafler l'oscar du meilleur film d'animation. C'est la quatrième victoire consécutive pour Disney et la preuve de la réussite totale de John Lasseter qui a sauvé le studio du naufrage.

 
Mad Max : consécration ou lot de consolation ?

Si l'on se base sur les chiffres, le film fou furieux de George Miller est le grand gagnant de la soirée avec six statuettes cumulées. Mais ce record n'est qu'une illusion : en réalité, Mad Max : Fury Road a été récompensé uniquement dans les catégories techniques : meilleur mixage, meilleur montage sonore, meilleur montage, meilleurs costumes, meilleurs maquillages, meilleurs décors. Autant de victoires largement méritées, mais qui illustrent une fâcheuse habitude de l'Académie des Oscars qui semble estimer que les blockbusters grand public n'ont pas droit aux prix « importants ». George Miller était pourtant le grand favori et n'aurait pas démérité face à Alejandro Iñárritu, déjà récompensé l'an dernier. Quand on a 70 ans et qu'on est encore capable de révolutionner le cinéma, ne mérite-t-on pas davantage de considération ?

LEPOINT

 

Abdoul Aziz Diop