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Racket sur l'homme d'affaires Youssou Gueye : L'autre scandale de la Gendarmerie révélé par le Colonel Ndaw


Mardi 22 Juillet 2014

Racket sur l'homme d'affaires Youssou Gueye : L'autre scandale de la Gendarmerie révélé par le Colonel Ndaw
 En fin août ou début septembre 2005, je reçus la demande d'audience de Youssou GUEYE, un des plus grands truands du Sénégal, dont l'épouse était la nièce de ma femme, par sa mère Ndèye TOURE.
Ndèye TOURE avait l'habitude, chaque fois que mon épouse, sa cousine, était enceinte, de venir l'assister en vivant chez moi durant les derniers mois de la grossesse et les premiers mois après la naissance. J'ai une autorité morale sans faille sur ses enfants que je conseille et guide dans tous les moments impor- tants de la vie.

J'ai une sympathie particulière pour Ndeye Maimouna NDIAYE, épouse de Youssou GUEYE, suite au décès de son fils quelques années plus tôt, décès du à un terrible accident de voiture. Ce jour-là, une après-midi, Ndeye Maimouna était ve- nue chez moi voir mon épouse. Le téléphone sonna et on de- manda si elle était bien avec nous.

La personne ne voulut pas parler aux femmes, elle me parla et m'annonça la mort du fils de ma visiteuse qu'un laveur de voiture venait d'écraser contre un mur.

Je dus faire preuve de maîtrise, de sang-froid et de toute ma sérénité professionnelle pour conduire cette femme sans heurts ni cris chez elle où je retrouvai sa famille éplorée et anéantie.

Je partis à Kaolack pour l'enterrement dans la voiture de Mbaye Kane LO et je connus ce jour-là tous les amis de Yous- sou GUEYE. Dans la voiture, on m’apprit que ce décès avait des choses mystiques et que le père n'était pas étranger à ce qui arrivait à sa famille.

Je ne pouvais refuser cette audience, ayant conscience que ce n'était pas la première fois que Youssou GUEYE me sollici- tait mais qu'en aucun cas, il ne pouvait me faire faire quelque chose de contraire au devoir.

Je le reçus avec beaucoup de méfiance et je m'entendis ex- poser une situation désagréable pour la Gendarmerie.

Lors d'une perquisition, la Section de Recherches de la Gen- darmerie lui avait pris une mallette contenant des lingots d'or, des montres et chaînes en or et des devises dollards et euros, le tout d’une valeur d'au moins une valeur de 500 millions FCFA,

La Section de Recherches, selon ses dires, gardait par-devers elle la mallette et il devait verser chaque mois une somme de 5 à 10 millions pour ne pas avoir maille à partir avec la justice.

Je ne pouvais croire à une telle infamie. J'appelais devant lui le nouveau patron de la SR, le Capitaine Daouda DIOP pour m'enquérir de la situation de la mallette. Cet Officier me certifia ne pas être au courant de cette mallette. Je lui ordonnai d'ouvrir une enquête et de me tenir informé

Vers 13 heures, je rejoignis le Général pour déjeuner avec lui. Nous étions à table, en train de manger, quand le Colonel SOW déboula devant nous, tout en sueur, pour raconter une histoire rocambolesque.
« Une dame, du nom de Madame MARRE, s'était présentée à la Section de Recherches pour prendre possession d'une mal- lette prise sur un criminel de la pire espèce. Elle avait offert la somme de 10 millions à l'Adjudant-chef SARR, Adjoint de la SR pour récupérer la mallette ».

Tout était décrit avec une telle véracité que j'étais interloqué et bouche bée.

Le Général dit alors : « Madame MARRE, quelle madame MARRE ». Le Colonel répondit : « l'épouse de l'intendant Co- lonel MARRE ». Et le Général de répondre : « mais c'est la belle-sœur de Aziz ».
« Ah bon, je ne savais pas ». rétorqua le Colonel

J'appelai aussitôt Madame MARRE pour m'entendre dire qu'elle n'avait jamais mis les pieds à la Gendarmerie.

Je pris mon portable pour appeler le Capitaine DIOP, nou- veau patron de la SR en remplacement du Lieutenant-colonel SOW, en lui demandant s'il avait trouvé la mallette.

Il me répondit par l'affirmative et je lui demande alors de me retrouver avec la mallette chez le Général.
En attendant son arrivée, je suffoquais de dégoût et de colère, et je dus sortir respirer en les laissant seuls avec leurs commen- taires. Le Capitaine DIOP arriva avec la mallette. Je lui fis ou- vrir la mallette pour constater avec le Général les valeurs conte- nues.

Je lui demandai la procédure établie pour cette saisie, il ré- pondit qu’il n'en avait pas trouvé et je lui fis répéter mot pour mot les ordres que j'avais donnés concernant la mallette.

Il les répéta, à savoir deux possibilités : déférer Youssou GUEYE au cas où des indices graves et concordants étaient établis par procès-verbal, ou lui remettre sa mallette s'il n'y avait aucune procédure.
Il n'y avait aucune procédure. Le Général clôt le débat en me disant de remettre la mallette à Youssou Gueye, ce que fit le Capitaine Diop dans l'après-midi.

Entre SOW et moi, entre mon protégé et moi, entre mon élève de l'ENOA et l'instructeur que j'entendais rester, il y a eu ce jour la cassure. J'ai connu SOW à l'ENOA. J'étais Officier instructeur TAM des « deuxième ,troisième et quatrième» pro- motions.

Il était studieux et sérieux, bon élève, fier et courtois, et son classement final lui avait permis de choisir la Gendarmerie comme arme. Il avait été classé troisième ou quatrième à l'exa- men de fin d'année.
J'étais heureux qu'il rejoigne la Gendarmerie et je gardais un contact affectueux avec lui. Ses premières années dans l'Arme furent très glorieuses et il se fit connaître comme un bon officier, engagé et loyal.
Il apprit son métier et fut un bon Adjoint pour mon ami le Commandant DIEYE, Compagend Dakar.
Un incident avec son épouse d'alors nous approcha davan- tage. Il me demanda d'intercéder en sa faveur chez son épouse qui avait quitté le domicile conjugal.

Je partis avec DIEYE chez la dame à la cité ASECNA de OUAKAM pour non seulement discuter avec elle mais encore pour essayer de convaincre ses parents de la faire revenir à la caserne.

Ni elle, ni ses parents ne voulurent plus entendre parler du Lieutenant SOW qui la battait, ne lui donnait pas la dépense et la nourrissait de « chawarma » qu'il n'achetait même pas, parce que gracieusement offert par Haidara de l'Avenue Pompidou.

De plus la mère de SOW, toucouleur, ne voulait pas d'elle comme belle-fille, ce qui vouait le mariage à l'échec. Tous mes efforts furent vains et SOW finit par divorcer et reprendre sa vie de célibataire.

Il continua de me fréquenter et restait mon ami. Il me rem- plaça au titre de la Gendarmerie à la DDSE, que j'avais quittée pour le CENCAR.

La communauté du renseignement nous rapprocha et sou- vent il prenait conseil auprès de moi. Je le soutins avec force et persuasion pendant ses 3 échecs successifs au DAGOS et lui apportais le réconfort en attendant des jours meilleurs. DIRCEL, je souhaitais que la SR lui soit confiée et j'ose dire avoir beau- coup influé sur ce choix.

Je lui conseillai de participer à la première promotion du CEDS avec moi et nous suivîmes ensemble cette formation initiée et voulue par mon ami DIALLO Socrate, un ancien du Prytanée que j'ai beaucoup aidé à monter cette annexe du CEDS de Paris.

Je fis octroyer par le Ministère des bourses aux militaires qui purent s'inscrire et suivre gratuitement cette formation. C'est durant le voyage d'études en France en 2001, que je lui ai pré- senté sa femme actuelle par l'intermédiaire d'un autre faux ami, Cheikh SOUARE de Paris.

Invités à déjeuner chez SOUARE à Ivry-sur-Seine, nous en arrivâmes à parler de la situation matrimoniale de SOW, qui depuis son divorce n'avait pas trouvé chaussure à son pied.

SOUARE lui proposa d'emblée une de ses cousines vivant en France et avec une très bonne situation, fille de l'ancien Pré- sident Guirassy et ingénieur à L’Oréal.

Selon les dires de Souaré, elle était charmante, sérieuse et agréable. SOW donna son accord sur mon insistance. Souaré nous présenta la fille le jour suivant. Le mariage fut conclu dans les mois qui suivaient.
Pendant ma traversée du désert en 2003, SOW chef de la SR fut un des rares Officiers avec Abdou FALL, à me fréquenter et à fréquenter mon domicile. Marié non accompagné, il venait souvent déjeuner chez moi et restait émerveillé par les talents culinaires de mon épouse.

Je l'aimais bien et souvent, moi aussi, pendant mes heures perdues, je le trouvai dans son bureau pour l'écouter, l'encoura- ger et lui prodiguer des conseils.

On était fortement liés et je plaçais beaucoup d'espoir en lui. Il savait qu'il pouvait compter sur moi quelle que soit la situa- tion. Plusieurs fois, et surtout avec le tableau d'avancement, j’ai dû intervenir pour lui permettre de passer l'éponge.

Il s'estimait, peut-être à raison, meilleur que la plupart de ses camarades qui avaient avancé avant lui. Les AET de son âge et son promotionnaire de l’ENOA, Ismaila SARR étaient chefs d’escadron, deux ans bien avant lui à cause du DAGOS.

Je lui citais mon cas avec mes promotionnaires et aucun n'était arrivé Colonel avant moi, alors que tous avaient été Chef d'escadron bien avant.

J'avais tout pour placer SOW dans une équipe de combat et il comptait beaucoup pour moi. Je ne voulais pas le sacrifier sur cette magouille avec Youssou GUEYE.

Je mis cette affaire sur le compte de la mauvaise posture de la Gendarmerie depuis 2000, où le Général Pathé SECK, affai- bli et tenu en laisse par le Président WADE, ne commandait plus. Il avait peur et s'attendait à tout moment à être débarqué. Il avait perdu de sa superbe et de son aura, il n'avait plus l'initia- tive pour quoi que ce soit.

L'indiscipline, la corruption et la gabegie s'étaient installées en système de commandement et chacun en profitait selon ses convictions, ses valeurs et sa foi.

La plupart des Officiers étaient trempés dans des magouilles jusqu'aux coudes et comme le disait Sartre, ils avaient les mains sales. Le Colonel TINE exigea que la magouille soit sanction- née et que SOW soit relevé ; mais je ne pouvais accéder à cette demande sans me parjurer devant le Général à qui j'avais propo- sé SOW, alors qu'il voulait un autre.

Je paierai cher cette forfaiture en ne sanctionnant pas un fourbe et en le laissant dans un poste décisif. Cette histoire sera, tout le temps de ma présence à la tête de l'Etat-major Gendar- merie, exploitée contre moi ; ceux qui l'exploiteront seront les Officiers et Sous-officiers de la Compagnie de Dakar, comme Moctar SOW, Moussa FALL et Amar KANE.

Ces Officiers et Sous-officiers ont largement profité de Youssou GUEYE, qu'ils tenaient sur des dossiers clefs et qui leur versait des sommes prédéterminées, pour assurer non seu- lement sa liberté, mais encore plus grave, lui permettre de con- tinuer ses escroqueries.

Avant que je ne devienne Haut Commandant en Second de la Gendarmerie, Youssou GUEYE agissait en toute impunité et redistribuait aux Officiers de police judiciaire, surtout de la Gendarmerie, qui lui assuraient une protection déterminante dans ses affaires.

Ces gens immoraux ont pensé que je les avais remplacés dans leurs magouilles et agissements délictueux. Forts de tout ce qu'ils avaient eu avec Youssou GUEYE et pour Youssou GUEYE, ils ont cru pouvoir coller ces faits sur ma personne. Ils feront toutes sortes de complots pour atteindre ma personne et salir mon honneur.

Le premier complot sera organisé au niveau de la Section de Recherches, dirigée avec une large laisse par l'intouchable Moussa FALL.

Un des Lieutenants de Youssou GUEYE, du nom de Gas- pard Camara, fut arrêté par une unité de Diourbel. Il fut transfé- ré à Dakar et livré à la Section de Rrecherche sur ouverture d'un dossier Youssou GUEYE.
Les militaires de la Section de Recherches promirent la li- berté à Gaspard sous deux conditions : en premier lieu, il devait leur donner des éléments probants, pour enfoncer Youssouf GUEYE. Il devait en second lieu, accuser le Major Général de la Gendarmerie Nationale de recevoir chaque mois, de Youssou GUEYE, la somme de 5 millions de FCFA pour couvrir ses activités.

Ils mirent une pression énorme sur le pauvre Gaspard qui, sur procès-verbal de la Gendarmerie, accusa le Haut Comman- dant en Second de la Gendarmerie de corruption et de forfaiture.

Ils lui firent croire qu'en soutenant cette accusation, il bénéficie- rait d'une liberté provisoire.
Les accusations étaient tellement graves et tendancieuses que le doyen des juges d'instruction plaça Gaspard sous mandat de dépôt et au secret.

Ayant découvert qu’il avait été floué et manipulé, Gaspard demanda à voir le juge et se rétracta. Le doyen des juges, qui comprit le jeu de dupes renforça le mandat de dépôt.

Des gendarmes, tout comme des amis magistrats m’informèrent de ce qui se tramait ainsi que des complots entre certains Officiers et des réseaux criminels pour abattre un homme de foi et d'honneur qui les empêchait de continuer leur prédation mafieuse.

Gaspard resta en prison, désemparé, et lui-même me fit par- venir des messages contre les réseaux mafieux de la Gendarme- rie qui voulaient ma peau. Je restai sourd à ses messages et mes soi-disant ennemis cherchèrent une nouvelle voie pour me salir avec Gaspard.

Ils firent comprendre à Gaspard que j'étais de connivence avec le Doyen des juges dans le cadre d'une association de ju- ristes et que j'avais juré de le maintenir en prison, voire de le faire tuer pour m'avoir accusé.

Cette fois, ils lui firent écrire une lettre, depuis la prison, adressée à Monsieur le Président de la République pour soi- disant me dénoncer de le maintenir en prison pour soutenir Youssou GUEYE et l'empêcher de tomber. Cette lettre se trou- va hasardeusement dans le courrier du Président de la Répu- blique.
Un des gendarmes qui manipule le courrier fut blessé par cette lettre et l'accusation qu'elle portait contre ma personne. Il en parla avec feu le Major MBENGUE de la Présidence. Ce dernier retira la lettre du courrier et la fit remettre à son promo- tionnaire et collègue le Major SIDIBE, mon ami et frère pour remise.
Je reçus cette lettre et la transmis officiellement au Général pour ouvrir une enquête. Cette enquête aboutit à accuser le Major KANE, adjoint de la Section de Recherches, d'être l'auteur du complot, pour sauver la tête des deux principaux instigateurs, Matar SOW et Moussa FALL.

Matar SOW avait fait preuve de beaucoup de servilité et d'une indignité totale devant l'épouse du Général, Fama DIAW. Il s'était non seulement incrusté dans la famille, en profitant de la faiblesse du Général mais encore plus grave, il était devenu le principal atout de la femme.. La femme portait culotte - comme je l'ai déjà démontré avec les histoires de femmes que le Géné- ral avait pu vivre.

Sow s'était transformé en principal conseiller de cette épouse, qui croyait devoir commander la Gendarmerie par-dessus les épaules de son époux et avec l'appui de Matar SOW.

Fama a toujours douté des capacités de son mari à diriger l'institution et croyait devoir le protéger en veillant jour comme nuit aux décisions qu'il était amené à prendre.

Ses principales sentinelles et armes étaient Matar SOW, ca- pable de toutes les bassesses pour compter et durer, et Moussa FALL qui est l'arme destructeur et à lui seul, une bombe incen- diaire. Depuis le temps des magouilles de Casamance, Moussa est un allié sur et complice qui tient toute la famille FALL.

Moussa FALL était une arme sûre du Général FALL, qui bénéficie de la confiance de toute la famille alors que Matar SOW était une recrue, minable et ambitieuse, qui manipulera Fama selon ses propres intérêts.
A eux deux, ils comploteront, selon des procédés différents non seulement contre moi qui les empêchais d'asseoir leur mainmise sur la Gendarmerie, mais contre les Officiers de Gen- darmerie qui ont pu, par le jeu naturel de l'avancement, prospé- rer bien avant eux.

Leurs échecs répétés au DAGOS, qui justifient pleinement leur retard vis-à-vis de certains camarades, vont les inciter à détruire l'image et le travail de ces derniers, devant la famille du Général.

La plupart de ces Officiers passèrent pour des traites aux yeux du Général, et durent, soit dit en passant, comploter contre lui pour me donner le commandement de la Gendarmerie. Ils furent décrits comme des fossoyeurs décidés à enterrer le Géné- ral, ou, au moins, l'enfermer dans une tour d'ivoire pour me permettre de commander à ma guise la Gendarmerie.

Les réformes menées et les innovations inscrites dans l'agenda furent analysées comme un moyen pour diminuer l'in- fluence du Général au profit du Haut Commandant en second.

Fama n'hésitait pas à m'interpeler, à diverses reprises, sur le courrier Gendarmerie que son mari ne voyait pas. J'étais surpris de cette question soulevée devant le Général et que je ne pou- vais ni comprendre, ni accepter.

La première fois, je fis semblant de ne pas avoir entendu. Elle insista pourtant en m'expliquant qu'il parait que le Général ne voyait pas une très bonne partie du courrier et, qu'en consé- quence, il ne savait pas tout ce qui se passait.

Je lui demandais ce que son mari le Général en pensait. J'en- tendis ce dernier répondre sans grande conviction qu'il était au courant de tout, que c'est lui qui me poussait à signer les choses sans importance qu'il ne pouvait en aucun cas tout signer.

Présente durant cette ultime discussion, mon épouse perçut très mal ces interventions et me conseilla de ne plus signer et d'envoyer tout chez le Général afin de m'éviter des ennuis.

Je lui rétorquai qu'il s'agissait d'un faux problème et que j'étais en phase avec mon patron. Elle me démontra la couardise du Général qui ne faisait pas preuve de grande conviction dans ses réponses.
Moussa FALL tout comme SOW profitèrent de leurs accoin- tances avec le Général pour attaquer des Officiers plus gradés, durant les réunions de commandement, allant même jusqu'à dénoncer leur prétendu comportement ou se permettant de por- ter un jugement de valeur sur leur travail.

Le Général appuyait ces accusations en menaçant ces Offi- ciers de ses foudres et, parfois, en les vexant devant toute l'assistance. Je ne pouvais, selon mon tempérament, encore moins selon mes convictions, assister à ce lynchage sans réagir.

A plusieurs reprises, je dus arrêter les attaques provocatrices de SOW ou de Moussa FALL. Plus grave encore, je dus m’opposer en public à certaines critiques du Général à l'endroit d'Officiers qui faisaient plus que correctement leur boulot, en tout cas beaucoup mieux que les deux fanfarons du Général.
Le cas du Colonel NDOYE de la Légion Centre opposa pu- bliquement le Général et son Cabinet au HCS et son Etat-major. Ce cas fut le plus éloquent de l'arrogance et de la dérive du commandement dont le groupe du Général pouvait faire preuve.

Lors de son tour de parole, le Commandant Moussa FALL, chef de la Section Recherches, attaqua d'emblée le Comman- dant de la Légion centre, le Lieutenant-colonel NDOYE. Il l’accusait de freinage et d'opposition à la volonté du Général.

Selon lui le Colonel NDOYE n'avait rien compris et repré- sentait la race de Commandants de légion qui n'ont pas de place dans la Gendarmerie. Le Colonel SOW, Chef de Cabinet, ren- chérit en accusant NDOYE d'être en marge et de travailler à contre-courant.

Le Général, à ma grande surprise condamna NDOYE et le menaça de le relever de ses fonctions à une nouvelle tentative. Je fis pour la première fois preuve d'indiscipline et arrêtai net le Général.
J'explosai de rage contre Moussa FALL et SOW qui étaient moins gradés et n'avaient en aucun cas le droit d'attaquer de cette façon un supérieur. Sur ce, j'attendais une demande de punition de la part du Commandant de Légion centre.

Le Général se devait en toute circonstance de protéger la discipline, force principale des armées et discipline qui nous impose de respecter et suivre ses ordres sans hésitation ni mur- mure.
L'incident était grave et polluait l'atmosphère. Tous les Offi- ciers supérieurs de la Gendarmerie participaient à la réunion. Le Général n'eut d'autre solution que de suspendre la réunion et de
m'inviter à le suivre dans son bureau. Nous montâmes dans son bureau en laissant les Officiers faire leurs commentaires.

Dans le bureau, nous eûmes une discussion franche et loyale. IL me parla de ses relations spéciales avec Moussa FALL et de la lourdeur de NDOYE qui n'était pas à protéger et qu'il comp- tait sur mon intelligence pour surmonter l'incident.

Je lui fis comprendre que Moussa FALL dépassait les bornes et affaiblissait son commandement en ne faisant pas preuve de discipline. En tout état de cause, il était impossible de surmon- ter l'incident sans remettre les pendules à l'heure.

Il me répondit qu'il me faisait confiance et nous descendîmes pour reprendre la réunion. Dès la reprise de la réunion, le Géné- ral me passa la parole pour commenter l'incident.

Je dus opposer l'engagement et la discipline : engagement qui poussait Moussa FALL à forcer les barrages et surmonter les pyramides, et discipline qui ne nous permettait, ni à moi ni à Moussa FALL, de critiquer l'action de nos Chefs.

En m'accusant publiquement d'avoir fait la même chose que Moussa FALL, du seul fait de mon engagement, je trouvai une solution heureuse à l'incident et la réunion put continuer sans autre dégât.
Cette réunion laissera cependant des vagues et fera l'objet de commentaires dans tous les salons de la Gendarmerie. Il a été retenu que le Colonel NDAO, HCS, avait arrêté en pleine réu- nion le Général et l'avait accusé de favoritisme.

Ceux qui m'aimaient bien expliquèrent ma volonté de mettre la discipline au-dessus de tous les comportements ; ceux qui voulaient ma peau, et ils étaient nombreux, voyaient dans mon intervention, une opposition nette et visible vis-à-vis du Général.

Matar SOW et Moussa FALL enfoncèrent le clou devant Fama en parlant de favoritisme de ma part envers les enfants de troupe, et surtout de NDOYE, qui avait été mon adjoint à la DIRCEL.

Cet incident avait eu le mérite de mettre face à face deux an- tagonismes devant le Général FALL, Haut Commandant de la Gendarmerie et Directeur de la Justice Militaire.

D'un côté, il y’avait moi, dont le principal souci était d'aider le Général à asseoir un grand commandement et un grand destin à la Gendarmerie. Je croyais l'avoir convaincu de ce que l'on pouvait faire ensemble. Je voyais l'enthousiasme de la plupart des Officiers à entreprendre une telle aventure.

De l’autre coté, il y’avait, SOW, Moussa FALL et Fama, dont le but ultime était de mettre en place un système mafieux qui pouvait leur permettre de peser sur les décisions et contrôler les circuits de corruption de la Gendarmerie.

La confrontation entre ces deux sphères était inévitable selon le Colonel TINE, qui voulait que j'ouvre les hostilités en ba- layant d'un revers de main les deux Officiers comploteurs.

Je ne voyais pas la nécessité de la confrontation pour deux raisons. J'étais convaincu de la bonne foi du Général et de son engagement à porter haut la flamme et je me croyais lié par cette amitié, que je voulais franche et loyale devant les épreuves.

Je pouvais admettre la faiblesse du Général envers son épouse et Moussa FALL, mais je ne pouvais croire qu'il perpétue le système de prédation avec tout l'argent qu'il m'assurait avoir reçu du Président de la République. Il y avait là une grosse erreur d'appréciation que je paierais très cher.

PiccMi.Com



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