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Opinion

Terrorisme: Les six mesures de Me Wade pour faire face à cette guerre "asymétrique


Jeudi 11 Février 2016

Dans le quotidien français Le Figaro d’hier, mercredi 10 février, Abdoulaye Wade s’invite dans la lutte contre le terrorisme. Il propose six mesures pour faire face à cette guerre "asymétrique, informelle et sans préavis".

On peut appeler cela prendre de la hauteur. À l’heure où le Sénégal vogue vers une réforme constitutionnelle majeure sujette à polémiques et des échéances électorales qui s’annoncent disputées, au moment où le Parti démocratique sénégalais (PDS) dont il est le secrétaire général national est sur plusieurs fronts et que l’avis du groupe de travail de l’ONU relance d’une certaine façon l’affaire Karim Wade, Abdoulaye Wade se met en mode International. L’ancien chef de l’État consacre sa troisième sortie publique depuis le début de l’année à la lutte contre le terrorisme. Exclusivement. Dans une tribune publiée dans le quotidien français Le Figaro d’hier, mercredi 10 février, et intitulée "Le terrorisme et la violence ne sont pas une fatalité", il propose six mesures à cet effet.

Mais avant de plonger dans le débat, l’ancien chef de l’État donne le prétexte de sa sortie : "Des intellectuels africains et des chefs religieux m'ont exprimé l'urgence de voir, plus qu'une déclaration de condamnation, une idée, une proposition pour contribuer à l'éradication du terrorisme et des conflits en Afrique et dans le monde." Il fixe également le contexte : "Le problème auquel le monde fait face à l'heure actuelle est plus grave qu'on ne le croit. C'est la guerre, a dit le président Hollande. Il a raison, mais j'ajouterais asymétrique, informelle et sans préavis."

Première mesure : pour faire face au terrorisme, Wade propose qu’une attention particulière soit portée aux enfants, qui sont à la merci "des organisations criminelles (qui) tentent de les manipuler en abusant de leur hypersensibilité et de leur vulnérabilité". "Il faut que la jeunesse devienne la priorité de tous les gouvernements du monde pour lui trouver des emplois et des raisons de vivre. Il est indéniable que la pauvreté, le chômage des jeunes, l'injustice et l'ethnocentrisme constituent le terreau du terrorisme, notamment en Afrique."

Dans cette perspective, l'ancien Président sénégalais souhaite une révision des "programmes d'instruction civique et d'histoire dans nos écoles et universités pour assurer une bonne connaissance de toutes les religions en vue de promouvoir la tolérance et le respect interreligieux" et "que les écoles de journalisme de nos pays prennent en compte une bonne connaissance des différentes religions dans la formation des journalistes".

Deuxièmement : Wade prône l’adoption d’un "plan Marshall pour les systèmes éducatifs en Afrique". "En matière d'éducation, recommande-t-il, les pays en voie de développement doivent réviser leur système éducatif en créant des passerelles entre l'école et la vie. Des écoles professionnelles de moyen niveau pourraient former tous ces jeunes ciblés par des organisations terroristes et qui ont quitté les structures scolaires sans diplôme. C'est la lutte contre la précarité et le chômage des jeunes qui affaiblira les terroristes."

En rappelant que sous sa présidence (2000-2012), 25% du budget était consacré au secteur, l’ancien président de la République souligne qu’"avec l'éducation, la paix universelle est possible pour changer l'échelle des valeurs dans la tête de l'homme".

Mais ce n’est pas suffisant, semble dire Wade. Qui, comme troisième proposition, interpelle certaines institutions internationales dont celle dirigée pendant 12 ans (2003-2015) par son prédécesseur à la tête du Sénégal, Abdou Diouf. "Il faudrait également accorder une place plus importante à la promotion du dialogue interculturel, à la culture de la paix et de la tolérance religieuse au sein des organisations telles que l'UNESCO, l'OIF et l'ISESCO (Organisation islamique pour l'éducation, les sciences et la culture)."

Quatrièmement : poursuivant sa plaidoirie pour la tolérance, le pape du Sopi lance un appel à ses coreligionnaires. Il dit : "Nous, musulmans, devons nous inspirer de l'exemple du Prophète Mohammed (PSL), qui, recevant un jour un groupe de chrétiens coptes alors qu'il priait dans sa mosquée, les fit installer. On leur apporta une table, de l'eau et des serviettes et ils firent tranquillement leur messe dans la mosquée avant de se restaurer avec les victuailles offertes à ses hôtes par le Prophète Mohammed, PSL."

Mais Wade ne croit pas qu’aux bons sentiments. Parallèlement au travail à accomplir pour couper le mal à la racine par la promotion de valeurs comme l'ouverture et la tolérance, il propose des actions concertées pour effacer ses symptômes. Faire la guerre aux terroristes. C’est sa cinquième proposition : "Il convient enfin de mettre en place une institution internationale chargée de la lutte contre le terrorisme avec des représentations sur tous les continents. Cette institution doit s'appuyer sur des organismes tels qu'Interpol et Afripol, en voie de création en Afrique. Elle doit avoir pour mission de mutualiser l'action des forces de police, de sécurité et de renseignements de tous les continents pour traquer les terroristes avant qu'ils n'agissent."

Sixième et dernière proposition : la mise en place d’une commission des sages issus de tous les continents "pour réfléchir en permanence sur la tolérance et le respect interreligieux. À ce sujet, à l'instar de la COP, il me paraît nécessaire d'organiser une conférence mondiale où tous les États seraient représentés pour assurer les conditions d'une fraternité humaine et d'un vivre ensemble, facteur de paix et de stabilité".

Wade n’a pas manqué de rappeler avoir "lancé l'idée du Dialogue islamo-chrétien, première étape d'une Conférence des trois religions monothéistes, qui avait soulevé beaucoup d'espoir et avait été bénie par feu le pape Jean-Paul II et feu Sa Majesté Abdallah ben Abdelaziz al-Saoud, roi d'Arabie saoudite".
 Il souhaite la réactualisation de cette initiative "pour que les chefs d'État des deux religions lancent une déclaration qui deviendrait un viatique pour les générations futures". Les Iraniens apprécieront.

Deux semaines après Macky Sall (L’Express du 27 janvier) donc, Abdoulaye Wade s’exprime à son tour dans les colonnes d’un grand média français. Mais à la différence de son successeur, qui avait parlé de terrorisme mais aussi des affaires domestiques, il s’est limité à un enjeu majeur de portée internationale. Ignorant l'actualité nationale. Réelle volonté de prendre de la hauteur ou simple manœuvre de diversion en vue des échéances électorales futures ? L’avenir permettra peut-être d’y voir clair.

LEFIGARO





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