CONTENTIEUX DEVANT LES TRIBUNAUX: COMMENT LA SGBS A FAIT MAIN BASSE SUR LES IMMEUBLES D’ANCIENS GROS CLIENTS

Mercredi 18 Mai 2016

Y a-t-il un haut risque à être partenaire privilégié de la Sgbs ? Les dirigeants des sociétés Sipl, Sci and jubbo, Amadou Moctar SOW et Jamil Tarraf Koujock, de même que le Libanais Zoheir Wazni vont sans hésitation répondre par l’affirmative à cette question.

Le contentieux entre la Société industrielle des produits laitiers (Sipl) et la Société générale des banques du Sénégal (Sgbs), qui dure depuis plus de 20 ans, est loin de connaître son épilogue. La dernière décision rendue par la Cour qui a alloué 38 milliards de Fcfa à la Sipl, remonte à 2015, mais devant l’impossibilité d’obtenir le jugement, la partie civile ne peut faire exécuter la décision.

La Sipl, dirigée par Amadou Moctar Sow, qui a démarré ses activités en 1960, a ouvert la première usine de lait concentré en Afrique noire, en 1972. Deux ans plus tard, la multinationale Nestlé lui emboîte le pas et ouvre une usine au Sénégal. La concurrence sera rude. Membre du conseil d’administration de la Sipl, la Sgbs, qui gère les comptes de la société laitière de Amadou Moctar Sow, suite à un prêt de 300 millions que la Sipl dit avoir remboursé, décide de liquider un immeuble de l’entreprise, d’une valeur de 1,7 milliard, adjugé à 50 millions de Fcfa et vendu à la Sci And Jubbo, appartenant au Libanais Tarraf Koujock à 180 millions de Fcfa. C’est le début des difficultés financières pour la Sipl.

En 1999, la Cour de cassation annule l’adjudication, mais la banque refuse de s’exécuter et continue sur cette lancée jusqu’en 2015, pour arguer qu’il y a prescription. En ce qui concerne Zoheir Wazni, le 13 avril, la Sgbs et la Banque Atlantique ont saisi et mis en vente les terrains de l’homme d’affaires abritant les usines Siparco Sa et Siplast, vendus respectivement à 1,2 milliard de Fcfa et 602 millions de Fcfa, alors que, selon l’expert, ils valent 4,5 et 2,4 milliards de Fcfa.

Dans le domaine des banques, les plus fidèles clients peuvent devenir les premières têtes à couper, du jour au lendemain. Curieusement, la Sci And Jubbo, à qui la banque avait vendu l’immeuble de la Sipl, est actuellement devant les tribunaux avec la banque. L’affaire a été plaidée le 3 mars 2016 et mise en délibéré pour demain. Les faits sont partis d’un prêt de 2 milliards 850 millions de Fcfa de And Jubbo qui avait hypothéqué un immeuble d’une superficie de 11.152 m2 sur la route de Rufisque, à hauteur de 3 milliards de Fcfa. Au final, le crédit n’a pas été mis en place, selon la version de And Jubbo, ce qui n’a pas empêché la banque de mettre la main sur le terrain. And Jubbo a donc poursuivi la Sgbs pour faux et usage de faux. Cette dernière, estimant son image ternie, s’est retournée contre l’entreprise pour procédure abusive et réclame 5 milliards de Fcfa. La messe sera dite demain.
LAS


Abdoul Aziz Diop