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Economie

CONSTAT: «Nous sommes dans une situation financière extrêmement difficile» Meissa BABOU, économiste


Mardi 20 Mars 2018

L'économiste, Meissa Babou, trouve que l'Etat du Sénégal a bien fait de souscrire à des emprunts obligataires


CONSTAT: «Nous sommes dans une situation financière extrêmement difficile» Meissa BABOU, économiste

L’économiste sénégalais Meissa Babou trouve que les emprunts obligataires contractés par le Sénégal sur le marché financier international est nécessaire dans la mesure où le pays se trouve dans une «situation financière extrêmement difficile».

«Le Sénégal actuellement est endetté. La Banque mondiale l’a confirmé même si on dit que cet endettement est gérable tant que le taux de croissance est maintenu. Ce dernier Eurobond est en fait  lié un peu aux recettes du pétrole. C’est deux  emprunts de 10 ans et 30 ans  qui sont donc directement connectées à l’exploitation du pétrole  d’après le député Mamadou Lamine Diallo qui en avait fait la révélation.

Cet endettement est aujourd’hui nécessaire parce que le Sénégal est dans une situation financière extrêmement difficile. La preuve, on note partout des grèves. Le tissu social  bouillonne parce qu’il  y a un réel problème de trésorerie. Parce que  simplement  l’endettement qui est très élevé n’a pas été bien géré. On a préféré des projets faramineux à la véritable réponse aux besoins des populations. On n’a même pas réglé les problèmes de la couverture maladie universelle. La scolarité des étudiants qui sont dans les écoles privées n’a pas été payée. C’est une situation délicate malgré l’emprunt élevé. Ce qui veut dire qu’on n’a pas mis les moyens là où les sénégalais attendaient des améliorations. Aujourd’hui coincé par ces dépenses de fonctionnement  exorbitantes  comme  le HCCT (Haut Conseil des Collectivités Territoriales), les salaires des femmes des ambassadeurs, les bourses familiales qui ne répondent absolument à rien du tout.

Finalement pour financer ces dépenses de fonctionnement  et ces projets d’infrastructures, il fallait trouver le moyen de pouvoir gérer, au moins d’ici les élections, certains projets et de faire face à certaines dépenses. Ainsi, ils ont allé prendre un Eurobond de 1500 milliards de francs sans nous donner des indications très claires sur  la situation de ces fonds».

«La croissance est extravertie parce que les bénéfices sont rapatriés»

La croissance est le bénéfice des différentes entreprises de tous les secteurs. Et si on fait l’addition, on se rend compte que l’agriculture, la pêche et  l’élevage, des secteurs où on retrouve environ 70% des sénégalais ne comptent pas pour plus de 15 à 20% dans  le taux de croissance. Cela veut dire que presque les 75% sont engendrés par des activités comme les télécoms, le ciment, les mines. Finalement cette croissance est extravertie parce que les bénéfices sont rapatriés. Et la conséquence de cela, c’est qu’il n’y a pas de réinvestissement de cette croissance dans ce pays. C’est pourquoi, il n’y a pas de création d’emplois. Quand une croissance n’engendre même pas de stages, c’est qu’elle ne sert absolument à rien du tout. C’est beaucoup plus pour nous appauvrir et prendre notre porte monnaie et l’amener à l’étranger. Ce qui ne peut pas avoir de répercussion sur le panier de la ménagère. Et le gouvernement au lieu de s’attaquer aux secteurs de développement comme l’agriculture,  en mettant les moyens sur l’autosuffisance alimentaire a préféré investir dans un TER, dans une Francophonie, dans un stade de lutte, dans une Autoroute  Ila Touba qui n’a aucun sens. Ce sont ces mauvais choix qui font que notre économie est possédée. Malheureusement, nous n’avons pas au Sénégal de patronat capable même de tenir des supermarchés. Même les grands restaurants sont entre les mains des étrangers. Donc, personne ne gagne dans cette croissance si ce n’est le capital étranger. Ce qui est vraiment déplorable. Pour  réorienter les choix économiques, il  faut que les gouvernements investissent dans les secteurs porteurs de social comme l’agriculture et la pêche parce que les sénégalais s’activent dans ces domaines».

SUD QUOTIDIEN




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