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Politique

Réunion de mouvements citoyens de la RDC au Sénégal: Dakar fâche Kinshasa


Lundi 14 Décembre 2015

Des opposants et membres de mouvements citoyens de la République démocratique du Congo se réunissent à Gorée depuis samedi. Kinshasa y voit la main de Dakar. Qui dément toute implication. SenePlus a cherché à y voir clair.


Coup de froid dans les relations entre le Sénégal et la République Démocratique du Congo. Kinshasa ne voit pas d’un bon œil que Dakar accueille depuis samedi, et ce jusqu’à mardi, une réunion de personnes déclarées comme opposants et membres de mouvements citoyens congolais. Une rencontre dont le but, dit-on, est de trouver les moyens d’obtenir le respect de la Constitution et favoriser l’alternance en RDC.

La réunion se tient à Gorée, au large de la capitale sénégalaise, loin des yeux et des oreilles indiscrets. Malgré cette précaution, rapporte Jeune Afrique  sur son site, le gouvernement de Kinshasa a été informé. Et du coup, ajoute l’hebdomadaire panafricain, il a manifesté son mécontentement à l’égard du Sénégal.

«Nous sommes choqués que le Sénégal, pays frère et ami, accueille une réunion où l’on planifie des manifestations de rue au Congo, a déclaré à Jeune Afrique, Barbané Kikaya Bin Karubi, conseiller diplomatique du Président Joseph Kabila. Nous réfléchissons à une protestation officielle.»

Démenti de Mankeur Ndiaye

Du côté de Dakar, on botte en touche. «Le Sénégal n’a rien à voir avec cette réunion, jure Mankeur Ndiaye, le ministre sénégalais des Affaires étrangères contacté par SenePlus. C’est faux de dire que nous avons accueilli des opposants congolais, c’est le mouvement Y’en a marre qui les a invités.»

À en croire le chef de la diplomatie sénégalaise, interrogé samedi en fin d’après-midi par votre site, aucune lettre de protestation venant de la RDC ne leur était à ce moment-là parvenue. «Et elles (les autorités congolaises) ne peuvent même pas protester, parce que c’est une réunion privée», ajoute Mankeur Ndiaye.

Selon l’hebdomadaire panafricain, la réunion est initiée par les mouvements citoyens congolais Filimbi  et Lucha, et a été facilitée et financée par les fondations Konrad Adenauer (Allemagne) et Brenthurst (Afrique du Sud). 

Officiellement, c’est un atelier de réflexion sur les processus électoraux rassemblant des hommes politiques africains. Mais, souligne le journal, les débats doivent être secrets et dans la quarantaine d’invités, on trouve essentiellement des membres de l’opposition et de la société civile congolaises.

Les nombreuses tentatives de SenePlus  pour avoir la réaction de Fadel Barro, le coordonnateur de Y’en a marre, sont restées vaines. Par SMS, il nous a confié être «en réunion» et promis de nous rappeler. Se gardant de tout commentaire à propos de l’objet de notre sollicitation qu’il nous avait préalablement demandé de lui préciser. Nous attendons toujours.

Joint à son tour par téléphone par SenePlus, le Premier conseiller de l’ambassade de la RD Congo à Dakar, Didier Mukangu Ngwom, a refusé de se prononcer sur cette affaire. Il concède : «Je vous recommande de passer demain (lundi) à l’ambassade, on vous mettra en rapport avec la personne habilitée à parler de cette affaire.»

Fâcheux précédent

Cet épisode survient neuf mois après un autre qui avait refroidi l’axe Dakar-Kinshasa. Le 15 mars dernier, en marge du lancement du mouvement citoyen congolais Filimbi, des membres de Y’en a marre du Sénégal et Balai citoyen du Burkina Faso, qui prenaient part à l’événement, sont arrêtés. Ils furent accusés de chercher à déstabiliser la RDC

Commentant l’affaire, le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, n’avait pas pris de gant. Il déclarait : «La police estime avoir des raisons de croire qu’il y a une manœuvre de déstabilisation et d’atteinte à la sûreté de l’Etat derrière cette activité de personnes qui se réclament de Y’en a marre et du Balai du Burkina Faso. Donc, ils ont été plus ou moins sous surveillance et on est tombé sur des choses que la police se réserve de mettre à la disposition de la justice».

Mende estime que les Sénégalais et les Burkinabé arrêtés dans son pays ont «organisé des bandes de jeunes pour leur demander de faire mieux que le 19 et 21 janvier où nous avons perdu 27 personnes comme si c’était quelque chose dont il faut se vanter, de faire comme au Burkina».

Et d’ajouter : «Nous n’avons pas l’intention de voir notre Palais du peuple être incendié. Au Burkina, que les Burkinabè s’expriment. Ils sont Sénégalais, c’est bien qu’ils s’expriment au Sénégal. Mais venir faire de la politique en RDC, ça vraiment c’est interdit par notre législation et nous ne pouvons pas accepter qu’ils viennent intoxiquer nos jeunes.»

Le porte-parole du gouvernement semble resté sur la même ligne avec l’épisode de la réunion de Gorée. À Jeune Afrique, il revient sur l’épisode de mars dernier non sans charger le gouvernement sénégalais : «Il y a quelques mois, nous avons reçu un groupe de jeunes gens venus de ce pays (Sénégal) pour apprendre à nos compatriotes comment faire des cocktails molotov et résister à la police. Il y a eu une intervention sénégalaise pour qu’ils soient libérés, ce que nous avons accepté par amitié. Et voici que les mêmes personnes se réunissent dans ce pays sans que le gouvernement ne nous informe. Qui peut entrer au Sénégal sans que le gouvernement soit au courant ?»

Un des organisateurs de la rencontre, cité par Jeune Afrique, rétorque : «Le gouvernement sénégalais n’a rien à voir là-dedans. Il n’avait pas à donner son autorisation. D’ailleurs, ce pays a supprimé le visa payant à l’entrée en mai dernier.»

La situation en RDC s’est crispée avec le projet de révision de la loi électorale qui aurait permis de prolonger le mandat du Président Joseph Kabila, qui prend fin en 2016. La constitution interdit à l'actuel chef de l'État congolais d’en briguer un nouveau. De violentes manifestations contre ce projet de révision constitutionnelle avaient secoué le pays au mois de janvier dernier. Ces mouvements de colère avaient causé des dizaines de morts. Et probablement contribué à raviver les soupçons de Kinshasa à l’endroit de Dakar.

SENEPLUS




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