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Politique

REMOUS DANS LES PARTIS AU POUVOIR ET D’OPPOSITION: LA CRISE DE LEADERSHIP FAIT RAGE


Lundi 17 Février 2014

A mesure que s’approchent les élections locales, on assiste de plus en plus à une crise protéiforme au sein des grandes formations politiques en l’occurrence l’Alliance pour la République (Apr), le Parti socialiste (Ps), le parti démocratique sénégalais (Pds), et, dans une moindre mesure, l’Alliance des forces de progrès (Afp) ou le Rewmi. Mais le dénominateur commun de cette crise, c’est la guerre de positionnement.


Apr : c’est l’embrasement quasi-généralisé

Pour le cas de l’Apr, on assiste partout à des foyers de tension. Aujourd’hui les militants dudit parti ont fini de se lasser du cas Alioune Badara Cissé, officieusement  n°2 de l’Apr, qui a été déchu de son poste de coordonnateur national. Cette pseudo-dualité entre ABC et le Secrétaire général de l’Apr, Macky Sall, a sérieusement ébranlé le parti du cheval avant de s’estomper temporairement. La récente visite du chef de l’Etat à son ex-ministre de la Justice pour lui présenter ses condoléances a mis un peu de baume dans les relations heurtées entre les deux responsables apéristes mais elle n’a pas pour autant débouché sur des retrouvailles.

Ceux qui ont crié à la réconciliation entre les deux ont fait vite de déchanter puisque le voyage du président de la République dans la région Nord  mardi dernier, à l’occasion de l’inauguration de la nouvelle route Saint-Louis - Rosso, a permis à Mansour Faye, le frère de la première dame, de mobiliser foule pour accueillir le président de la République contrairement à ABC qui était absent à la manifestation. Ce qui montre que le feu de la discorde couve toujours sous la cendre entre le Président et son ex-numéro deux. Cette crise n’a pas épargné l’instance faîtière du mouvement national des femmes apéristes.

En effet, on assiste à un crêpage de chignons  au sein de ce mouvement des femmes apéristes entre le N° 1, Mme Marième Badiane, et son adjointe Mme Awa Guèye, première vice-présidente de l’Assemblée nationale. La première accuse la seconde de l’attaquer par l’entremise du Premier ministre Aminata Touré dont elle serait le bras armé et le porte-voix. En réalité, Awa Guèye, qui aspire à occuper le trône des femmes apéristes, reproche à sa présidente de manquer de dynamisme et d’avoir plongé leur structure dans une apathie abyssale. 

La même guerre de positionnement mine présentement la Convergence des jeunes républicains (Cojer). Le coordonnateur Abdou Mbow et Birame Faye, ex-directeur général de l’Anej (Agence nationale pour l’Emploi des Jeunes), sont à couteaux tirés pour le contrôle de la structure des jeunes. En arrière-plan, il y a une guerre sourde que se mènent certains apparatchiks du parti dont chacun cherche à introniser le jeune qu’il parraine. Le combat de Birame Faye n’est pas dirigé en réalité contre Abdou Mbow mais bien contre Thérèse Faye, la directrice de l’agence de la Case des tout-petits, que l’actuel coordonnateur du Cojer veut parachuter avec l’aide du Premier ministre. 

La dernière crise déclarée dans une instance de l’Apr est celle que traverse la Convergence des cadres républicains (Ccr). En effet, la structure dirigée parle ministre  Thierno Alassane Sall est sur le point de connaître une scission suite à la fermeture sélective de son google groupe, espace de communication qui permet aux cadres républicains de produire des réflexions et des échanges sur la marche de leur parti. 

La crise a fini par prendre des proportions au niveau des régions. A Linguère, la bataille fait rage entre Amadou Kâ, PCA du Port autonome de Dakar, et le ministre Ali Ngouille Ndiaye. Les habitants de ladite localité reprochent aux dirigeants de l’Apr de vouloir parachuter Amadou Kâ qui serait en réalité un ressortissant de Thiargny. Le feu s’est étendu à Kébémer où l’actuel directeur des Mines et de la Géologie, Ousmane Cissé fait  grief au transhumant Khalifa Dia, maire de Guéoul, de s’être auto-proclamé coordonnateur départemental. A Mbour, on assiste à un tiraillement entre le président du comité des sages et les jeunes qui l’accusent d’avoir déjà désigné deux militants pour conduire les élections locales. Toutes ces agitations sur fond de guerres de positionnement sont le résultat d’une crise de leadership à la tête de l’Apr.

Toujours est-il que le parti marron-beige est aujourd’hui victime d’une crise de croissance parce que n’ayant jamais été structuré en presque six ans d’existence. On est en train d’assister au syndrome Pds où le chef a droit de vie et mort sur ses militants sauf que le secrétaire général Macky Sall semble avoir perdu le contrôle de son parti parce qu’acculé par les besoins et urgences  du pays. D’où la pertinence de se retirer de la direction du parti et d’en confier démocratiquement les rênes à un homme de confiance.

Pds : toujours le règne de l’autocratie wadienne

Au Pds, c’est toujours le même style de management politicien qui prévaut. Le Secrétaire général national, Me Abdoulaye Wade, avec ses pulsions staliniennes, continue depuis la métropole française ou les pays du Golfe à diriger à sa guise son parti. Tout dernièrement, il chamboulé l’UJTL, la structure de jeunesse, en nommant Toussaint Manga à la place de Bara Gaye rattrapé par l’âge. Une telle décision a fait l’objet de vives contestations de la part des jeunes libéraux qui rejettent une telle nomination antidémocratique et ne répondant pas non plus au profil de celui qui doit diriger une structure aussi stratégique que l’UJTL, laquelle doit être la tête de pont du Pds.

Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, Wade a dissous la fédération nationale des cadres libéraux dirigée par Abdoul Aziz Diop aujourd’hui en détention pour la confier à Lamine Bâ, un proche de Karim Wade. Mais devant le refus catégorique des cadres qui voient en cette énième manœuvre du libéral en chef comme une stratégie de balisage du terrain à son fils, pourtant incarcéré pour cause d’enrichissement illicite, Wade s’est ravisé en attendant de concocter une autre manœuvre anti-démocratique.

Ps : le "mortal kombat" des éléphants

Autre parti qui s’embrase, le Ps. Les divergences de vues entre Ousmane Tanor Dieng et Khalifa Sall risquent de se muer en guerre ouverte. Aujourd’hui, les réformes de l’Acte III de la décentralisation agréé par le Secrétaire général du Ps jurent avec la position des responsables comme Khalifa Sall et Aïssata Tall Sall, lesquels ne partagent pas le projet du président Macky Sall. 

Pour ausculter cette crise entre ténors, il faut remonter à 2009. En vue de la présidentielle de 2012, Khalifa Sall avait déclaré sur les ondes de RFI ceci : "le Ps n’a pas de candidat naturel. Les élections primaires sont prévues par nos textes. Si on avait pensé avoir un candidat naturel, on ne les aurait jamais prévues". Ces annonces de candidature qui sonnaient comme une remise en cause du leadership et de la légitimité du Secrétaire général du Ps avaient eu comme réplique cinglante les propos de Barthélemy Dias, lequel soutenait mordicus que Tanor était le candidat "naturel" du Ps.

Cette posture de l’édile de Mermoz-Sacré-Cœur détonnait avec celle de son homologue du Plateau, le maire Alioune Ndoye qui avait affirmé par la suite dans le quotidien Wal Fadjri que le Ps n’avait pas de candidat naturel. A l’époque, on avait même suspecté ce dernier d’être le porte-voix de Khalifa Sall, lequel maintenait le suspense sur ce débat de candidature qui ressuscitait les démons de la division au sein du Ps. Barthélemy Dias avait même flétri ce comportement indécis du maire de Dakar dont les actes posés depuis son installation à la tête de la mairie de la capitale laissaient entrevoir une éventuelle candidature à la présidentielle de 2012. 

Il faut rappeler aussi que le différend du leader des Jeunesses socialistes avec son camarade de parti Khalifa Sall remonte  à 2009 quand le nom de Barthélemy Dias, édile de Mermoz-Sacré Cœur, ne figurait pas parmi les 18 adjoints au maire de Dakar, ni parmi les quatre postes de secrétaires élus lors de l’installation de l’équipe municipale de la mairie de Dakar. A l’approche de la présidentielle de 2012, alors que le Ps n’avait officiellement pas désigné un candidat, les réunions du bureau politique devenaient de plus en plus houleuses. Ainsi, les gènes scissipares qui avaient gangrené la formation de Léopold Sédar Senghor au point de pousser des éléphants comme Djibo Ka et Moustapha Niasse à claquer la porte entre 1996 et 1998 refaisaient surface.

La remise en cause de Khalifa Sall et d’Alioune Ndoye du leadership et de la légitimité du secrétaire général du PS mettait à nu la bataille des éléphants socialistes. Pour mettre un terme à ce déchirement qui risquait de nuire aux chances présidentielles du futur candidat socialiste, le parti de Léopold Sédar Senghor organisa le 12 octobre 2011 des primaires à l’issue desquelles, Ousmane Tanor, sans rival, sortit vainqueur en obtenant un score stalinien de 8.461 suffrages sur 8.463 suffrages valablement exprimés, soit un taux de 99,86 %.

Khalifa Sall ayant flairé que terrain de la candidature était miné,  s’était abstenu de se présenter contre Tanor en bonne posture pour écraser tout rival velléitaire. Le 10 février 2012, le candidat socialiste rend public son directoire de campagne dirigé par Serigne Mbaye Thiam. Khalifa Sall, écarté du poste qu’il avait occupé à la présidentielle de 2007, se retrouve avec celui de l’orientation politique et stratégique. Par la suite, certains socialistes ont jugé molle la campagne qu’il a battue pour le compte de la coalition "Benno ak Tanor". Au finish, le Ps est arrivé loin derrière le Pds, la coalition "Macky 2012" et Benno Siggil Sénégal de Moustapha Niasse dans la capitale, bien qu’un de ses responsables en dirige brillamment la mairie. 

Ousmane Tanor Dieng, qui avait déclaré  que l’élection présidentielle de 2012 était sa dernière, semble être rattrapé par la real-politik. Car rien, aujourd’hui, dans ses actes et propos ne laisse transparaître une volonté de sa part de passer la main. Et ce même s’il avait parlé de candidature à la présidentielle et non de se retirer de la direction du Parti. Grosse nuance !  D’ailleurs le jeune député Barthélemy Dias a encore laissé entendre que seul le Secrétaire général porte toujours la candidature du Ps.

Une manière filigranée pour dire que Tanor reste encore le seul maître à bord au sein du Ps. Ce que les partisans de Khalifa Sall n’entendent pas laisser passer. C’est pourquoi, certains de ses partisans dont les jeunes responsables Youssou Mbow et Aminata Diallo multiplient les déclarations sur fond de provocations pour pousser Tanor à céder le fauteuil à leur mentor, seul responsable socialiste, selon eux, capable de conduire victorieusement le Ps à la prochaine présidentielle.

De plus en plus, le Ps présente deux blocs antagonistes qui se livrent pour l’instant des duels à fleurets mouchetés. L’actuel maire de Dakar n’a pas apprécié que le Secrétaire général du Ps avalise l’Acte III de la décentralisation qui veut réduire les pouvoirs des maires des villes principalement ceux de la ville de Dakar. La bataille des chefs au sein du Ps ne fait que commencer puisqu’elle ira crescendo à mesure que les élections locales qui aiguisent davantage les appétits s’approchent. Au-delà, Ousmane Tanor Dieng semble jouer la carte du président Macky Sall pour la présidentielle de 2017. Une telle posture-compromission n’est pas appréciée par les pro-Khalifa qui aspirent à voir vaille que vaille leur mentor accéder  dans trois ans à la présidence de la République.

SENEPLUS




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