Economie

Autosuffisance en riz au Sénégal horizon 2017: 900 000 T de riz paddy produit en 2015


Lundi 1 Février 2016

Au compte de l’année 2015, la production pour la variété de riz paddy est estimée à 900 000 tonnes, dont le record viendrait de la région sud (Sodagri) avec plus de 500 000 tonnes et du Nord (Saed) où la production est estimée à 438.337 tonnes, soit environ 32,14 % des besoins du pays. Ces résultats records suscitent l’appétit des agriculteurs et laissent croire aux autorités que l’autosuffisance sera atteinte avant 2018. Dans ce dossier, Sud Quotidien propose le regard des acteurs.


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Le lundi 2 février 2015 se tenait au palais de la République, le conseil présidentiel sur les mesures de consolidation des acquis du programme national de l’’autosuffisance en riz (Pnar) horizon 2017. Au cours de ce conseil, le Président Macky Sall estimait que «l’autosuffisance du Sénégal en riz à l’horizon 2017 est un challenge largement à notre portée si toutes les parties prenantes s’engagent dans la même direction et s’il y a une synergie de tous nos efforts». A la suite de ce conseil présidentiel, il y aura des visites économiques dans le nord (Saint-Louis, Matam) et le sud du pays (Tambacounda dans la vallée d’Anambé). Dans ces deux poumons verts le l’Etat, Macky Sall a réitéré sa volonté de voir le Sénégal atteindre son autosuffisance en riz en 2017. 

Dans la région nord, où le Président Sall a passé 5 jours, aux termes desquels il s’est dit convaincu que le Sénégal est dans une dynamique qui lui permettra d’assurer son autosuffisance en riz, en 2017. «Je suis rassuré que cette autosuffisance fixée par l’Etat du Sénégal de réaliser une production de 1.600.000 tonnes de riz paddy, en 2017 peut être bel et bien atteinte», avait-il rassuré. C’est possible ! a-t-il poursuivi «Je suis convaincu que le riz cultivé au Sénégal pourrait non seulement aider à atteindre l’autosuffisance, mais même faire l’objet d’une exportation, si on y met les moyens. Il suffit d’exploiter toutes ces potentialités, pour changer la physionomie agricole de notre pays».

Au Sud du pays, au cours d’un forum avec les producteurs de l’Anambé, le Chef de l’Etat dira: «Nous l’avons dit. Notre objectif est d’atteindre l’autosuffisance en riz en 2017 et ce sera fait. Parce que nous savons la démarche. Nous connaissons les ingrédients qu’il faut mettre ensemble».

Adresse à la nation
Dans son adresse à la nation du 31 décembre 2015, le chef de l’Etat s’est réjoui des efforts consentis par son gouvernement  dans la modernisation de l’agriculture. Lesquels efforts ont donné d’importants résultats. Ainsi, selon lui, «la production du riz paddy a augmenté de 64%, passant ainsi de 559000 à 917 371 tonnes ». 

L’apport du Saed
Pour l’année 2015, «la production de riz a atteint 438.337 tonnes pour la variété de riz paddy, ce qui couvre 32,14 % des besoins du pays», a dit lundi 25 janvier 2016, Seyni Ndao, directeur général adjoint de la Saed, lors d’une cérémonie de présentation des vœux. Les surfaces cultivées devraient passer de 130.377 hectares en 2015 à 136.777 hectares en 2016, affirme-t-il.

Les investissements d’environ 176 milliards de francs CFA devraient permettre, dans un premier temps, d’atteindre l’objectif de production de 745.000 tonnes de riz en 2016. «Ces choix stratégiques sont importants en ce qui concerne le programme d’autosuffisance en riz en 2017, pour lequel tous s’accordent à dire que 2016 est une année charnière, l’année de la confirmation de la pertinence des choix et du réalisme des objectifs», a souligné M. Ndao.

Son supérieur hiérarchique, Samba Kanté dira : «Nous avons posé les conditions d’un strict respect du calendrier cultural et prévenu les risques liés aux aléas, comme l’hivernage précoce ou l’abondance des pluies».
Le Président Macky Sall dit vouloir rendre le Sénégal autosuffisant en riz avant 2018, avec une production moyenne de 1,8 million de tonnes par an.

Le pays dépend largement des importations pour couvrir ses besoins en riz, l’une des céréales les plus prisées au Sénégal.
Selon le gouvernement, l’atteinte de cet objectif permettrait au pays de diminuer, voire arrêter les importations de riz. Elle devrait permettre aux riziculteurs locaux de tirer profit des 200 milliards de francs CFA de chiffre d’affaires générés annuellement par la production rizicole. L’atteinte de cet objectif exige une mobilisation sans précédent de ressources financières, un plan d’aménagement des terres et d’accroissement des surfaces cultivables, mais aussi la mécanisation de la production de riz, selon les autorités sénégalaises.
Pour cette année, les récoltes en riz ont atteint un record de 900 000 tonnes de riz paddy entre la zone nord où s’active la Saed et la zone sud avec la Sodagri, dont la production dépasse les 500 000 tonnes. Dans un reportage réalisé par la Rts, les acteurs ont salué cette prouesse. 

La touche Sodagri
Pour directeur général de la Société de développement agricole et industriel (Sodagri), Moussa Baldé, le ministre de l’agriculture, Pape Abdoulaye Seck, «a apporté des ruptures dans son programme dénommé Programme de relance et d’accélération de la cadence de l’agriculture sénégalaise (Pracas), dont le volet rizicole consistant, en priorité, à redéfinir les zones de production (recadrage) pour ainsi voir la contribution de chaque zone. Et dans ce recadrage, il a donné plus de contribution aux zones pluviales. En effet, avant, le programme d’autosuffisance en riz tablé sur le fait que 60% de la production de riz devaient venir de la vallée du fleuve Sénégal et 40% seulement des zones pluviales. Alors cette année, la zone pluviale a donné 52% de la production. Par conséquent, nous sommes dans la bonne voie. Et je pense que l’année prochaine, si l’on a une bonne saison pluviale, on pourrait faire des bonds beaucoup plus importants», a dit le Dg dans l’émission le Point de la Rts, du 13 janvier dernier. 

«Nous avons réussi ce record, grâce au concours du Programme d’appui à la petite irrigation locale (Papil), et le Programme d’appui au développement agricole et à l’entreprenariat rural (Padaer). Partout dans la région de Kolda, les gens ont cultivé du riz, dans les maisons, les champs, et ça beaucoup donné. Le chef de l’Etat nous a demandé de s’étendre sur tout le sud», a-t-il fait savoir. Selon M. Baldé: «Dans l’atteinte de cet objectif, pour cette année, nous allons emblaver 5000 hectares, de façon à pouvoir cultiver même s’il y a retard de pluie. Avec 3 tracteurs nous avons emblavé 1500 hectares. Et pour cette année, nous allons acquérir au moins 10 tracteurs. Donc, nous espérons faire mieux».

ISSA BALDE, PRESIDENT DE L’UNION DES PRODUCTEURS SECTEUR 5 ANAMBE : «Nous sommes satisfaits»

Les riziculteurs de la vallée d’Anambé pensent que l’autosuffisance en riz horizon 2017 est déjà atteinte, du moins, selon Issa Baldé, président de l’union des producteurs secteur 5 de la vallée d’Anambé, basé à Dialakégni, dans la commune de Kandia, qui compte au total 54 groupements d’intérêt économique (Gie), essentiellement mixtes

«Nous sommes satisfaits de l’option prise par les autorités en matière de production de riz pour l’atteinte de l’autosuffisance en 2017. Nous avons de l’eau, des terres, la volonté, mais nous avons des problèmes de moyens. Cette année, j’ai vu des parcelles qui ont donné jusqu’à 9 tonnes à l’hectare. C’est dire tout l’engagement et la volonté des agriculteurs à produire mieux et plus pour se nourrir et nourrir une personne, voire plus. Cette année nous avons eu une production. Donc cela nous rassure par rapport à l’atteinte des objectifs pour la région de Kolda. Lesquels objectifs seront atteints, à la condition que toutes parties prenantes du Sénégal produise comme l’a fait le bassin de l’Anambé cette année et dans les années à venir.

Pour moi, nous y sommes déjà. Si on continue dans cette dynamique avant même 2017, on atteindra les objectifs, c’est-à-dire se nourrir et faire nourrir les autres Sénégalais sans qu’on importe du riz  d’Asie ou ailleurs dans le monde. Cela, je peux le confirmer au niveau de la région de Kolda et principalement dans le bassin de L’Anambé

Au sujet des moyens
Ici, nous sommes sur la bonne voie, à moins que l’Etat change sa politique à ce niveau. Actuellement, on travaille en partenariat avec la Cncr qui nous donne un crédit à notre demande.  Si le crédit est là et que la mécanisation commencée par l’Etat continue, le tout accompagné d’un bon  circuit de commercialisation, je vous assure qu’il n’y aura pas de problèmes à ce niveau. Depuis que la politique de l’Etat est déclenchée, les gens se sont engagés fermement à la production de riz. Les populations ont aimé la culture du riz  c’est pourquoi ils sont allés en masse dans les périmètres.

Quid de l’accès à la terre ?
Par exemple: Il y avait une demande de 3000 ha sur un potentiel presque de 700 ha, ce qui nous a posé beaucoup de problèmes pour répondre à la demande des producteurs  en terres. Il y a beaucoup de facteurs qui interviennent dans la production. Parmi lesquels la subvention de l’Etat pour l’octroie des tracteurs, la mécanisation, les entrants, et la formation. 

Inadaptation du matériel
 Ce que l’on a un peu déploré,  c’est que le matériel n’est pas adéquat à notre terre parce que les tracteurs sont de petites calibres de trois cylindres qui ne peuvent pas vraiment faire le travail du sol, même en contre saison,  on ne pouvait pas labourer. 
Vraiment, nous disons un grand merci au chef de l’Etat, pour cette bonne initiative. Moi, personnellement, depuis 10 ans,  je ne mange que ce que je produis. Et la grande majorité de la population de Kolda mange ce riz. Aujourd’hui, nous sommes prêts à réélire le chef de l’Etat pour nous avoir conscientisés et accompagnés.

ALIOUNE GUEYE, MEMBRE DU CNCR PRODUCTEUR DANS LA VALLEE DU FLEUVE SENEGAL : «C’est possible d’y arriver mais...»

Le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr) pense que la dynamique est bonne. Toutefois, il émet des réserves par rapport au chiffre annoncé par les autorités, notamment la production des 900 000 tonnes de riz paddy en 2015.

«Nous ne disons pas que le chiffre est faux ou exact. Ce que nous déplorons, c’est de n’avoir pas été associé à l’élaboration du chiffre. La question est de savoir si les surfaces emblavées et cultivées peuvent permettre d’atteindre ce chiffre record. La question d’autosuffisance en riz est d’intérêt national. Vous imaginez qu’on donne des chiffres qui laissent croire que la dotation en riz est suffisante pour que les quotas d’importation soient limités. Au bout de quelques temps, on se retrouve dans une situation de pénurie. D’où le devoir de donner des chiffres exacts. Nous sommes des acteurs actifs dans la production agricole. Nous sommes  sur le terrain. Donc, nous vivons les réalités. Tout ce que nous demandons, c’est qu’il y ait plus de synergie d’actions pour mener une bonne politique d’autosuffisance en riz. 
Aménagement des terres, intrants...

C’est à ce niveau que réside tout le problème. Certes des efforts ont été déployés, notamment avec la subvention des intrants. La suppression des taxes, entre autres. Mais, il y a beaucoup encore à faire dans ce volet. Et c’est dans ce cadre que nous attendons l’Etat. Car, nous sommes bien imprégnés des réalités. Par exemple, pour le matériel agricole le mieux adapté aux sols et aux cultures dans la vallée, nous sommes bien placés pour faire des suggestions aux autorités et mieux conseiller l’Etat  dans le choix et éventuellement sur les taux de remboursement des crédits contractés par les agriculteurs. D’où l’appel du pied que nous lançons à l’Etat. S’agissant des intrants, ce travail doit se faire de concert avec les acteurs. La disponibilité des intrants et la redistribution doivent se faire à temps. Bref, autant de facteurs qui y interviennent et qui doivent être pris en compte pour booster la production. 

Commercialisation du riz
La commercialisation du riz ne se pose pas. C’est le riz lui-même qui fait sa propre promotion. Par exemple, un ami consommait le riz importé, mais il avait du mal à digérer et le ventre ne cessait de s’élargir au point qu’il avait du mal à porter ces costumes sur mesure. Mais depuis qu’il commencé à consommé le riz local, il digère bien et garde la meilleure forme. Par conséquent, les gens découvrent la réalité. Le riz local est un riz de qualité. Contrairement au riz importé impropre à la consommation.

SUD QUOTIDIEN


Abdoul Aziz Diop