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Robert Sagna, ancien ministre de l'Agriculture: «Ce n’est pas possible d’atteindre l’autosuffisance en riz en 2017»


Mercredi 3 Février 2016

SENXIBAR- "S’il pleut encore l’année prochaine comme cette année, on peut atteindre l’autosuffisance". Ces propos sont de Robert Sagna. L’ancien ministre socialiste de l’Agriculture revient, dans cette seconde partie de l’entretien avec Le Quotidien, sur les évolutions notées dans le secteur primaire et estime que l’atteinte de l’autosuffisance en riz à laquelle aspire le régime du Président Macky Sall est impossible en 2017. Extrait...


Robert Sagna, ancien ministre de l'Agriculture: «Ce n’est pas possible d’atteindre l’autosuffisance en riz en 2017»
Vous avez été pendant de très longues années ministre de l’Agriculture de ce pays. Aujourd’hui, on nous an­non­ce des chiffres des récoltes mirobolants, notamment sur le plan des récoltes de riz. Les emblavures n’ont pas doublé d’une année à l’autre, on a eu les mêmes quantités d’engrais de l’année dernière et on arrive à faire 54% de récoltes supplémentaires. Trouvez-vous cela logique ? 
Nous avons eu une excellente année pluviométrique. Les résultats que nous avons eus globalement sont vraiment des résultats record. Pas seulement pour le riz mais pour d’autres cultures aussi. Ce qui l’explique, ce n’est pas seulement les terres emblavées irriguées, on a eu au niveau de la culture pluviale des résultats jamais atteints, causés précisément par cette pluviométrie. Pour le «riz de montagne», on a pratiquement triplé ce que nous avions l’habitude d’avoir. C’est ça qui a surtout augmenté la quantité de riz produite. 
Maintenant, vous avez touché un point important, on ne pourra jamais régler définitivement cette question d’autosuffisance, si on n’emblave pas suffisamment, c’est-à-dire si on n’irrigue pas, on ne maîtrise pas l’eau suffisamment. La Fao le disait : «que les pays qui ont atteint l’autosuffisance, ce sont les pays qui ont au moins 25%.» Donc, le quart de l’ensemble de leurs surfaces cultivées, maîtrisées. Nous sommes loin encore de là. C’est-à-dire que ce qu’il s’est produit cette année, si l’année prochaine -ce que je ne nous souhaite pas- l’hivernage se retrouve aux années 73,  nous allons nous retrouver avec 51% de moins. L’autre élément important, aujourd’hui, il nous faut à peu près un million six cent mille tonnes de Paddy pour régler ce problème. 
Mais en aval de la récolte, il faut des équipements pour avoir du riz que les Sénégalais aiment consommer. «Gustativement» il faut des variétés que les gens aiment manger. Il faut également que les équipements de transformation de la récolte existent, sans compter les mesures à prendre pour que cette récolte soit bien séchée, bien traitée, etc. Nous avons une capacité de trituration pour deux cent mille tonnes. Donc, nous sommes loin d’avoir des rizeries pour triturer un millions six cent mille tonnes. Et il faut le faire avant l’année prochaine, puisque c’est en 2017 que nous voulons régler le problème de l’autosuffisance. 

Vous y croyez, en 2017 déjà ?
Non. Du point de vue équipement, je ne vois pas comment on peut, en un an, passer de deux cent mille tonnes de capacités de trituration à un million six cent mille. 

On ne peut pas atteindre l’autosuffisance ?
On ne peut pas. On ne pourra pas avoir les moyens de transformer un million six cent mille tonnes ; même si on le produit. 
Mais c’était tout à fait ambitieux de pousser les Sénégalais à la production. Cela porte ses fruits. S’il pleut encore l’année prochaine comme cette année, on peut atteindre l’autosuffisance. 

Donc, vous voulez dire que toutes les conditions ne sont pas réunies pour la réussite du Pracas (Programme d’accélération de la cadence de l’agriculture au Sénégal), qui a été lancé il y a quelques années ?
Oui, c’est un programme important qui vise un objectif. Mais, on a des facteurs qu’on ne maîtrise pas, notamment l’eau, la pluie. Nous dépendons encore trop de la pluie pour le succès de ce Pracas. 
Au Fleuve, nous avons 240 mille hectares de potentiel. Si nous irriguons la moitié en double culture, ça suffit. Nous n’en sommes pas là. En maîtrise totale de l’eau, nous n’avons pas encore cent mille hectares. Donc, nous avons du chemin à faire. 



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