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Médias

Sénégal: Marche nationale de la presse le 3 mai


Jeudi 30 Mars 2017

La presse sénégalaise sera dans la rue le 3 mai prochain pour réclamer à l’État des négociations sérieuses sur certains points de revendication qui menacent la liberté de la presse. Il s’agit de l’environnement économique, de la situation sociale des travailleurs, des menaces sur la stabilité du pays, la gestion de la Maison de la Presse et le Code de la presse. Une annonce faite ce jeudi par Coordination des Associations de Presse, qui a tenu une conférence de presse à Dakar.


Pour la journée internationale de la presse du 3 mai, la CAP va organiser une marche nationale des travailleurs des médias pour réclamer à l’État des négociations sérieuses sur ces points de revendication.

Au préalable, la CAP va déclencher durant tout ce mois d’avril une vaste campagne au niveau national et international sur les menaces qui pèsent sur la liberté de presse au Sénégal.

 
 
La Coordination des Associations de Presse (CAP), qui regroupe les grands ensembles des organisations de médias au Sénégal, a tenu à s’adresser à l’opinion nationale et internationale parce que l’heure est grave. C’est tout simplement la liberté de presse qui est menacée au Sénégal.
 
Depuis près d’une décennie, aucun acte structurant n’a été posé pour organiser, encadrer le secteur de la communication, notamment des médias. Une stratégie du pourrissement est savamment entretenue. À cet effet, la presse vit une crise multiforme avec des incidences néfastes sur son avenir et le devenir de la stabilité politique et sociale du Sénégal.
Sous diverses formes, la liberté de la presse est sérieusement menacée. Plusieurs facteurs illustrent cette crise des médias au Sénégal :
1.   L’environnement économique
2.   La situation sociale des travailleurs
3.   Les menaces sur la stabilité du pays
4.   La gestion de la Maison de la Presse
5.   Le Code de la presse.
Eu égard à la situation alarmante des médias, la Coordination des Associations de Presse, la CAP, s’est mobilisée pour préconiser un plan d’actions pour une sortie de crise.
A-) ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE DES MÉDIAS
Les entreprises de presse connaissent une crise qui se caractérise par une situation de quasi faillite. Beaucoup d’entreprises de presse sont aujourd’hui en cessation de paiement et ne peuvent honorer ni factures des fournisseurs, ni leurs obligations envers les travailleurs, encore moins leurs obligations fiscales. Plusieurs médias ferment, certains à peine nés.
Les conséquences d’une telle situation de crise font que la presse est de plus en plus sous influence de différents lobbys. Ce qui est dangereux pour la démocratie dans n’importe quel pays.
B-) SITUATION SOCIALE DES TRAVAILLEURS DES MÉDIAS
La profession de journalisme est menacée, en raison de la situation économique et sociale plus qu’inquiétante des entreprises de presse. Les travailleurs vivent un véritable drame social. Les retards de salaire sont devenus monnaie courante et sont admis comme normaux dans certaines rédactions. Beaucoup d’entreprises de presse ne cotisent pas à l’IPRES pour la retraite des travailleurs des médias ou à la Caisse de Sécurité sociale. Plusieurs entreprises de presse n’offrent pas de couverture maladie à leurs employés. Même pour ceux qui sont considérés comme nanties ou privilégiées, la situation est très compliquée.
Du fait de cette crise, on assiste à une fuite des cerveaux du secteur de la presse ou à une clochardisation des hommes et femmes des médias. Ainsi, certains journalistes délaissent le métier dans le meilleur des cas. Et dans le pire des cas, ils sont exposés à la corruption. On constate désormais des relents de presse très partisane, ethniciste et/ou de connivence avec différends lobbys.
C-) SECTEUR DE LA PUBLICITÉ
La publicité est, dans les normes, la première source financière des entreprises de presse. C’est une question très sérieuse. Il faut rapidement des rencontres sérieuses sur cette question avec des règles très précises et transparentes. Ces concertations devraient déboucher vers la réforme de la loi 83-20 du 28 janvier 1983 sur la publicité.
En plus de la mission de service public que nous remplissons, nous voulons une consolidation des emplois créés et un secteur aussi crédible. À ce propos, la presse devra connaître un retour d’ascenseur. Sans elle, notamment les médias privés, il n’y aurait pas eu les deux alternances de 2000 et 2012, on ne parlerait peut-être plus de démocratie au Sénégal. Nous nous battons tous les jours pour l’avancée dans les autres secteurs, une évolution qualitative sur tous les plans. Aujourd’hui, il est grand temps que tous les acteurs travaillent sur un plan national pour sauver la presse.
D-) AIDE À LA PRESSE
L’aide en soi est problématique. Non seulement les 700 millions FCFA alloués annuellement aux organes de presse sont insignifiants, mais sa répartition constitue une vraie nébuleuse. La loi est bafouée par le ministère de la Communication qui est supposée la faire appliquer.
Au lieu d’une aide à la presse, il faut un véritable plan de sauvetage des médias au Sénégal qui prendrait en compte le financement, la fiscalité, l’apurement des passifs sociaux, l’environnement juridique, la publicité, la rémunération de la mission de service public des médias privés.
E-) MENACE SUR LA STABILITÉ SOCIALE ET POLITIQUE DU PAYS
La CAP confirme le Khalife général des Tidianes, Serigne Abdou Aziz Sy Al Amine. Les ingrédients d’une tension sont réunis dans le nord et le sud du pays.
Les fréquences des radios communautaires sont distribuées à tour de bras à des politiques, groupes ethniques et communautaires. Et le plus souvent, ces radios sont instrumentalisées dans des querelles politiques fratricides et exposent ces contrées à des tensions préjudiciables à la stabilité même de la démocratie sénégalaise.
Il y a un ensemble de facteurs qui font que la tendance est tellement lourde qu’une explosion est possible à tout moment. L’expérience de la radio Mille collines au Rwanda est encore fraiche dans les mémoires.
Nous demandons à l’État de faire le point sur l’attribution des fréquences et au CNRA d’être plus vigilant et sévère à l’endroit de toutes ces radios qui menacent la cohésion nationale.
 
F-) MAISON DE LA PRESSE
 
La gestion de la Maison de la Presse révèle encore une fois de plus un manque de considération de l’État vis à vis des professionnels des médias. Dans tous les pays du monde, les Maisons de la Presse sont gérées par les organisations professionnelles ou en concertation avec elles. Sur cette question, la CAP pose un problème de principe.
 
La Maison de la Presse est une revendication des acteurs de la presse satisfaite sous l’ancien président de la République. Une concertation initiée par le ministère de la Communication d’alors avait élaboré les principes de la gestion de la Maison de la Presse, son organigramme, la désignation de son Administrateur, etc.
 
Depuis, le ministère de la Communication a fait table rase de cette concertation et initié une gestion autoritaire de la Maison de la Presse.
 
Toutes les organisations professionnelles, membres de la CAP, dénoncent l’ostracisme dans la gestion de cette institution dédiée à toute la presse. Ces différentes entités, qui ont beaucoup œuvré depuis des années pour la mise en place de cet acquis, ne peuvent comprendre, ni accepter de n’être associées à rien, alors que la Maison de la Presse revient de droit.
La CAP souhaite simplement que l’État du Sénégal, qui avait lui-même initié l’atelier de Somone, respecte l’esprit de ces conclusions afin qu’on puisse parler véritablement de Maison de la Presse.
 
G-) CODE DE LA PRESSE
 
Voilà une des questions les plus importantes pour notre secteur, mais qui ne préoccupe point nos autorités étatiques. Nous avons l’impression qu’elles n’ont pas intérêt à ce qu’on fasse régner l’ordre dans ce métier. Le président de la République a pris plusieurs fois des engagements qui n’ont jamais été respectés. Le ministère est plus préoccupé par la Culture que la Communication. Depuis les travaux de Saly en septembre dernier et quelques rencontres au ministère, nous n’avons plus aucune information sur l’avant-projet de texte.
 
La CAP demande au gouvernement de dire où est-ce que nous en sommes du projet de code. Les organisations des médias avaient formulé des amendements pour garantir la liberté de la presse. Aujourd’hui, nous ne savons toujours pas si le gouvernement veut limiter la liberté de la presse au Sénégal.
 
Cette situation générale des médias au Sénégal est plus que préoccupante et interpelle chaque citoyen sénégalais.
 
H-) PLAN D’ACTIONS
Nous, organisations professionnelles membres de la CAP, sommes fatigués du dilatoire et des volte-face des autorités gouvernementales sur toutes les questions qui concernent la presse. Depuis 2012, aucun des ministres de la Communication qui se sont succédés n’a une fois ouvert des concertations sérieuses sur les difficultés d’un secteur névralgique pour la démocratie sénégalaise.
 
La presse est un secteur clé de la démocratie, mais aussi du développement d’un pays. La stratégie, qui consisterait à tenir en laisse les entreprises de presse, les maintenir sous perfusion, est grosse de tous les dangers pour notre démocratie émergente.
Pour cette raison, la CAP a décidé d’agir pour tirer la sonnette d’alarme et sensibiliser autant les citoyens sénégalais que les autorités étatiques.
 
 Pour rappel les organisations qui constituent la CAP sont celles qui représentent les métiers de journaliste et de technicien des médias au Sénégal. Par ordre alphabétique, vous avez :
1.   APPEL (Association des Professionnels de la Presse en Ligne)
2.   CDEPS (Conseil des Diffuseurs et Éditeurs de Presse du Sénégal)
3.   CJRS (Convention des Jeunes Reporters du Sénégal)
4.   CORED (Comité d’Observation des Règles d’Éthique et de Déontologie dans les médias)
5.   CTPAS (Collectif des Techniciens de la Presse audiovisuelle du Sénégal)
6.   SYNPICS (Syndicat national des Professionnels de l’Information et de la Communication)
7.   UNPJS (Union nationale des Photojournalistes du Sénégal)
8.   URAC (Union des Radios associatives et communautaires du Sénégal)
 
 
 
IGFM



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