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Même les beaux petits rayons de soleil, qui se faufilaient entre les nuages pour égayer la petite cité de liberté 6 extension, n’avaient pas réussi à dérider le visage de Mouna. Elle n’a pas dormi de la nuit. Transie par le stress depuis quelques jours, elle en a perdu le sommeil. En effet, ses ennuis prirent naissance vers fin octobre 2016. Exactement, le 25 dudit mois. La jeune dame, qui vivait dans son appartement de deux chambres salon avec un parent, se résout à chercher une chambre en location quand ce parent décida de retourner vivre en banlieue dakaroise. «Je vivais avec un parent dans mon appartement de deux chambres salon. Ce dernier est retourné vivre dans la banlieue. Pour ne pas vivre toute seule, surtout que je suis une femme, j’ai décidé de me trouver une chambre avec une toilette intérieure en colocation. Ce qui me ferait moins de charge aussi. Après plusieurs jours de recherche infructueuse, je suis tombée sur une chambre à la cité Sipres. Et je croyais avoir enfin trouvé l’oiseau rare», relate la dame, quand nous la croisions pour la première fois dans sa recherche. En effet, Mouna avait trouvé une belle chambre avec une douche qu’elle devait partager avec une colocataire ‘‘propre’’ et ‘‘sérieuse’’, comme présentée dans l’annonce.
«Quand j’ai trouvé la chambre, je l’ai visitée, puis j’ai finalisé avec la dame. J’ai déboursé 180.000 francs Cfa pour 60.000 francs Cfa de caution, 60.000 francs Cfa d’avance et 60.000 francs Cfa pour les courtiers. J’ai libéré mon appartement, croyant pouvoir disposer des clés de ma toute nouvelle chambre et finir avec cette recherche effrénée d’une chambre. Mais, ma souffrance ne faisait que commencer» confie-elle. En effet, ayant rendu l’appartement dans laquelle elle vivait, c’est comme si le sol se dérobait sous ses pieds quand la loueuse de la chambre lui annonça que la chambre en question n’était plus à louer. Subitement, Mouna, ainée de sa maman, s’est retrouvée sans toit. «C’est comme si le sol se dérobait sous mes pieds. La dame m’a appelée, elle m’a indiquée que malheureusement qu’elle ne peut plus mettre la chambre à ma disposition. Elle a décidé de me rendre les 120.000 francs Cfa. Et les 60.000 francs Cfa restants, je dois les récupérer chez les courtiers», nous lâche la jeune dame.
Attention, les coûts explosent…
S’ensuivront plusieurs jours de galère, qu’elle partagera avec Seneweb, durant lesquels les deux courtiers, Ibou et Wade, qui lui avaient trouvé la chambre et qui se sont partagé les 60.000 francs Cfa restants, ne lui faciliteront pas la tâche. Ils lui feront croire qu’ils sont en train de chercher une autre chambre pour elle. Un stratagème pour ne pas lui rendre ses 60.000 Fcfa. En attendant, la jeune dame, qui ne savait pas où acheminer ses bagages, est hébergée de justesse par une amie et son époux. Le temps de trouver une chambre où vivre. Dans cette quête, chaque jour que Dieu fait, du matin au soir, elle épluche les sites internet qui publient les annonces immobilières. Mais, le premier facteur auquel elle se heurte, c’est le coût exorbitant du produit qu’elle recherche.
Locataires abandonnés par l’Etat
En effet, finie la période où les chambres se monnayaient à 20.000 ou 30.000 francs Cfa le mois. «Le département de Dakar affiche les loyers les plus chers. En moyenne, un studio est loué mensuellement à 67.000 F Cfa, un appartement à 88.000 F Cfa, une maison basse à 110.000 F Cfa et une chambre à 24.000 F Cfa», renseignait déjà l’étude monographique sur les services immobiliers du logement à Dakar en 2010, réalisée par l’Ansd. Aujourd’hui, la situation est allée de mal en pis. Les coûts de location d’une chambre ont explosé dans sa zone de recherche. En effet, il faut débourser, au bas mot, 50.000 francs Cfa pour avoir une chambre simple, et entre 60.000 francs Cfa et 70.000 francs Cfa pour avoir une chambre comprenant une douche intérieure dans la zone de Sacré-Cœur, cité Keur Gorgui, Liberté 6, liberté 6 extension, Castors, Zone de captage etc. «C’est atroce. C’est comme si l’Etat nous a livré aux fauves. A quoi a servi la loi sur la baisse du loyer si ce n’est d’avoir haussé les prix», peste la jeune dame en détresse.
Les courtiers et leur grosse commission
Pis, si le loyer de la chambre est fixé à 70.000 francs Cfa, le client est soumis à la douloureuse obligation de débourser, au moins, un moins de loyer, une caution égale au mois de loyer et un autre montant égal au mois de loyer qui est gracieusement offert aux intermédiaires. Soit au total, 210.000 francs Cfa distribués au logeur et aux courtiers. Des courtiers présentés par l’Ansd, dans son étude monographique sur les services immobiliers du logement à Dakar, comme des citoyens sénégalais qui ont «pour la plupart, atteint le niveau secondaire (34,0%) ou primaire (13,2%), mais rarement le supérieur (6,6%)».
«Dans la pratique, le demandeur de biens ou services immobiliers verse, à l’entame, un montant forfaitaire au courtier pour avoir le droit de visiter le logement. A la conclusion du contrat de bail ou de cession, le preneur ou l’acquéreur paie pour le service d’intermédiation des commissions indexées en général sur le premier flux de paiement né de la transaction(…). Quant aux frais de commission, le pourcentage moyen que fixent les courtiers est de : 47,1 % du montant du premier mois de loyer». Et les avides exigences de ces courtiers, Mouna les as subies à Castors, à Sacré-Cœur, à Nord foire, comme à la Zone de captage.
Le premier chantage que ces intermédiaires exercent sur le client dans le besoin, c’est de lui exiger des frais de visite, des frais de taxi etc. Indexés pour leur penchant pour l’argent facile, ils n’endossent aucun risque et n’engagent aucun frais. Tout est à la charge du client. «Durant la journée, vous dépensez comme pas possible. Eux, ce n’est pas leur problème. Ils se disent que vous êtes dans le besoin, alors vous êtes une proie facile. Parfois même, quand ils savent qu’ils ont une chambre ou un produit pourri, que vous ne prendrez jamais, ils vous la ‘‘vendent’’ comme si c’était une chambre 5 étoiles, tout en exerçant un chantage sur vous. Car ils vous disent que vous ne pourrez visiter la chambre sans verser 2000 francs Cfa de frais de visite. Et les frais de transport sont à votre charge», confie Mouna.
Des courtiers vraiment particuliers
Mais ces pratiques, peu orthodoxes, sont loin d’être agréées par certains courtiers. «Vous savez, ces genres d’individus gâchent notre travail. On n’a même pas vu la chambre et il vous parle de taxi, de 2000 francs Cfa etc. Franchement, moi je ne travaille pas ainsi», confie un intermédiaire du nom de Seck à Mouna qui cherchait dans la zone de captage. L’homme explique que nombre de clients se font arnaquer par les courtiers qui encaissent leur argent et se fondent dans la nature. Il arrive que des courtiers soient poursuivis en justice pour avoir encaissé l’argent de plusieurs clients pour un seul et même appartement. Mais, dans le besoin, Mouna n’a pas le choix. Avec une dose suffisante de prudence, elle joue le jeu. Mais, c’est sa bourse qui en pâtit.
«Pourquoi je ne loue pas aux dames»
Et quand Mouna n’est pas sur le terrain avec les courtiers, elle a l’attention vissée sur les sites d’annonce pour guetter la moindre offre. Et sur le web, ce ne sont pas les annonces qui manquent. Mais, ceux qui cherchent se heurtent pour la plupart aux strictes exigences des logeurs. Certains refusent systématiquement de louer aux dames, d’autres ne louent qu’à des étudiants etc. « En fait, il y a chaque jour des annonces. Mais quand vous les appelez pour prendre la chambre, dans la plupart des cas, ils te disent qu’ils louent à des hommes. Pas à des femmes. Et quand ils louent à des femmes, c’est pour la plus part des étudiantes étrangères», regrette Mouna.
Des locataires pas du tout saints
En effet, dans le monde de la colocation dakaroise, de telles formes d’exigences sont très fréquentes. Car, beaucoup de d’hommes, de filles aux mœurs légères ou des filles de joie prennent des chambres pour pouvoir librement exercer leur penchant lubrique. Ce qui entraîne des va-et-vient incessants dans le lieu d’habitation, créant des grincements de dents du logeur et même des frictions. Le vieux Sylla, courtier à la Zone de captage, raconte : «Il y a une dame qui vit avec ses deux enfants dans la cité. Elle met en location une séduisante chambre. Mais elle ne veut la louer qu’à une personne sérieuse. Car il l’avait louée à un homme qui, lui aussi, la louait parfois à d’autres hommes qui y amenaient des filles de joie ou leurs copines. Et imaginez la scène. C’est pourquoi vraiment elle veut louer à une personne très sérieuse».
Après une bonne quinzaine de jours, le calvaire de Mouna a enfin pris fin. Elle a pu, au bout d’efforts surhumains, trouver une chambre avec douche attenante, à Ouest foire. Elle a déboursé 195.000 francs Cfa pour avoir les clés. Ses 60.000 francs Cfa, sont toujours entre les mains des courtiers. Mais, pour le moment, elle savoure la quiétude d’avoir enfin trouvé sa douillette petite chambre à elle. Aujourd’hui, comme elle, nombre de Sénégalais qui cherchent des appartements ou des maisons à louer, vivent le même calvaire. La loi sur la baisse du loyer ne semble être qu’un petit verrou, qui a aujourd’hui explosé et les coûts du loyer avec.
«Quand j’ai trouvé la chambre, je l’ai visitée, puis j’ai finalisé avec la dame. J’ai déboursé 180.000 francs Cfa pour 60.000 francs Cfa de caution, 60.000 francs Cfa d’avance et 60.000 francs Cfa pour les courtiers. J’ai libéré mon appartement, croyant pouvoir disposer des clés de ma toute nouvelle chambre et finir avec cette recherche effrénée d’une chambre. Mais, ma souffrance ne faisait que commencer» confie-elle. En effet, ayant rendu l’appartement dans laquelle elle vivait, c’est comme si le sol se dérobait sous ses pieds quand la loueuse de la chambre lui annonça que la chambre en question n’était plus à louer. Subitement, Mouna, ainée de sa maman, s’est retrouvée sans toit. «C’est comme si le sol se dérobait sous mes pieds. La dame m’a appelée, elle m’a indiquée que malheureusement qu’elle ne peut plus mettre la chambre à ma disposition. Elle a décidé de me rendre les 120.000 francs Cfa. Et les 60.000 francs Cfa restants, je dois les récupérer chez les courtiers», nous lâche la jeune dame.
Attention, les coûts explosent…
S’ensuivront plusieurs jours de galère, qu’elle partagera avec Seneweb, durant lesquels les deux courtiers, Ibou et Wade, qui lui avaient trouvé la chambre et qui se sont partagé les 60.000 francs Cfa restants, ne lui faciliteront pas la tâche. Ils lui feront croire qu’ils sont en train de chercher une autre chambre pour elle. Un stratagème pour ne pas lui rendre ses 60.000 Fcfa. En attendant, la jeune dame, qui ne savait pas où acheminer ses bagages, est hébergée de justesse par une amie et son époux. Le temps de trouver une chambre où vivre. Dans cette quête, chaque jour que Dieu fait, du matin au soir, elle épluche les sites internet qui publient les annonces immobilières. Mais, le premier facteur auquel elle se heurte, c’est le coût exorbitant du produit qu’elle recherche.
Locataires abandonnés par l’Etat
En effet, finie la période où les chambres se monnayaient à 20.000 ou 30.000 francs Cfa le mois. «Le département de Dakar affiche les loyers les plus chers. En moyenne, un studio est loué mensuellement à 67.000 F Cfa, un appartement à 88.000 F Cfa, une maison basse à 110.000 F Cfa et une chambre à 24.000 F Cfa», renseignait déjà l’étude monographique sur les services immobiliers du logement à Dakar en 2010, réalisée par l’Ansd. Aujourd’hui, la situation est allée de mal en pis. Les coûts de location d’une chambre ont explosé dans sa zone de recherche. En effet, il faut débourser, au bas mot, 50.000 francs Cfa pour avoir une chambre simple, et entre 60.000 francs Cfa et 70.000 francs Cfa pour avoir une chambre comprenant une douche intérieure dans la zone de Sacré-Cœur, cité Keur Gorgui, Liberté 6, liberté 6 extension, Castors, Zone de captage etc. «C’est atroce. C’est comme si l’Etat nous a livré aux fauves. A quoi a servi la loi sur la baisse du loyer si ce n’est d’avoir haussé les prix», peste la jeune dame en détresse.
Les courtiers et leur grosse commission
Pis, si le loyer de la chambre est fixé à 70.000 francs Cfa, le client est soumis à la douloureuse obligation de débourser, au moins, un moins de loyer, une caution égale au mois de loyer et un autre montant égal au mois de loyer qui est gracieusement offert aux intermédiaires. Soit au total, 210.000 francs Cfa distribués au logeur et aux courtiers. Des courtiers présentés par l’Ansd, dans son étude monographique sur les services immobiliers du logement à Dakar, comme des citoyens sénégalais qui ont «pour la plupart, atteint le niveau secondaire (34,0%) ou primaire (13,2%), mais rarement le supérieur (6,6%)».
«Dans la pratique, le demandeur de biens ou services immobiliers verse, à l’entame, un montant forfaitaire au courtier pour avoir le droit de visiter le logement. A la conclusion du contrat de bail ou de cession, le preneur ou l’acquéreur paie pour le service d’intermédiation des commissions indexées en général sur le premier flux de paiement né de la transaction(…). Quant aux frais de commission, le pourcentage moyen que fixent les courtiers est de : 47,1 % du montant du premier mois de loyer». Et les avides exigences de ces courtiers, Mouna les as subies à Castors, à Sacré-Cœur, à Nord foire, comme à la Zone de captage.
Le premier chantage que ces intermédiaires exercent sur le client dans le besoin, c’est de lui exiger des frais de visite, des frais de taxi etc. Indexés pour leur penchant pour l’argent facile, ils n’endossent aucun risque et n’engagent aucun frais. Tout est à la charge du client. «Durant la journée, vous dépensez comme pas possible. Eux, ce n’est pas leur problème. Ils se disent que vous êtes dans le besoin, alors vous êtes une proie facile. Parfois même, quand ils savent qu’ils ont une chambre ou un produit pourri, que vous ne prendrez jamais, ils vous la ‘‘vendent’’ comme si c’était une chambre 5 étoiles, tout en exerçant un chantage sur vous. Car ils vous disent que vous ne pourrez visiter la chambre sans verser 2000 francs Cfa de frais de visite. Et les frais de transport sont à votre charge», confie Mouna.
Des courtiers vraiment particuliers
Mais ces pratiques, peu orthodoxes, sont loin d’être agréées par certains courtiers. «Vous savez, ces genres d’individus gâchent notre travail. On n’a même pas vu la chambre et il vous parle de taxi, de 2000 francs Cfa etc. Franchement, moi je ne travaille pas ainsi», confie un intermédiaire du nom de Seck à Mouna qui cherchait dans la zone de captage. L’homme explique que nombre de clients se font arnaquer par les courtiers qui encaissent leur argent et se fondent dans la nature. Il arrive que des courtiers soient poursuivis en justice pour avoir encaissé l’argent de plusieurs clients pour un seul et même appartement. Mais, dans le besoin, Mouna n’a pas le choix. Avec une dose suffisante de prudence, elle joue le jeu. Mais, c’est sa bourse qui en pâtit.
«Pourquoi je ne loue pas aux dames»
Et quand Mouna n’est pas sur le terrain avec les courtiers, elle a l’attention vissée sur les sites d’annonce pour guetter la moindre offre. Et sur le web, ce ne sont pas les annonces qui manquent. Mais, ceux qui cherchent se heurtent pour la plupart aux strictes exigences des logeurs. Certains refusent systématiquement de louer aux dames, d’autres ne louent qu’à des étudiants etc. « En fait, il y a chaque jour des annonces. Mais quand vous les appelez pour prendre la chambre, dans la plupart des cas, ils te disent qu’ils louent à des hommes. Pas à des femmes. Et quand ils louent à des femmes, c’est pour la plus part des étudiantes étrangères», regrette Mouna.
Des locataires pas du tout saints
En effet, dans le monde de la colocation dakaroise, de telles formes d’exigences sont très fréquentes. Car, beaucoup de d’hommes, de filles aux mœurs légères ou des filles de joie prennent des chambres pour pouvoir librement exercer leur penchant lubrique. Ce qui entraîne des va-et-vient incessants dans le lieu d’habitation, créant des grincements de dents du logeur et même des frictions. Le vieux Sylla, courtier à la Zone de captage, raconte : «Il y a une dame qui vit avec ses deux enfants dans la cité. Elle met en location une séduisante chambre. Mais elle ne veut la louer qu’à une personne sérieuse. Car il l’avait louée à un homme qui, lui aussi, la louait parfois à d’autres hommes qui y amenaient des filles de joie ou leurs copines. Et imaginez la scène. C’est pourquoi vraiment elle veut louer à une personne très sérieuse».
Après une bonne quinzaine de jours, le calvaire de Mouna a enfin pris fin. Elle a pu, au bout d’efforts surhumains, trouver une chambre avec douche attenante, à Ouest foire. Elle a déboursé 195.000 francs Cfa pour avoir les clés. Ses 60.000 francs Cfa, sont toujours entre les mains des courtiers. Mais, pour le moment, elle savoure la quiétude d’avoir enfin trouvé sa douillette petite chambre à elle. Aujourd’hui, comme elle, nombre de Sénégalais qui cherchent des appartements ou des maisons à louer, vivent le même calvaire. La loi sur la baisse du loyer ne semble être qu’un petit verrou, qui a aujourd’hui explosé et les coûts du loyer avec.