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Politique

VERDICT DU PROCÈS KARIM WADE: RÉACTIONS… RÉACTIONS… RÉACTIONS…


Mardi 24 Mars 2015

AMINATA TOURÉ, ANCIEN GARDE DES SCEAUX

"Le droit a été dit"

"Je pense que la Justice a été rendue au nom du peuple sénégalais. Je prends acte du verdict, à l'instar de mes concitoyens. Je félicite tous les acteurs de la justice; malgré toute l'agitation autour du procès, la sérénité a prévalu et le droit a été dit. D'une manière générale, il faut dépassionner tout cela et considérer que c'est un exercice normal dans toute démocratie que de rendre compte de l'utilisation des deniers publics. Nos ressources limitées entre les mains des dirigeants doivent être gérées de manière transparente et honnête afin qu'elles soient consacrées aux programmes prioritaires de développement. Il faut toujours garder à l'esprit que de nombreuses femmes en milieu rural font encore des kilomètres pour avoir de l'eau potable, beaucoup meurent en couche encore faute de pouvoir accéder à des soins de santé adéquats, les jeunes et les femmes veulent être soutenus dans leurs aspirations à une existence meilleure. C'est pourquoi, l'engagement du Président Macky Sall pour la reddition des comptes publics est à soutenir fortement car c'est la voie de salut pour des pays en développement comme le nôtre ; nos modestes ressources publiques doivent être exclusivement consacrées aux besoins vitaux des Sénégalais et non à l'enrichissement personnel de ceux qui en ont la gestion."

ME MADICKÉ NIANG, PDS

"Karim a fait montre d'une grande dignité"

"Je voudrais commencer par un témoignage. Ce matin nous avons été auprès de M. Karim Wade durant toute la matinée. Jusqu'au moment où la décision a été rendue, nous avons été avec lui. Après qu'elle ait été rendue, nous étions avec lui. Il a fait montre d'une très grande dignité. Il a eu lui-même à nous encourager. Alors que nous tous, nous avons été non pas surpris mais plutôt secoués par cette décision. Pourquoi, parce que nous sommes des praticiens du droit. Nous pensions que les règles du droit allaient être appliquées et face à l'application de ces règles, cette décision n'allait pas être prise. Je voudrais marquer ma désapprobation totale mais aussi vous dire que j'ai honte pour avoir été ministre de la Justice, pour avoir été avocat inscrit depuis 1982, cela fait 33 ans et aujourd'hui j'ai honte de cette décision. Elle n'honore pas la justice sénégalaise parce qu'elle foule au pied les principes généraux de droit que nous partageons avec l'essentiel des pays du monde. Elles foulent au pied des règles fondamentales. Le Sénégal aura démontré au monde entier qu'il vit un recul démocratique énorme.

Parce que cette décision ne peut pas se justifier aux yeux des praticiens du droit que nous sommes. Après avoir écarté la corruption parce que personne, même si on est magicien, on n'aurait pas pu donner un fondement tel qu'il soit à de simples déclarations. Alboury Ndao a dit devant le tribunal et devant la CREI : "Je n'ai pas de preuves pour attester de l'existence de ce compte." Donc, c'est tout à fait normal que Singapour puisse être éliminé. En dehors des biens dont une partie appartient au Président Wade. Pour ces biens, le Président Wade a très tôt écrit au Président Macky Sall avant même qu'on en arrive aux commissions rogatoires pour lui parler de l'existence de ces comptes. Il a été même jusqu'à lui dire, il vous est loisible en tant que président de la République du Sénégal d'interroger les autorités saoudiennes qui vous confirmeront que les éléments financiers que constituent le compte de Monaco découlent tout simplement d'un don qui m'a été fait par le Roi d'Arabie Saoudite... Même avec le procès de Mamadou Dia, on n'a pas vécu autant."

ALIOU SOW, MPD/LIGGEEY

"Tout le monde est menacé"

"Je veux d'abord exprimer toute ma compassion et mon soumet toute ma tristesse au Président Abdoulaye Wade. Je tiens à rappeler que nous serons tous face à la Justice divine qui est la meilleure. Les mécanismes de cette Cour qui a prononcé aujourd'hui ce verdict ont été rejetés par les organisations de droits de l'Homme et d'éminents juristes. Ces mécanismes consistent à renverser la charge de la preuve et qui font également qu'il n'y a aucune possibilité de recours au profit du condamné dans un monde caractérisé par la démocratie, la protection des droits humains. Le Sénégal est un parfait exemple de la démocratie, de la liberté. Cependant, moi dès le départ, j'ai toujours dit que le fait de ne pas partager les mécanismes de la Crei devait engendrer le refus de collaborer. On est arrivé au terme de ce procès avec le verdict que nous avons tous entendu. Je pense qu'il serait aussi dangereux que cette Cour passe pour être une Cour anti-Karim. Sa crédibilité passera par le fait qu'elle s'intéresse aux tenants actuels du pouvoir dont certains commencent à montrer un train de vie, à s'illustrer par un jeu d'argent public dont il n'était pas capable il y a trois ans.

Même si l'OFNAC, comme l'a dit le Président, est créé pour ceux qui gèrent, la CREI n'en demeure pas moins une Cour qui doit s'intéresser à ceux-là qui, depuis 3 ans, ont montré des signes d'enrichissement clairs. (...) Dans ce pays, il est facile de voir quelqu'un qui s'est réalisé à partir de dons reçus de ses amis ou parents. Parce que c'est un pays où la solidarité agit beaucoup. Tout le monde est menacé par rapport aux mécanismes de la Crei. J'ai dit depuis le départ que dès que la Cour prononcera ses premières condamnations, elle devra continuer de fonctionner. Donc, ce procès risque d'engager le Sénégal dans des règlements de comptes politiques qui dureraient 20 ans ou 30 ans. C'est ça le malheur. Je suis foncièrement contre tout enrichissement à partir de positions étatiques. J'ai été pendant presque une décennie ministre. J'ai géré des milliards. Mais je ne saurais comprendre ou imaginer comment on peut être propriétaire de milliards à partir de positions d'Etat."

MAMADOU DIOP DECROIX, FPDR

"C'est un tribunal politique qui a condamné un adversaire politique du régime"

"Je ne suis pas surpris par ce verdict. Que cela soit six ans, dix ans ou trente ans, j'ai le même sentiment. C'est un tribunal politique qui a condamné un adversaire politique du régime. On est en Afrique. C'est ça l'Afrique pour l'instant. Malheureusement, le Sénégal aurait dû sortir de ça. Je savais depuis le 31 juillet, le premier jour du procès, que Karim est envoyé en prison pour être condamné. Je le savais donc je ne suis pas surpris. Le reste, c'était une mise en scène."

THÉRÈSE FAYE, APR

"Nous félicitons la CREI pour le dénouement de ce procès"

"Je pense que tout ce qu'on peut dire, c'est que la justice s'est prononcée. La CREI a donné son verdict. Tout citoyen sénégalais doit s'aligner à cette décision de justice parce que nous avons foi en notre justice. Je pense que nous l'avons toujours dit lors de nos communications. La justice est là pour tout le monde. Il faut aujourd'hui qu'on sache que ce n'est pas une question de politique ou de partis et c'est la raison pour laquelle nous appelons tout le monde au calme, les jeunes en particulier. On utilise à chaque fois la jeunesse pour l'organisation de manifestations. Donc, mon message s'adresse aux jeunes du Sénégal. Il faut qu'on soit une jeunesse responsable, respectable et consciente des urgences de l'heure. Aujourd'hui, la justice a donné son verdict, l'affaire Karim Wade est derrière nous. Nous appelons tout le monde au calme et au respect de cette décision de justice. C'est obligatoire d'ailleurs. On est dans un Etat de droit. Ce qui est important, c'est de voir comment accompagner le Président dans ce projet de la traque des biens mal acquis et de l'enrichissement illicite. Cela a été d'ailleurs une demande sociale. C'est les Sénégalais qui l'ont toujours réclamé. En ce sens, nous félicitons la CREI pour le dénouement de ce procès."

ABDOULAYE WILLANE, PS

"La vie continue"

"Nous en prenons acte (ndlr du verdict). Rappelons que nous avons toujours fait confiance en la justice et nous pensons être dans un Etat de droit. De ce point de vue, nous recommandons le respect de ce verdict et des voies judiciaires ou de droit qui sont permises. C'est-à-dire, s'ils ont envie de se pourvoir en cassation, il leur est possible de le faire. Nous recommandons aussi la sérénité parce que si nous sommes comme nous le pensons dans un Etat de droit, ce qui se passe n'est en rien extraordinaire. En ce qui nous concerne, nous attendons de voir l'arrêt rendu dans son entièreté, de le lire et de le relire. A partir de ce moment-là, nous pourrons l'analyser et donner un point de vue beaucoup plus structuré sur la base de la connaissance des tenants et des aboutissants du texte. Voilà donc ce qu'au parti socialiste nous recommandons. Je voudrais me réjouir de ce que, au moment où je vous parle, rien de dommageable, rien de criminel ne nous a été signalé à part quelques dérapages contre une journaliste et quelques réactions à chaud. En ce qui me concerne, ceux qui ont en charge la quiétude du pays et la sûreté du citoyen ont géré cette affaire avec fermeté et tact. La vie continue."

SEYDOU GUÈYE, APR

"Cette décision constitue un tournant"

"Ce verdict m'inspire un commentaire, un commentaire républicain. La justice s'est prononcée, il faut en prendre acte. Ça, c'est la première observation. La deuxième, il me semble que cette décision constitue un tournant dans la lutte contre la corruption et l'enrichissement illicite. Ce procès devait servir à ça puisque la justice a été rendue. La justice a été sereine. Les peines prononcées sont conformes à ce qui est prévu dans le code pénal. Maintenant, il faut remarquer que la peine est moins lourde que le réquisitoire du procureur spécial. Il faut se féliciter de la décision de la défense qui a décidé de se pourvoir en cassation d'après ce que j'ai entendu. Ce qui me semble plus conforme à la stratégie faite autour du procès politique. Ce qui est évident, c'est qu'il ne s'est agi à aucun moment de procès politique mais de délits de droit commun qui ont été visés, qui ont été établis et sanctionnés. Ce qui est important aujourd'hui, c'est que la justice reprenne ses droits sur une affaire qui a été fortement polluée par le soupçon du procès politique."

DR ABDOURAHMANE DIOUF, REWMI

"Nous prenons acte mais..."

"Nous avons toujours rappelé que nous sommes des Républicains. Ainsi, sur le contenu de la décision, nous prenons acte. Car, nous pensons que le Sénégal a une justice libre avec des juges qui travaillent librement. En revanche, nous considérons qu'il y a des éléments politiques qui ont plus ou moins pollué la démarche de la justice sénégalaise.

Le premier élément concerne la sélectivité des personnes qui doivent répondre auprès de la Crei. Parce que la loi de la Crei dit que toute personne qui a un patrimoine ou un train de vie supérieur à ses revenus légaux peut être attrait devant cette Cour. Et celui qui attrait, c'est le procureur de la République qui travaille sous la responsabilité du gouvernement. Le fait qu'il n'y ait que Karim jusqu'à présent qui ait répondu à la Crei nous amène à penser que c'est une décision politique. Parce que le gouvernement de Macky Sall est en place depuis 3 ans, il y a énormément de gens qui ont des trains de vie ou des patrimoines supérieurs à leurs revenus légaux et qui ne sont pas attraits.

Maintenant, quand ils posent le problème de temps en disant que cette fois-ci, c'est Karim Wade, les prochaines fois ce seront d'autres, nous pensons que ce n'est pas très pertinent dans la mesure où ils n'étaient pas obligés de suivre le dossier de Karim Wade jusqu'au bout avant de passer au traitement d'autres dossiers. Tous ces dossiers pouvaient être traités simultanément. Aujourd'hui, la grande leçon qu'on peut en tirer, c'est qu'on ne crie pas à l'injustice pour Karim Wade, mais nous crions pour que cette justice soit généralisée à tous ceux qui ont eu à manipuler des fonds publics et qui se sont enrichis illicitement. Si le régime de Macky Sall ne le fait pas, il va corroborer le fait que c'est une justice des vainqueurs qui a travaillé à éliminer un candidat à la prochaine élection présidentielle.

En revanche, s'ils ont la lucidité de le faire, les Sénégalais pourront accueillir cette décision favorablement et considérer que ce n'est pas Karim Wade qui les intéresse en tant que tel mais tous ceux qui ont eu à gérer des deniers publics et à s'enrichir illicitement. Un deuxième élément très important qui est sorti dans la jurisprudence d'aujourd'hui, c'est qu'en aucun moment, les libéralités, c'est à-dire les dons, ne peuvent être considérées comme légales. La façon dont les fonds politiques sont gérés d'Abdou Diouf à Abdoulaye jusqu'à Macky Sall montre que le président de la République a la capacité de faire des libéralités à son entourage, y compris les gens qui ont des fonctions ministérielles. Le fait de refuser que Karim Wade ait pu accroître son patrimoine en tenant compte des libéralités de son père devrait signifier que tous ceux qui ont travaillé avec Abdoulaye Wade depuis 2012 devront aussi faire une sorte de reddition des comptes. Ils ont été nombreux à affirmer eux-mêmes qu'ils ont bénéficié des libéralités de Wade.

Donc, ça, c'est un élément qui nous a paru important. Les autres éléments sont purement juridiques. Au niveau de Rewmi, on s'est toujours prononcé sur la CREI en considérant que le Sénégal n'avait pas besoin d'une justice d'exception avec notamment la possibilité de renversement de la charge de la preuve. Il est extrêmement tendancieux de demander à quelqu'un de justifier des avoirs sans pour autant avoir la certitude que ces avoirs lui appartiennent (...) C'est pour vous dire que les larges pouvoirs accordés au procureur et au juge dans cette affaire, la sélectivité possible des personnes qui doivent répondre à la CREI sont tous des éléments de manipulation à la disposition du gouvernement qui peut décider d'en user ou de ne pas en user en fonction de la posture des hommes politiques. Donc, c'est une forme d'injustice à l'endroit de tous ceux qui auraient dû rendre compte et qui sont allés au pouvoir trouver un manteau de protection."

ENQUETE





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