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Youssou Ndour: «L’artiste et l’homme politique sont désormais inséparables»


Samedi 9 Août 2014

30 ans de carrière musicale et toujours la même énergie inoxydable sur scène. Le chanteur sénégalais à la renommée internationale a fait une halte remarquée au Festival international de Carthage pour clôturer sa tournée européenne. Le roi du «Mbalax» (musique populaire rythmée du Sénégal) n’a pas failli à sa réputation, avec une prestation haute en couleurs, acclamée dans les médias comme l’une des plus réussies du festival.

Youssou Ndour est remonté sur scène après une « pause » de 2 ans pendant lesquels il a été ministre de la Culture et du Tourisme dans le gouvernement du Président Macky Sall. Mais c’est en tant que ministre conseiller auprès du Président qu’il a renoué avec sa passion de toujours, pour le plus grand bonheur de ses fans aux quatre coins du monde. Un compromis qui lui permet de trouver l’équilibre entre sa carrière d’artiste et son engagement politique. C’est de cet exercice délicat, mais aussi de rap tunisien, de Gaza et d’autres sujets, qu’il a parlé lors d’une interview accordée au HuffPost Maghreb à Tunis.
HuffPost Maghreb : Votre dernier passage au festival de Carthage date de novembre 2011, quelles sont vos premières impressions sur la Tunisie, 3 ans plus tard?

Youssou N’dour : Déjà en novembre 2011, je voyais un peu plus de sourires, un peu plus de liberté, un peu plus d’espoir. Aujourd’hui, cet espoir est toujours au rendez-vous. Les gens se préparent à affronter la réalité de la démocratie au quotidien. Je sais qu’économiquement, c’est très difficile, avec la crise qui sévit partout. Mais je pense que les Tunisiens sont aujourd’hui un peuple libéré, qui va jouer son rôle chez lui, en Afrique et dans le reste du monde, malgré la conjoncture économique.

Voyez-vous des similitudes entre la Tunisie et le Sénégal?

Beaucoup. Comme la Tunisie, le Sénégal n’a pas de ressources et compte beaucoup sur le tourisme et les services. Je pense que la Tunisie est un exemple dans ce sens.

Quand je discute avec les gens, je perçois aussi des similarités, bien que la Tunisie soit un peu plus développée et beaucoup plus européanisée. Les deux pays gagneraient à mieux se connaître et à étoffer leur collaboration. Au niveau artistique par exemple, le festival de Carthage a programmé plusieurs artistes sénégalais, ce n’est pas le cas des festivals sénégalais. Il faut plus d’efforts à ce niveau. En tant que ministre conseiller à la Culture, j’ai décidé de faire en sorte que nous ayons beaucoup plus de sonorités tunisiennes au Sénégal.

Pour moi, l’Afrique est une carte. La position géographique des pays change la donne socio-économique et les intérêts, mais je pense qu’on gagnerait à rapprocher la Tunisie et les Tunisiens du reste de l’Afrique.

Beaucoup de gens disent que l’Afrique c’est l’avenir, moi je dis que c’est maintenant : il faut que les forces, du nord au sud de l’Afrique, s’unissent pour que nous soyons le continent du “maintenant”.

Y a-t-il des sonorités tunisiennes qui ont attiré votre attention? Des collaborations futures avec des artistes tunisiens…?

Je pense que de manière générale, les pays sont repliés sur leurs musiques locales, mais je viens d’écouter du rap tunisien, c’est quelque chose qui m’a beaucoup parlé. Je pense que ça va beaucoup parler aux Sénégalais en général. J’aimerais collaborer avec des jeunes Tunisiens qui écrivent et chantent du rap, parce que c’est très fort ! Je pense même que j’ai trouvé!

Vous pensez à un artiste en particulier?

J’ai beaucoup aimé Houmani, je ne lâcherai pas ça!



Tout le monde connaît Youssou Ndour l’artiste, peu de gens connaissent le patron de presse, ou encore l’homme politique, ministre conseiller auprès du Président Macky Sall. Comment arrivez-vous à trouver l’équilibre entre toutes ces activités? N’y a-t-il pas un conflit d’intérêts?

Ce n’était pas un projet, mais le tout va ensemble. Les choses sont venues naturellement. L’histoire de la presse est née d’une volonté de donner le micro aux gens sans voix. Nous avons créé le groupe Futurs Médias, qui a pris de l’ampleur et qui emploie aujourd’hui plus de 650 personnes. Nous avons un quotidien qui tire à 90 000 exemplaires par jour, la première radio et la première télé du Sénégal. Je suis président du conseil d’administration du Groupe et je fais confiance à des journalistes professionnels, qui prennent leurs responsabilités. Le fait que je sois au gouvernement n’y change rien, vu que je n’interviens ni dans la ligne éditoriale ni dans la programmation. A vrai dire, ce groupe de presse me rend très fier.

La politique est entrée dans ma vie par accident. De manière concrète, j’ai suivi les dérives de l’ancien régime. Il fallait dire non. J’étais moi-même candidat à la présidentielle, mais ma liste a été invalidée. J’ai choisi par la suite de faire une coalition avec Macky Sall et lorsque nous avons gagné, j’ai été nommé ministre de la Culture et du Tourisme. C’est ainsi qu’avec ma petite expérience, ma vision et mon réseau, j’ai pu mettre en place des plans qui seront utiles et favorables pour l’avenir du Sénégal.

Et si vous deviez choisir entre la politique et la musique?

Je suis un artiste et je suis un homme politique. Les deux sont désormais inséparables.

Après une pause de deux ans, la musique m’a manqué, j’en ai discuté avec le Président Macky Sall et j’ai pu reprendre la route, en devenant conseiller, après avoir été ministre à part entière. Je boucle ma tournée européenne ici, avant de redémarrer aux Etats-Unis au mois de Septembre. Ça ne m’empêche pas de continuer à conseiller le Président et à suivre ce qui se passe sur la scène politique sénégalaise. Tout se passe très bien et ça me plaît ainsi.

Le militant de la paix et l’homme politique que vous êtes aujourd’hui, suit certainement ce qui se passe à Gaza…?

Le Sénégal a toujours prôné la paix et joué son rôle pour le règlement des conflits. Personnellement, je pense qu’il y a déjà trop de morts. Tous les jours, il y a des enfants qui perdent la vie, c’est inadmissible! Il faut que les deux camps comprennent que géographiquement, ils sont liés, c’est une même famille, personne ne peut leur reprocher de laver leur linge sale, mais il faut qu’ils trouvent une manière de cohabiter pacifiquement.

Je suis de tout cœur avec les Palestiniens, qui souffrent, et je suis aussi de tout cœur avec les gens qui prônent la paix. Il faut reconnaître qu’en Israël, il y a également beaucoup de militants de la paix. Je pense que ces derniers doivent monter en puissance et occuper davantage le terrain.

GFM





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