Visite de trois officiels de la 12 ème biennale( 3mai-2 juin): Les choses prennent forme...

Elle avait quelque chose d’assez ciblé, la petite visite de certains des sites destinés à accueillir la 12ème édition de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar qui ouvre ses portes ce 3 mai. Trois sur les sept lieux officiels, autrement dit ceux qui auront le privilège d’accueillir les expositions In de ce Dak’Art 2016, et qui seraient en fait les plus «difficiles» de cette très short liste, pour parler comme Baïdy Agne, le président du comité d’orientation de la Biennale, qui a comme qui dirait servi de guide aux journalistes, dans la matinée d’hier, mardi 26 avril.

Trois sites, et qu’il a parfois fallu métamorphoser pour ne pas dire «réhabiliter», comme on dit dans le jargon : l’ancien Palais de Justice par exemple, hors service depuis 24 longues années et généreusement prêté par le ministère de tutelle. Pour le chargé de la Communication de la Biennale, le journaliste culturel Massamba Mbaye, qui laisse entendre que c’était un véritable «fouillis», l’aspect des lieux avant les travaux, entre les «serpents» et l’insalubrité, en aura rebuté plus d’un. 

Le ministre de la Culture et de la Communication, Mbagnick Ndiaye, dit à ce sujet qu’ «il y a un mois et demi, tout le monde était sous-tension». Nombreux sont en effet qui pensaient que c’était mission impossible que de vouloir donner bonne mine à l’ancien Palais de Justice, qui accueille d’ailleurs la plus prestigieuse exposition de la Biennale, l’exposition internationale, avec une soixantaine d’artistes sélectionnés, de 24 nationalités différentes et de «19 pays d’Afrique». 

En tout et pour tout, on parle d’un travail de deux-trois semaines ; Massamba Mbaye dit encore qu’ «il ne reste qu’à installer» les choses, et que les «dimensionnements» et autres «questions de salubrités ont été résolus à 80 à 90%». A l’heure de notre visite d’hier, les quelques ouvriers trouvés sur place ne donnaient que quelques coups de peinture blanche, même s’il traînait encore quelques sciures et autres planchettes de bois.

Une seconde vie…

Idem pour l’ancienne Gare de Dakar, où les travaux sont en cours, entre le ponçage et les couches de peinture là-bas aussi, et qui fera office de Village de la Biennale. Ce qui signifie entre autres, précision de Baïdy Agne, qu’il n’y aura pas d’exposition, mais que ce sera plutôt «le lieu de vie», et qu’il n’aura besoin finalement que d’un «aménagement léger». Membre d’Afrosiders, un «média digital multiforme dédié aux cultures émergentes et alternatives» d’Afrique, Bénédicte Senghor explique que le «dispositif télévisuel» prévu à l’ancienne Gare devrait permettre d’ «organiser des archives». Quant au site en tant que tel, il accueillera surtout des «conversations culturelles, artistiques, des performances pluridisciplinaires, entre la danse, l’illustration de bande dessinée (…), en plus du colloque international imaginé par le directeur artistique de la Biennale, Simon Njami».

Toujours sur cette très short liste des sites visites, le musée Théodore Monod, où il traînait là encore une odeur de bois. Parmi la dizaine d’ouvriers trouvée en plein ouvrage, nous ferons connaissance avec Abdoulaye Sène, menuisier de son état. De notre petite conversation, couverte par le bruit de sa machine à couper le bois, il faudra surtout retenir que ce n’est pas sa première Biennale, qu’il la fréquente depuis quelques années, qu’il travaille sur ce chantier depuis une semaine, et qu’il fabrique entre autres tous les supports et autres caisses en bois prévus pour les œuvres d’art de la Biennale.

Idem pour le plasticien Khalifa Ababacar Dieng, un autre habitué de la Biennale puisqu’il y travaille comme scénographe depuis 4 ans, que nous avons d’ailleurs trouvé en train de monter «l’espace de création qui va supporter toutes les grosses productions de la Biennale», et qui regrettera surtout que l’Etat ne les mette jamais dans «de bonnes conditions de travail», un vieux refrain dirait-on, et que l’on ne fasse jamais les choses à temps.

Le choix de ces espaces n’est évidemment pas «anodin», quand on sait qu’il aurait quelque chose à voir avec le «projet du directeur artistique de la Biennale», qui a surtout privilégié des «sites historiques» pour ne pas parler de lieux «symboliques», en plus de redonner vie à certains d’entre eux, l’ancien Palais de Justice par exemple. 

Et à côté de ces sites officiels, les In, il y a quelque chose comme «200 programmes d’exposition qui se tiendront un peu partout dans la ville et dans le pays», certaines galeries par exemple. Mbagnick Ndiaye annonce d’ailleurs la visite, «d’ici la fin de la semaine», de ces endroits «Off».

Toujours est-il qu’en In ou en Off, la Biennale de cette année veut surtout se donner un cachet «populaire», histoire de ne faire pas faire de l’événement l’affaire de quelques «spécialistes d’art

SUD QUOTIDIEN