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Opinion

SENEGAL: UN PAYS QUI REFUSE LE DÉVELOPPEMENT !


Lundi 14 Juillet 2014

Sur Mohamed Dionne, le nouveau Premier ministre, nous ne porterons aucune appréciation contrairement à ce que nous avions fait pour ses deux prédécesseurs sous l’ère Macky Sall.

A propos de M. Abdoul Mbaye, nous avions écrit, dès le lendemain de sa nomination, qu’il ne nous semblait pas être l’homme de la situation. Par la suite, il nous avait agréablement surpris si bien que nous avions regretté son départ qui nous semblait précipité compte tenu du bon travail qu’il était en train d’effectuer.

En fait, le bon timing aurait dû consister à le garder en place jusqu’après les dernières locales. Mais bon, le président de la République est seul juge de l’opportunité du changement de son chef de gouvernement.

De "Mimi" Touré, qui vient d’être limogée, nous avions dit que c’était une erreur de casting manifeste, soulignant que son équipe était "une dream team sans tête", la tête désignant Mme Touré, bien sûr.

Nous n’avons pas révisé notre jugement la concernant et n’allons pas tirer ici sur une ambulance. S’agissant maintenant du gouvernement Macky 3 dirigé par M. Mohamed Dionne, la seule chose que nous ferons c’est de… prier pour qu’il réussisse tellement les attentes des Sénégalais sont nombreuses et pressantes.

Tout est urgence dans ce pays où, pratiquement, rien n’a bougé depuis avril 2012 lorsque l’actuel président de la République a pris les rênes du pouvoir. Semaine après semaine, nous avons dénoncé cet immobilisme et souligné l’absence de réalisations du successeur du président Abdoulaye Wade.

Entre chasse aux sorcières- sélective- des dignitaires de l’ancien régime, emprisonnements tous azimuts, interdiction de circuler décrété contre l’argent "sale", droits-de-l’hommisation à tout-va, y compris de l’économie dont la conduite est plus soucieuse d’être conforme aux oukases des Ong qu’à l’efficacité, multiplication des institutions mais aussi des organismes chargés de lutter contre la corruption- comme s’il n’y en avait pas déjà suffisamment !-, incompétence globale des hommes et des femmes nommés au gouvernement et à la tête des sociétés nationales… avec tout cela, le Sénégal ne pouvait guère avancer.

C’était à ce point désespérant que nous avions souhaité une défaite de la majorité au pouvoir aux dernières élections locales afin d’inciter le Président à changer de cap. Nous ne ferons pas de jugement de valeur sur le nouveau gouvernement et sur les hommes et dames qui le composent même si, pour l’essentiel, son ossature est la même que celle de l’équipe dirigée par Mme Aminata Touré.

Encore une fois, il ne reste plus qu’à prier car l’échéance présidentielle de 2017 approche à grands pas et il reste deux ans seulement au Président pour réaliser les multiples promesses qu’il avait faites aux Sénégalais. Il lui faudra donc accomplir des miracles pour convaincre nos compatriotes de lui accorder un nouveau bail à cette échéance.

De ce point de vue, l’équipe Mohamed Dionne sera donc celle de la dernière chance. La critique essentielle que nous lui ferons, sans entrer sur le fond, c’est que, pour un gouvernement qui se veut efficace, il est pléthorique, c’est le moins que l’on puisse dire ! En effet, avec 30 ministres, trois ministres délégués et six secrétaires d’Etat, on peut dire bonjour la cacophonie, les chevauchements, les doublons, les incohérences.

Car franchement, a-t-on besoin d’autant de ministres et sous-ministres pour faire tourner un petit pays comme le Sénégal ? Une pléthore qui fait d’autant plus désordre que le président de la République s’était solennellement engagé pendant la campagne électorale, à former un gouvernement de… 25 membres tout au plus.

Autant en a emporté le vent ! Sans compter qu’on assiste à un incroyable saucissonnage qui ne s’explique pas. Un exemple, un seul : avait-on vraiment besoin de créer un ministère qui ne gérerait que les Postes et Télécommunications quand on sait que, d’abord, depuis la mort de l’écrit, la Poste a perdu son lustre d’antan, ne survivant plus que grâce aux services financiers ?

Et quand on sait, surtout, qu’il existe une Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes qui supervise les opérateurs de téléphonie — et la société nationale La Poste — existants ? Surtout, ce dernier secteur, celui des télécoms, a toujours dépendu du ministère de la Communication qui, du coup, sans lui, devient une coquille vide… gérée par un ministre plein et un sous-ministre, sans compter que son titulaire n’est même plus — mais ça, c’est depuis le gouvernement Mimi Touré — le porte-parole du Gouvernement !

L’autre remarque que nous ferons, portera sur la Restructuration des zones inondées, secteur stratégique s’il en est et doté d’un plan décennal d’un montant de 700 milliards de francs sur lequel se jouera en grande partie la réélection du président de la République en 2017 tellement les banlieues sont une bombe.

Peut-on donc confier un secteur aussi stratégique à une jeune femme qui, apparemment, n’a aucune compétence pour le diriger car il relève quand même beaucoup plus du génie civil — ou du génie militaire, tiens ! — que de la politique politicienne ! Sauf si on a voulu privilégier le génie… politique d’une militante de l’APR.

Mais bon, on va s’en arrêter là. On allait quand même oublier : le fait pour le président de la République d’avoir nommé un Premier ministre puis livré la formation du gouvernement dans la foulée est assurément du grand art ! Cela montre en tout cas qu’il est pressé de passer à l’essentiel et c’est tout à son honneur.

En effet, les formations de gouvernements dans notre pays relevaient à la fois du psychodrame et du mélodrame, sans compter le cirque médiatique qui les entourait et qui tenait le pays en haleine parfois pendant 48 heures. Et là, tout s’est fait en une heure à peine. Chapeau ! Pourvu que la suite soit à l’avenant, auquel cas, évidemment, le Président pourrait réussir le tour de force de retourner la situation en sa faveur…

Cela dit, ne demandons pas ce que ce gouvernement peut faire pour nous mais, plutôt, ce que nous pouvons faire pour l’aider à amoindrir les souffrances des Sénégalais et à rendre leur niveau de vie un tant soit peu moins pénible. Car il ne faut pas rêver : les lendemains qui chantent promis ne seront pas au rendez-vous.

Ce qu’il reste, c’est simplement limiter les dégâts. Soyons clairs : pour les Sénégalais, le gouvernement idéal, c’est celui dans lequel ils sont ministres. Sinon, les équipes formées, ça ne peut être que mauvais. Il y a 13 millions de ministrables dans le pays.

Par conséquent, un président de la République aura beau faire, il ne trouvera jamais grâce aux yeux de nos compatriotes. C’est comme ça et nul ne pourra le changer.

Il reste que si nous travaillions chacun un peu plus au lieu de palabrer, d’invectiver nos dirigeants, si nous diminuions les fêtes religieuses et innombrables "magals" et "gamous", si nous nous disciplinions un peu, si nous faisions preuve du minimum de civisme en traversant la rue aux feux rouges ou aux passages cloutés, si nous empruntions les ponts construits pour nous au lieu de traverser allègrement les autoroutes et autres voies à grande vitesse — comme si ces ponts étaient pour les animaux ! —, si nous avions beaucoup plus le culte du bien public, si nous nous efforcions de payer nos impôts, si nous consentions un minimum d’efforts pour la scolarisation de nos enfants, si nous adhérions à des mutuelles de santé pour contribuer à notre prise en charge, si nous payions nos dettes semencières ou d’engrais plutôt que de toujours compter sur un passage d’éponge par l’Etat, bref si nous apprenions à être des citoyens vertueux et travailleurs, peut-être que nous aurions le gouvernement que nous appelons de tous nos vœux.

A défaut, nous serons condamnés, ad vitam aeternam, à chercher des défauts dans tous les gouvernements qui seront mis sur pied.

C’est pour toutes ces raisons que, pour une fois, nous appellerons à laisser le gouvernement de M. Mohamed Dionne travailler en le créditant d’un préjugé favorable. Il ne fera pas de miracles, c’est sûr, cal nul ne peut développer un pays contre la volonté de son peuple.

Le problème simplement c’est que tout, dans le comportement des Sénégalais que nous sommes, va aux antipodes des exigences du développement ! C’est pourquoi, les bailleurs de fonds auront beau déverser des tombereaux de milliards sur notre pays dans le cadre du Plan Sénégal Emergent, ça ne servira à rien et ce pays sera éternellement pauvre… tandis que ses dirigeants seront riches à milliards.

Par exemple, a-t-on jamais vu à travers le monde un pays qui s’est développé alors que ses secteurs éducatif et sanitaire ont fait faillite ? Or, il y a longtemps qu’au Sénégal, malgré les centaines de milliards injectés par l’Etat et les bailleurs, l’Education et la Santé ont foutu le camp.

Ces deux secteurs étant irrémédiablement perdus, tout le reste, et notamment les beaux discours et les promesses lénifiantes, ce n’est que lueurs et, surtout, leurres !

SENEPLUS





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