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Société

Révélations: Les Opex un autre scandale dans la Gendarmerie, selon le colonel Ndaw


Samedi 26 Juillet 2014

Engagée dans ce ce que l’on appelle les Opex, soient les opérations extérieures qui sont des interventions miliaires en dehors du territoire national en collaboration avec les organisations internationales (ONU), la gendarmerie nationale sénégalaise se retrouve devant une « vocation nouvelle » qui, du fait de l’engagement diplomatique du Sénégal, se trouve vite sollicitée par les Nations Unies pour fournir des unités constituées sur plusieurs théâtres d’opérations, notamment à Haïti et au Congo, non sans des indélicatesses dans la gestion et l’acquisition de matériel, note le colonel Abdoulaye Aziz Ndaw dans son livre choc paru aux éditions Harmattan : « Pour l’honneur de la gendarmerie nationale » qui se trouve être, pour le moment, un révélateur sismique.

Ci-dessus, les bonnes feuilles choisies par iGFM :

« Les premières sollicitations arrivent en 2005 et le premier contingent est déployé à Haïti dans les premières semaines du mois d’août. Le contingent Haïti a été préparé, organisé et mis en place par le Général Pathé SECK.

Ce contingent a bénéficié d’une avance du Trésor public de un milliard cinq cents millions, pour se doter d’une logistique conforme aux normes et TED des Nations Unies.

C’est le lieu de saluer le travail remarquable du Colonel Cheikh SENE, qui a équipé cette unité selon les normes re- quises, tout en faisant des économies égales au tiers de la valeur des sommes disponibles.

Cette somme devait servir au maintien en condition des ma- tériels réalisés et soutenir le contingent le temps de la mission. Moi-même, j’ai inspecté les hommes, juste avant leur départ, et le matériel à Haïti, avec satisfaction.

Deux autres unités sont mises en œuvre en fin 2005 pour la RDC avec les problèmes que j’ai évoqués dans la réalisation des matériels majeurs.

Autant Cheikh SENE avait conduit son affaire tout seul mais avec succès, autant des prédateurs patentés vont prendre en main la logistique du contingent Congo et plonger la Gendar- merie dans des difficultés innommables, avec pour conséquence directe la faillite des opérations OPEX.

Au départ du Général Pathé SECK, et suite à mes questions à Cheikh SENE sur certains problèmes de la Gendarmerie, les fonds OPEX bénéficiaient d’une situation favorable, l’Etat avait consenti une première avance de trésorerie d’un milliard cinq cents millions, pour équiper le contingent Haïti. La Gendarme- rie avait pu respecter les normes et mettre le contingent sur Haïti.

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Une deuxième avance de trésorerie de cinq milliards cinq cents millions est consentie pour équiper le contingent Congo qui comprend deux unités.

La consommation de cette avance va, dès le départ, poser problème par deux contraintes imposées par le Général: l’intervention sans expérience des marchés publics du Cabinet du Général, et la mainmise mafieuse sur la Logistique.

Les détournements sont évités de justesse par la non- possibilité des décaissements, du fait de l’absence de marchés publics ; les prédateurs vont se voir opposer la rigueur des pro- cédures financières des agents du ministère de l’Économie et des Finances.

Ces Officiers croyaient que leurs ordres suffisaient pour sor- tir l’argent des caisses de l’état.

Certains de leurs fournisseurs, dont le principal NDIAYE l’Italien, vont en faire les frais et des sociétés-écrans, mises en place pour bénéficier de ces opérations, vont tomber en faillite comme des châteaux de cartes.

Leur incompétence en matière de marchés publics va lour- dement ralentir les décaissements et éviter une banqueroute totale des fonds OPEX.

Les Nations Unies vont exercer une pression totale sur les contingents FPU, aussi bien à Haïti qu’au Congo, par des ins- pections ardues qui refusent d’admettre l’aptitude à 80% des matériels.

Ces inspections permettent aux Nations Unies de déclarer les matériels sénégalais inaptes opérations, et de là, bloquer tous les remboursements.

Le système suppose la réalisation par la Gendarmerie d’un certain nombre de matériels, que les Nations Unies louent pour mener à bien les missions confiées au contingent.

Cette location fait l’objet d’un contrat précis entre le contin- gent et les services logistiques. L’ONU fixe un degré d’aptitude minimum au matériel et rembourse, après une inspection minu-

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tieuse de ses services, qui acceptent ou refusent, selon des normes standard.

L’inaptitude du matériel va empêcher les remboursements matériels tout le temps que je suis resté Haut Commandant en Second dans le cadre des deux FPU Congo.

Les remboursements, dans le cadre Haïti, se feront à une al- lure non maîtrisée, du fait des difficultés du maintien en condi- tion de la logistique déployée dans ce pays meurtri.

Alors que les fonds OPEX des Armées fonctionnent norma- lement sur les mêmes principes, les fonds OPEX Gendarmerie battent de l’aile et se font rembourser difficilement. Les fonds restent positifs du fait de la non-consommation des crédits con- sentis par l’état. Les remboursements des personnels permettent une situation financière favorable.

Les fonds ne peuvent pas, cependant, rembourser les prêts consentis par l’Etat, et une perte sèche est constatée car les Na- tions Unies auraient dû rembourser des sommes importantes et alimenter favorablement les fonds.

Le paradoxe est que le fonds dispose de l’argent prêté par l’état, cet argent, immobilisé par incompétence, aurait dû servir dans d’autres secteurs, comme l’éducation ou la santé.

La Gendarmerie arguera des retards de paiement des Nations Unies pour justifier le non-remboursement des prêts, avec la complicité de personnes haut placées à la Présidence de la Ré- publique, qui aideront le Général à cacher un désastre financier.

Le fonds a de l’argent pour acheter des matériels, assurer le soutien logistique. Le fonds ne peut payer les fournisseurs du fait de procédures non fiables.

Le Général se trouve ainsi avec les mains ligotées et est obligé de faire appel à l’Etat-major pour sortir de l’impasse, après un an de recherche.

Il profita d’une grande réunion de Commandement pour re- cadrer la situation, impliquer l’Adjoint logistique et faire avan- cer le dossier – surtout que le contingent Haïti, qui venait d’effectuer onze mois de présence, était programmé pour un retour.

Le Colonel TINE, Adjoint logistique, avec l’aide de tout l’Etat-major et particulièrement du Colonel Cheikh SENE, fit un travail de qualité pour proposer des solutions, à même de permettre la consommation des crédits, notamment le paiement des fournisseurs à qui une commande régulière avait été faite ; solutions, à même aussi d’assurer le maintien en condition des matériels déployés ; et enfin, solutions pour trouver les maté- riels qui font défaut.

Sur demande du Colonel TINE, le Général effectue une vi- site inspection au Congo pour recenser tous les problèmes du contingent et passer en revue toutes les solutions.

Le Commandant de contingent, Balla BEYE, avec l’aide des inspecteurs des Nations Unies, sortira des comptes tous les ma- tériels défectueux et irréparables.

Le Colonel TINE, sur place, fera reformer les 4/5 des véhi- cules et salvagera les pièces, pour récupérer quelque chose.

Au retour de la mission, il fera prélever des matériels de Gendarmerie, dans le programme SALEH et dans les combines du Ministre Bécaye DIOP, pour trouver le matériel adéquat au contingent Congo.

Ces matériels, appartenant à la Gendarmerie, réalisés sur le Budget national, seront acheminés au Congo pour corriger les errements et les magouilles de l’entourage direct du Général.

Certains fournisseurs, dont NDIAYE, l’italien auront des difficultés pour obtenir le paiement de leurs créances ; l’Etat- major restera muet à leurs sollicitations et ne fera aucun effort particulier pour les aider à recouvrer leurs créances fallacieuses.

NDIAYE continuera de faire le pied de grue chez moi, chez ma mère et dans mes services, pour obtenir ce coup de pouce. En bon gentleman et en Sénégalais, je l’ai reçu maintes fois chez moi, il y prit l’habitude, comme des dizaines de connaissances, de partager mon repas de midi.

La cuisine de mon épouse, fin cordon bleu, était courue par tout Dakar. Il m’arrivait journellement de recevoir à déjeuner une quinzaine de personnes. Certains étaient des amis, d’autres des parents, et enfin, souvent, des personnes qui aimaient la cuisine de mon épouse.

Aucune de ces personnes ne peut prétendre être venue chez moi dans le cadre de la Gendarmerie, pour me corrompre ou m’influencer dans mes décisions. C’était possible, mais je n’ai jamais donné l’occasion à une seule de ces personnes de profi- ter de la situation. Tout se passait en public autour du grand bol de mon épouse et autour des tasses de thé de mon boy guinéen.

A part NDIAYE, je n’ai jamais reçu chez moi des fournis- seurs directs ou indirects de la Gendarmerie. Certains cama- rades officiers me demandaient de recevoir tel ou tel qui cher- chait des marchés Gendarmerie, je les recevais en présence du Colonel TINE, obligatoirement, et du CTGN ou du CAGN, selon le type de proposition que la personne mettait en œuvre.

Souvent, ma réponse finale était d’exiger de la personne de faire une demande d’agrément adressée au Général.

En conséquence, je n’ai eu aucun rôle majeur dans la gestion des fonds OPEX, mon intervention s’est limitée à la reprise en main par l’Etat-major du dossier Congo, pour répondre aux exigences des Nations Unies. Le maître d’œuvre de cette reprise en mains, et de cette seule reprise en mains, a été mon Adjoint logistique, et son travail dans ce cadre mérite des félicitations.

J’ai eu une deuxième intervention, et là c’était pour calmer et dissuader le contingent Haïti qui voulait exiger, sans délai, le paiement de ses primes, suite à son retour de mission.

La Gendarmerie avait des difficultés pour décaisser les mon- tants nécessaires auprès des services du Trésor public. Les procédures étaient mal maîtrisées, et le trésorier avait des difficultés.

J’ai rassemblé tous les membres du contingent au Cercle Mess de la caserne Samba Déry DIALLO. Je leur tins un dis- cours de vérité, de principe, et engageais mon honneur sur le paiement des primes dans les quatre jours qui suivraient mon allocution.

J’avais pu mobiliser grâce, aux fonds FRONTEX, la moitié des droits ; je leur proposai soit de payer la moitié des personnels ou la moitié de leurs droits.

Contre toute attente, et à la surprise générale, un gendarme, un de mes anciens élèves, demanda la parole pour me remercier d’avoir pris mon temps pour venir leur parler. Il déclara à ses camarades la confiance absolue qu’il plaçait en moi et dans ma parole, et sollicitait de ses camarades de me donner les 4 jours demandés.

Une salve d’applaudissements ébranla toute la salle et l’atmosphère se détendit. Les chahuts commencèrent et certains reprirent en chœur mon nom de guerre en scandant “thialki, thialky”.

Je sortis de la réunion, torse bombé et fonçait chez moi me jeter dans les bras de mes enfants, que j’avais sensibilisés sur les difficultés et les insultes auxquelles je m’attendais. »

GFM





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