Scandale du carburant toxique vendu au Sénégal: Les précisions du ministre de l'Energie

Suite aux résultats de l’enquête de l’Ong Suisse Public Eye indiquant que les traders suisses vendent à 8 pays africains dont le Sénégal du carburant toxique dont la teneur en soufre dépasse de 100 à 1000 fois le taux autorisé en Europe, le ministère de l’Energie a tenté de donner des précisions. A travers le comité national des hydrocarbures, il soutient que le Sénégal contrôle le carburant importé avec la Sar et dispose de la réglementation qu’il faut, tout en reconnaissant que la qualité africaine est en dessous de la qualité européenne.

Depuis la publication de l’enquête menée par l’Ong Suisse Public Eye qui révèle que les traders suisses vendent du carburant toxique à 8 pays africains dont le Sénégal, les explications ne manquent pas. Le Comité national des hydrocarbures (Cnh) du ministère de l’Energie a tenu à faire plusieurs précisions. D’après leur communiqué, «s’il est vrai que le soufre, le monoxyde de carbone et le benzène ont un effet négatif sur la santé parce que favorisant les maladies pulmonaires dont l’asthme, la bronchite et le cancer, l’ampleur que l’on peut donner à ce scoop ou buzz doit être relativisée pour plusieurs raisons».

Dans son communiqué, le ministère de l’Energie indique le Sénégal, comme la plupart des pays organisés, a mis en place un dispositif législatif et règlementaire pour garantir la sécurité de l’approvisionnement en produits pétroliers et le respect des normes de qualité. En atteste le décret 2014-961 du 04 août 2014 fixant les spécifications applicables aux hydrocarbures raffinés au Sénégal et qui s’appuient sur des normes nationales et internationales. Par ailleurs, il est fait obligation à la SAR et à tous les importateurs de procéder au contrôle qualité des produits raffinés sur place ou importés avant leur mise en dépôt.

LA SAR FAIT DES CONTROLES, MAIS AUCUNE RAFFINERIE DE L’AFRIQUE DE L’OUEST NE PEUT SATISFAIRE AUX PRESCRIPTIONS EUROPEENNES

«La SAR, qui a plus de 60% de parts de marché, effectue rigoureusement ces contrôles dans le respect des procédures d’un laboratoire accrédité et qui fait l’objet de tests circulaires avec d’autres laboratoires. C‘est à ce titre d’ailleurs que l’Administration américaine lui a délivré en 2013 un certificat de satisfecit sur des tests effectués sur le jet A1 qui devait servir à l’avion de commandement AIRFORCE ONE», explique le Comité national des hydrocarbures. Par ailleurs, selon le même communiqué, les incidents de Trafigura en Côte d’Ivoire et le problème de mauvaise qualité du fuel de Senelec en 2009 ont poussé l’Etat du Sénégal à revoir ses normes et tout le dispositif de contrôle.

D’autre part, les responsables de Cnh soutiennent que l’étude met plutôt en avant le décalage entre les normes occidentales et celles africaines qui sont moins contraignantes pour plusieurs raisons car, «l’adaptation aux nouvelles normes requière des investissements très lourds, et qui aboutissent souvent à la fermeture de plusieurs raffineries dans le monde. Aucune raffinerie de l’Afrique de l’ouest ne peut satisfaire pour le moment aux prescriptions européennes». Cependant, l’Afrique tente de résorber le gap grâce aux efforts combinés de l’ARA (Association des raffineries africaines) et de la Cedea, en faisant évoluer les normes africaines vers les standards internationaux (AFRI-4 vers 2020 et AFRI-5 vers 2030). Par ailleurs, les auteurs du communiqué s’interrogent sur les motivations réelles de cette Ong vu l’impact sur «l’avenir de l’industrie du raffinage en Afrique, la conquête de parts de marchés par les multinationales dans l’écoulement de la surproduction en carburants, de l’effondrement des cours et de pertes financières, suite de produits pétroliers des pays développés en Afrique, l’importance de l’Afrique et du Sénégal dans le positionnement des multinationales pour contrôler les ressources du pétrole et du gaz».
LAS