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Theatre

UNE SIMPLE PAROLE, FILM POÉTIQUE, ŒUVRE ETHNOGRAPHIQUE DE VALEUR: L’ULTIME CRÉATION D’UNE BATTANTE


Vendredi 10 Octobre 2014

Loin des clichés, Une simple parole de Mariama et Khady Sylla est un film qui invite la jeunesse à puiser aux sources de la culture. Ce film ethnographique est non seulement très poétique, mais il pose véritablement un questionne- ment sur l’humain, sur l’avenir.

Une simple Parole. Le titre du dernier film de Mariama et Khady Sylla. Un long métrage qui plonge le cinéphile dans la relation qui lie trois femmes d’exception. La première Penda Diogo Sarr serait «l’une des dernières gardiennes de la généalogie» chez les Sylla. La seconde Khady, qui sert de trait d’union entre la première et la troisième et qui pourrait être l’incarnation de «cette simple parole».

Et la dernière Mariama Sylla qui aujourd’hui porte la lourde responsabilité de porter loin cette «simple parole». Sa défunte sœur telle une prophétie la lui rappelle à travers ce film : «Moi je suis Lasy et toi Sylla...Deux métaux fondus ensemble...»

En réalité Une simple parole est l’ultime œuvre de Khady Sylla. Ce long métrage, à la fois testament et hommage, semble bien être «une réflexion filmée autour de la question du passage de l’oralité à la parole filmée à travers le cheminement des deux sœurs sur les pas de leur histoire familiale».

Et ce qui fait la particularité de cette œuvre, c’est encore une fois cette belle poésie, reflet de la marque, de la belle plume, mais aussi du talent d’écrivain de Khady Sylla. Comme dans ses films Une fenêtre ouverte ou encore Colobane Express , elle réussie encore à servir un texte filmé d’un lyrisme dont elle seule a le secret.

Ici, s’y ajoute une dose de pro- verbes typiquement sénégalais qu’elle et sa sœur font bercer par la succulente musique de Wasis Diop (l’autre grande voix de la scène sénégalaise).

Une simple parole est incontestablement un film prémonitoire. Tout, du début à la fin, résonne dans cette réalisation comme la dernière note rebelle d’une «femme révolutionnaire et battante». Elle a su le dire elle-même (en voix off), paraphrasant le Président poète : «Seul est mort, un mort dont on ne prononce plus le nom.»

Elle fera savoir plus loin dans le documentaire que «l’irréalité de la mort n’a d’égale que l’irréalité de la vie...Mais la mort, elle, est bien réelle». Khady Sylla n’aurait pas su mieux faire. En choisissant pour cette ultime création d’aller à la rencontre de sa grand- mère accompagnée de sa petite sœur, pour une initiation, elle dessine sans le savoir, son propre portrait, celui d’une femme de savoir.

Puisqu’en faisant la lumière sur Penda Diogo Sarr avec la seule ambition de ne pas la voir disparaître avec sa précieuse connaissance, elle laisse à la postérité une leçon de vie. Cette leçon qui, comme une boutade, annonce et termine l’œuvre : «Rien que de l’humain et du trop humain...» C’est là, tout le sens d’Une simple parole. Mais de quelle parole s’agit-il en réalité ?

Pour répondre, l’œuvre de Khady et Mariama Sylla se nourrit aux sources des belles litanies de Penda Dioga Sarr. Le film révèle que celle- ci connaît les hauts faits des ancêtres et les précieux noms de la lignée. Mais en plus cette œuvre, qui montre la tendresse féminine à travers le bel amour entre trois femmes, n’occulte pas le fait qu’une parole peut être à la fois «bénéfique et maléfique».

Avec quelques notes d’humour par endroits, le documentaire donne l’occasion de prendre conscience que la jeune génération perd l’importance de l’oralité, de la parole. Les deux réalisatrices au delà de tout, posent véritablement l’enjeu dans la société actuelle de la perte de parole. Ce qui fait que ce film est incontestablement «un recueil ethnographique de paroles mais aussi un portrait et un questionnement sur le monde».

Rémy Sagna, directeur de cabinet, représentant le ministre de la Culture et de la communication à cette première séance de projection nationale, n’a-t-il pas raison de dire que «Khady et Marième Sylla sont les porte-voix des sans voix » ?

En tout cas, Thierno Seydou Sall ne dira pas le contraire. Car, en affirmant sur les planches de Sorano que «Khady Sylla aura simulé la folie 40 ans durant», il rend ainsi un bel hommage à l’œuvre de cette femme mystérieuse et engagée jusqu’à la mort.

LEQUOTIDIEN




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