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CHRONIQUE: Salon de lynchage ou salon de massage-Par Alioune NDIAYE


Vendredi 29 Juin 2018

Salon de lynchage ou salon de massage ? La presse quotidienne de ce matin va à la fois sévir et servir. Que voulez-vous ? C’est la saison du vague à l’âme, des gueules de bois et des mines renfrognées. Pour une histoire de deux biscotes, le Sénégal sort de la Coupe du monde russe. Avouons que pour une élimination, il y a moins glorieux. Mais il y a dans ce pays une tradition médiatique bien ancrée. Quand on perd, on lynche. Quand on gagne, on masse. Peu importe la circonstance, la girouette danse.

Pour une fois cependant, osons demander. Demandons une bien bonne dérogation. Massons les vaincus ! Il y va des intérêts supérieurs de notre football, de ses amoureux. Les vrais, je veux dire. Nous savons tous que les transports en commun sont des moments d’amalgame, de mélange, d’approximations et de clichés. Des drapeaux partout, des supporters nettoie-tout. Ce patriotisme de récréation et ce civisme à l’exportation sont d’une grande perplexité. Mais il y a un malheur avec les gens excessifs. Ils ne connaissent que l’excès. Dans l’amour comme dans le désamour, ils outrepassent la mesure. On risque donc de jeter le bébé, l’eau du bain et démonter le robinet.

Il suffit de parcourir les rues du Dakar déçu pour s’en rendre compte. Les salons de lynchage ont ouvert. On chicote à qui mieux mieux. Et de parfaits amateurs trouvent à de grands professionnels des défauts pour le moins pendables. La démocratie a son revers. Tout le monde a le droit de discuter de tout. Et c’est bien ainsi. Mais je préfère 15 millions de supporters constants à cette foule d’approximateurs déchaînés. Excusez le néologisme.

Pendant cette coupe du monde, les Lions ont joué. Ils ont bien joué. Avec leurs moyens, bien sûr. Bien sûr, on peut épiloguer sur les choix du sélectionneur. Pourquoi des profils identiques aux postes identiques ? Mais à défaut d’un projet de jeu, le sélectionneur et son staff ont proposé des plans de jeu cohérents. Ils m’ont séduit et bluffé par moments. Les diagnostics étaient justes. Les remèdes pouvaient être efficaces. Il a manqué un défaut de placement par-ci, un grain de lucidité par là. Sur l’ensemble de l’œuvre cependant, de réels motifs de satisfaction subsistent. Tactiquement, le match contre la Pologne a été bien géré. Contre le Japon, il fallait un peu plus de maîtrise, Pape Alioune Ndiaye a été lancé. C’était pour faire la transition milieu-attaque. Contre la Colombie, les choix de Diao Baldé et de Lamine Gassama ont été pertinents. Mais que voulez-vous ? Entretemps, les Samouraïs bleus avaient perdu le goût du hara-kiri.



Par moments, nous sommes capricieux. La providence nous câline souvent. Ecoutez, cette participation à la Coupe du monde, nous la devons pour beaucoup à la France. Comment ? Vous voulez savoir comment ? La moitié des titulaires sont des binationaux. Certains ont même joué pour les Bleus en petites catégories. Ils ont été formés dans le cadre d’une politique sportive définie par les Français pour sévir les intérêts de la France. Même Sadio Mané, le leader technique du groupe, doit sa formation à Génération foot, une succursale du Football Club de Metz. L’Académie Aspire, qui a sorti Moussa Wagué, est un projet qatari. Et nous, qu’avons-nous fait ? Qu’avons-nous fait pour mériter cette place en huitième de finale de coupe du monde ? Khadim Ndiaye ? Heureusement que l’académie Diambar est passée pour sauver l’honneur. Même si on sait que sans les moyens d’un Patrick Vieira, un tel projet aurait difficilement prospéré. Aujourd’hui comme hier, travaillons d’abord ! Avec un sens plus juste de la priorité.

Le Sénégal doit chercher à gagner la Coupe d’Afrique. Il en a les moyens. Notre prestation dans cette Coupe du monde l’atteste. Gagner une Can est largement à notre portée. La génération 2002 avait plus de chance et peut-être même un peu plus de talent, mais les destins se forgent dans l’épreuve. C’est au crépuscule de leur carrière que la génération de 2002 a connu le graal d’une finale de Can et le nirvana d’un quart de finale de Coupe du monde. Sadio et sa bande ont encore deux Can en perspective. Et la vérité du mois de juin 2018 n’est pas celle de juin 2019.

Aliou Ndiaye





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