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Opinion

Alioune Diop : La face cachée du «Socrate noir» méconnu


Samedi 3 Septembre 2011

SENXIBAR - « Alioune Diop, le Socrate noir ? ». C’est le titre d’une biographie que le Père dominicain Philippe Verdin a consacré au fondateur de Présence africaine. L’auteur « retrace » la vie d’Alioune Diop, son enfance, ses études à Alger et à Paris, la revue Présence africaine, sa participation à la seconde guerre mondiale, son engagement politique, sa conversion au catholicisme et l’organisation du premier Festival mondial des Arts nègres (Fesman).


Alioune Diop : La face cachée du «Socrate noir» méconnu
Socrate c’est le père de la maïeutique, l’art d’accoucher les idées. Cet art était une réalité chez Alioune Diop d’où le surnom de Socrate noir comme l’avait si bien pensé Léopold Sédar Senghor. Avec la revue Présence africaine beaucoup d’intellectuels ont pu s’exprimer. L’auteur, Philippe Verdin, n’a pas cherché loin pour trouver un titre à son œuvre biographique sur cet intellectuel généreux.
La préface de l’ouvrage biographique consacré à Alioune Diop insiste sur la dimension de l’homme. Le préfacier a convoqué Aimé Césaire. Un des chantres de la Négritude qu’Alioune Diop a connu et fréquenté : « Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde. », rappelle le préfacier. Il écrit : « Ne pas reconnaître Alioune Diop, selon la formule de Césaire, comme un des « guides de notre époque » revient à refuser notre avenir commun, d’avouer notre inaptitude à ne pas avoir peur de l’Autre, à admettre finalement notre incapacité définitive à entrer dans le troisième millénaire ». Cette note révèle les valeurs d’Alioune Diop. Valeurs qui tournent au tour d’un esprit d’ouverture et de partage et d’une capacité de dialogue et d’échanges.
Homme de dialogue
L’auteur considère Alioune Diop comme un homme de dialogue. Pont entre les générations, les cultures et les continents.  « Alioune Diop est l’instigateur et l’animateur du 1er Festival Mondial des Arts nègres (Fesman). Il est par excellence l’homme du dialogue au moment où le dialogue était inimaginable. Dialogue des religions, des cultures, des générations et des continents. Senghor était un peu jaloux de la capacité et l’influence d’Alioune Diop concernant le dialogue avec les jeunes », déclare Philippe Verdin. « Alioune est un prophète que Dieu a envoyé aux Africains pour les montrer un modèle d’intégrité », a-t-il ajouté.
Avec sa capacité de rassembler autant d’intellectuels européens, américains et africains autour de la culture, le Professeur Raymond Aloïse Ndiaye pense qu’Alioune Diop « était un métaphysicien ». Parole de philosophe. M. Ndiaye n’a pas manqué de rappeler qu’ «il est important d’avoir des modèles, des repères et des visionnaires » en la trempe du fondateur de Présence africaine.
Le dialogue était en Alioune Diop. C’était sa démarche. Le premier numéro de la revue Présence africaine a enregistré de grandes signatures d’intellectuels aux origines et cultures différentes : Jean Paul Sartre, Albert Camus, Léopold Sédar Senghor,  Georges Balandier, Théodore Monod, etc.
Avec sa revue, sa générosité intellectuelle et ses actions sur le plan philosophique et littéraire, Alioune Diop a joué une belle partition dans la symphonie de l’émancipation culturelle des peuples noirs. Un rôle que lui a reconnu l’universitaire Hamady Aly Dieng.
« Alioune Diop ne riait pas beaucoup »
La comparaison entre Alioune Diop et Socrate n’est pas un hasard. Selon Raymond Aloïse Ndiaye, ce côté sérieux d’Alioune Diop était un des traits moraux du savant grec. « Socrate n’était pas un plaisantin ». Il était sévère, disent certains qui l’ont côtoyé. Mais d’autres notent seulement qu’ «il était un homme discret et réservé ».
Conversion au catholicisme
Homme d’ouverture et de dialogue, il s’est converti au catholicisme, religion qu’il a adoptée au cours des traductions de l’Evangile de Saint Mathieu. La conversion d’Alioune Diop au catholicisme a été faite d’une manière spontanée. Il n’a subi aucune influence extérieure. Il était répétiteur grec. Il a été baptisé Jean.  Mais son prénom initial, Alioune, a toujours demeuré.
Engagement politique
Alioune Diop a fait son service militaire et a été démobilisé à Marseille lors de la seconde Guerre mondiale. Alioune Diop n’aimait pas la politique à cause des compromis. Après la guerre de 1939-1945, sous l’influence de Lamine Guèye, il s’est lancé dans la politique. Il fut Sénateur et siégeait au Palais de Luxembourg. Cet engagement politique a eu des conséquences sur la suite de ses actions culturelles et sociales. Instigateur du 1er Fesman, il a connu d’énormes difficultés pour le montage financier de la seconde édition de ce rendez-vous de la diaspora noire. C’était en 1977 à Lagos au Nigeria. Ce qui fait dire au Père Verdin qu’Alioune Diop « a été sacrifié sous l’autel de la diplomatie et de la politique ».

La Rédaction


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