Société

Annoncés au Sénégal pour casser de l’opposant : Mais où sont passés les ‘mercenaires’ ?


Jeudi 28 Juillet 2011

Au lendemain du 23 juin, la ville bruissait d’une persistante rumeur : la présence, sur le sol sénégalais, de mercenaires recrutés pour casser de l’opposant.Un mois après et au lendemain des manifestations pacifiques de l’opposition et de la majorité, une question demeure : où sont passés ces ‘affreux’ ?


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Deux jours après les manifs du 23 juin contre le ticket présidentiel et, donc, au plus fort du climat d’instabilité politique qui avait secoué le pays, Macky Sall, ex Premier ministre et président de l’Assemblée nationale, avait déclaré non sans solennité : ‘Le régime de Wade a recruté des mercenaires aux mains tachées de sang venus de Côte d'Ivoire, mais aussi de Guinée et du Nigeria dans le but de commettre des rapts d'opposants et de membres de la société civile.’ Ces accusations du leader de l’Apr, relayées par Mahmouth Saleh qui, lui, a même précisé le nombre – 400 - avaient provoqué un véritable émoi à travers le pays. Dans le cas de l’opposition comme celui du pouvoir, l’indignation avait été le sentiment partagé. Aux dénégations des autorités sénégalaises, notamment le ministre de l’Intérieur Ousmane Ngom, le tout nouveau pouvoir ivoirien, celui de Alassane Ouattara, avait ajouté des vives protestations. Bruno Koné, porte-parole du gouvernement ivoirien, avait vivement rejeté toute idée de présence de mercenaires ivoiriens au Sénégal. Même dans les rangs de l’opposition, la gêne s’était installée. Au nom du Ps, Abdoulaye Wilane avait jugé de telles informations ‘peu crédibles’. Mais, deux jours plus tard, plutôt que de rectifier le tir, le mouvement des femmes de l’Apr était revenu à la charge. Animant un point de presse au siège de leur parti le 27 juillet, Ndèye Marième Badiane avait récidivé. ‘Des mercenaires, que nous pouvons reconnaître par leur comportement, sont dans le pays et ont même été placés chez des membres du gouvernement’, avait-elle affirmé. Intox ou réalité ? La question vaut son pesant d’or. Surtout que ni Macky, ni Saleh, moins encore la présidente Badiane, personne n’a été interpellé par les autorités sénégalaises pour apporter de preuves à ses graves allégations.
Des mercenaires ont-ils été convoyés au Sénégal pour perpétrer des actes de sabotage pendant les manifestations que le M 23 envisageait de tenir ainsi que les rumeurs l’avaient laissé penser ? Si dans l’immédiat, la certitude ne peut être avancée pour affirmer ou l’infirmer, il n’en demeure pas moins que la conduite du gouvernement dans cette affaire s’est avérée troublante. Hormis les dénégations de Me Ngom, on n’avait vraiment pas senti la volonté du pouvoir de vouloir faire la lumière. Il n’y avait peut-être rien à voir !
Alors, des propos d’une telle gravité venant d’un ancien chef du gouvernement, connu pour sa grande réserve, peuvent-ils avoir été lâchés sans raison ? Comme à la question précédente, il est difficile de se faire une religion sans risquer d’ajouter à la confusion. Mais, seulement, la constance de Macky Sall et ses collaborateurs qui, à trois reprises, ont affirmé que ‘des mercenaires étaient bien dans le pays’, nous semble un indice qui dénote d’un problème probable. Et, donc, il y a lieu de spéculer sur ces ‘fameux mercenaires’.
Ils sont où, les mercenaires?
Dans l’hypothèse où le président de l’Apr et ses deux proches auraient été bien renseignés, l’affaire de ces mercenaires s’avère donc intrigante à plus d’un titre. Le 23 juillet, le M 23 était sur le qui-vive car craignant ces affreux ‘trop invisibles’, mais rien ne fut. Finalement, où donc se terrent-ils ? Sont-ils encore sur le territoire national ? Rentrés par le sud du pays, comme l’indiquait Saleh, sont-ils repartis par une autre voie ? Ces questions risquent de ne pas trouver des réponses tant le silence est, depuis plusieurs jours, de mise.
A contrario, si Macky Sall s’était trompé, probablement de bonne foi, mais d’où est venue une telle information dont la diffusion est de nature à porter atteinte à l’intégrité et à la sécurité nationales ? Car, c’est grave, très grave qu’une telle information ait été livrée à la consommation populaire sans qu’elle n’ait été au préalable vérifiée à la source. Enfin, vient cette question ? Cette affaire relève-t-elle de l’intox ou du coup de bluff politique. Les Sénégalais sont en droit de savoir.
Mohamed MBOYO &Ibrahima ANNE
walfadjiri

La Rédaction