Baba Hamdy Diawara à cœur ouvert : «Ma relation avec Viviane est strictement professionnelle…»

Mardi 9 Février 2016

Personnalité du show-biz sénégalais, il est d’abord connu pour être ce virtuose de la mélodie, à travers ses arrangements et ses compositions musicales. Baba Hamdy est aussi un personnage très controversé. Ambitieux pour certains, trop prétentieux pour d’autres, le patron de «1000 Mélodies» est très souvent au-devant de la scène. Pour L’Obs, il revient sur les derniers épisodes qui ont émaillé sa vie, sa carrière. Son dernier album, sa relation avec Viviane Chidid, tout y passe…


 

Vous vous apprêtez à mettre sur le marché un nouvel album. Pouvez-vous nous en parler ?

Effectivement, je suis en plein dans les préparatifs. L’album qui sera bientôt dans les bacs, sera différent des autres. Cette fois-ci, j’ai délaissé un peu le Jazz au profit de l’acoustique. J’ai également fait appel à un ami (Thierno Sarr) pour l’arrangement, histoire d’avoir une nouvelle touche. Les paroles sont en Wolof, alors que d’habitude, je chante en Anglais. Les textes parlent de la vie en général. Ce sera mon 2e opus dans lequel je chante, après «Never say never» (ne jamais dire jamais). J’ai deux autres albums à mon actif, mais il n’y a pas de voix, juste des instruments. Dans le premier, j’ai rendu hommage à Youssou Ndour («You Mélodies»), le second à Omar Pène («Pène Mélodies»).

 

Comment se porte votre carrière musicale ? On dirait que vous ne vous produisez pas souvent comme les autres artistes ?

Auparavant, je me produisais beaucoup dans des soirées privées pour des entreprises ou dans des clubs. Toutefois, j’ai tendance à le faire de moins en moins, faute de temps. Mes productions musicales, me prennent énormément de temps. Et comme je l’ai toujours dit, s’occuper de la carrière de Viviane Chidid n’est pas une mince affaire. Du coup, j’étais dans l’obligation de lui accorder un intérêt particulier et donc de mon temps. Ce n’est pas trop évident d’allier les deux.

 

Vous avez certainement votre public, mais tout le monde n’est pas d’avis que vous auriez dû prendre le micro. Beaucoup pensent que vous n’avez pas la voix et que vous auriez dû vous limiter aux instruments ? 

Avant de me lancer dans la chanson, j’ai toujours pensé que je n’allais jamais chanter. Mais, j’ai compris par la suite qu’il ne fallait jamais dire jamais, d’où le nom de mon premier produit, «Never say never). La vie nous réserve parfois des surprises. Lorsque j’ai pris le micro, j’ai entendu toutes sortes de critiques. Toutefois, j’ai pris les choses avec philosophie et j’ai moi-même fait mon autocritique. Il est vrai que j’ai perdu une bonne partie de mon public avec mon entrée en matière. Ceux qui me suivaient étaient plus attirés par le style Jazzy. Heureusement que j’avais fait un double disque, dont l’un était exclusivement instrumental. En même temps, j’ai gagné un nouveau public, plus jeune. Je pense que lorsqu’on est artiste, on ne doit pas se cantonner à un seul style. On doit essayer plusieurs choses, peut importe si l’on se casse la figure. De toute manière, les gens adorent apporter des jugements à la hâte. Toujours est-il que je suis le premier à reconnaître mes erreurs. Même mon entourage immédiat me critique. Je sais que je ne suis pas chanteur à la base, mais je peux travailler ma voix et m’améliorer. C’est en forgeant qu’on devient forgeron. D’ailleurs, j’ai attrapé le virus en essayant les chansons des artistes qui me sollicitent souvent pour leurs arrangements. Je sais que je n’ai pas une belle voix, mais je sais chanter et je vais gagner des distinctions.

 

Vous vous êtes un peu mis en retrait pour gérer la carrière de Viviane Chidid. D’après certaines indiscrétions, votre collaboration n’est plus d’actualité ?

Ce ne sont que des commérages. Viviane et moi travaillons toujours ensemble. Elle est bien à «1000 Mélodies».

 

Vous êtes donc toujours son producteur ?

Les gens confondent les termes. Je n’ai jamais été son producteur. Viviane n’a qu’un seul producteur, celui avec qui elle a signé un contrat et c’est Jerry Wonder. En revanche, dans l’album qu’elle a enregistré avec celui-ci, j’y ai collaboré. Je suis en quelque sorte son compositeur, arrangeur. Au Sénégal, les gens adorent spéculer sur des sujets qu’ils ne maîtrisent pas, jusqu’à créer des amalgames.

 

Qu’en est-il des rumeurs qui vous prêtent une idylle ?

Je ne vais pas débattre sur ça. Cela n’a pas d’importance. Je ne peux pas empêcher les rumeurs de circuler. Avant Viviane, on m’a prêté une idylle avec Adiouza et Aïda Samb. Ce n’est pas demain la veille que ça va s’arrêter…

 

Que se passe-t-il entre Viviane et vous ?

Viviane est ma sœur, mon amie. On travaille ensemble et c’est une personne qui m’a confié beaucoup de responsabilités dans sa carrière. Tout ce qui est dit d’autre, n’est que mensonge.

 

Votre relation ne dépasse pas le cadre professionnel ?

Notre relation est strictement professionnelle…

 

Vous n’avez jamais été mariés ?

Nous n’avons jamais été mariés…

 

Pourtant beaucoup de détails ont filtré sur votre probable mariage. A maintes reprises, on a fait état de voyages, entre autres…

Ce sont des histoires montées de toutes pièces. C’est le monde du show-biz, je ne peux pas contrôler les «on dit…».

 

Mais, il n’y a pas de fumée sans feu…

C’est une bonne sœur à moi et rien d’autre.

 

Vous êtes formel ?

Absolument !

 

Pourquoi n’avez-vous pas démenti tout cela ?

Je n’ai jamais réagi à toutes ces histoires. Mon éducation ne me permet pas de répondre à tout ce qui se dit sur moi. Je ne fonctionne pas ainsi. Il m’arrive de taper sur la table et de remettre les points sur les «i», mais je ne vais jamais m’attarder sur des détails.

 

C’est donc un détail pour vous, lorsqu’on parle de «Bara Yeggo», entre vous ?

C’est un détail qui me fait même sourire. Dès l’instant qu’on est célèbre, il faut s’attendre à tout. Je n’y peux rien. Honnêtement, quand j’entends certaines choses qui se disent sur nous, ça me fait rire.

 

Est-ce que, quelque part, toute cette polémique ne vous arrange pas ! Elle vous permet d’exister dans les médias…

Dans ce cas, j’aurais entretenu la polémique en réagissant à chaque fois qu’il se dit une chose sur moi.

 

Le fait de ne pas confirmer ou infirmer les informations qui circulent sur vous, c’est aussi une manière d’entretenir la polémique…

Je n’ai pas besoin d’installer des polémiques pour exister. Cela n’a aucun sens. Moi, je me suis fait tout seul, je ne suis pas «fils de…» ou «frère de…», comme certains. Je suis un «self made man», parti de zéro. Grâce à mon travail, je suis reconnu et respecté par mes pairs. Je suis ce musicien parmi tant d’autres, mais qui est très estimé dans sa corporation. J’ai mis sur pied beaucoup de projets avec mes propres moyens, j’ai toujours osé entreprendre. Il faut vraiment être injuste pour ne pas reconnaître mon talent et mon mérite.

 

«Je porte plusieurs casquettes et je dérange…»

 

Il y a également eu l’épisode de vos panneaux publicitaires sabotés. Comment l’avez-vous vécu et avez-vous une idée des personnes qui sont derrière ?

Je sais que le pire va arriver. Des panneaux publicitaires sabotés, je n’avais l’habitude de voir cela que pendant des élections. Ce n’était pas facile pour moi, mais j’ai accusé le coup. En fait, je ne savais pas que je dérangeais autant. J’ai choisi cette voie et je suis obligé d’en supporter les embûches. J’aurais pu être ce vendeur d’oranges à l’angle de la rue et rien n’aurait jamais circulé à mon propos. Je serais pénard dans mon coin et je n’aurais jamais d’ennuis. Le revers de la médaille, quand on est célèbre, c’est cela. Je m’y suis préparé psychologiquement et j’essaie toujours de faire face quoi qu’il arrive. Dieu merci, dans ce que je fais, je ne suis pas le dernier. Je touche du bois, je parviens toujours à satisfaire les artistes qui me sollicitent.

 

L’album «Rétaane» de Viviane ne fait pas l’unanimité. D’aucuns disent qu’on a connu mieux, venant d’elle ?

Je porte plusieurs casquettes et je sais que je dérange. Il y aura tout le temps des saboteurs. L’album «Rétaane» fait partie des meilleurs albums de Viviane. La preuve, sur Youtube, l’un des titres de l’album «Naxma», comptabilise le plus de vues, après «Sant Yalla» de Wally Seck. Maintenant, si quelqu’un a envie de saboter, on ne peut pas l’en empêcher.

 

En parlant de Wally Seck, vous avez dernièrement publié une lettre ouverte, dans laquelle, vous demandez aux Sénégalais d’oublier l’épisode des sacs à main et de passer à autres choses… 

Effectivement ! Je pense qu’il n’y pas lieu de faire de l’affaire des sacs à main un débat national. Wally a tort sur toute la ligne, mais je pense qu’il aurait fallu lui parler pour essayer de le raisonner, plutôt que de tirer sur lui à tout bout de champs. Pendant ce temps, dans ce pays, il y a tellement de choses qui méritent d’être soulignées et on n’en pipe pas mot. Il faut aussi comprendre que Wally est bien plus qu’une star, c’est un phénomène. C’est un gosse qui a du talent, de l’avenir et il est en train de travailler pour amener loin la musique sénégalaise. Il faut l’encourager dans ce sens.

Abdoul Aziz Diop