Portrait – Sibeth Ndiaye : Le fil qui tisse encore l’Histoire Sénégalo-française

Sibeth Ndiaye est la fille cadette de Feu Fara Ndiaye, membre fondateur éminent du PDS, et de la magistrate émérite, il y a peu de temps disparue aussi, Mireille Ndiaye. Bon Sang ne saurait donc mentir. La Grande Histoire emprunte parfois de légères anecdotes pour donner du sens à un cours qui sans elles, ne serait qu’anodin. Emmanuel Macron est sorti 5° de l’ENA, dans la promo Léopold Sédar Senghor. Avant lui, la candidate à l’élection présidentielle de 2007, Ségolène Royal était native de Ouakam, et François Hollande a eu jadis à être le congénère de notre ancien Premier Ministre Abdoul Mbaye à HEC.

De petites histoires que nous aimions de manière légère et désinvolte rattacher à la Grande, celle de nos relations ancestrales et souvent tumultueuses avec la France. Et voilà que nous découvrons aux côtés du nouvel homme fort de la France, une jeune femme, énergique en diable, aux dreadlocks assumés dans ce monde ampoulé, qui parle à son oreille et le bride de ses conseils en communication, autant qu’elle régule et cadre ses prises de paroles, tout en balisant ce qui pourrait entacher son image. Sibeth Ndiaye est de la garde rapprochée d’Emmanuel Macron et a participé avec son talent à sa victoire.

Cette sénégalaise, qui a acquis la nationalité française sur le tard, en 2016, nous lie un peu affectivement à Macron, ne serait-ce que par fierté. Une rencontre se fait toujours à deux. « Je l’ai rencontré pour la première fois à l’Elysée. Il était secrétaire général adjoint, et je travaillais pour Arnaud Montebourg. Il était d’un abord agréable, avec beaucoup d’humour. Mais je n’ai pas eu à l’époque l’occasion de travailler avec lui, mais quand il lance « En marche! » en avril 2016, j’ai décidé alors de le suivre ». Quelle a été sa motivation, elle qui avait commencé sa vie associative et militante à l’Université ? « La volonté de transcender les clivages existants, la tentative audacieuse pour essayer autre chose, et le sentiment que ça ne pouvait plus continuer comme avant, que les appareils existants ne réfléchissaient plus sur le monde et ses évolutions ».

La fille de Fara Ndiaye, connu pour sa combativité est séduite par l’audace de ce jeune ministre plein d’allant, qui les motive avec ce type de sentences définitives : « Ne venez jamais me dire qu’on ne peut pas faire telle ou telle chose parce qu’on ne l’a jamais fait auparavant. » C’est quelqu’un de très libre et qui cherche en permanence à questionner le monde ». Des gestes affectueux et quelques convictions en partage font le reste. « Nous partageons aussi un amour de la langue française et en particulier de la poésie. Je me rappelle toujours avec émotion qu’au décès de ma mère, il avait eu la délicatesse de m’offrir un livre de Roland Barthes, Journal de Deuil. Il m’a servi de livre de chevet pendant de longs mois ».

Ses origines africaines inclineront-elles la vision du Continent Noir que pourrait avoir son patron ? A écouter Emmanuel Macron, « Le développement de l’Afrique ne se fera pas de manière classique, mais beaucoup plus rapidement, notamment grâce au numérique, aux nouvelles technologies, aux questions liées à l’environnement. Dès les premières semaines de mon mandat, j’engagerai donc une nouvelle politique en direction du continent africain, fondée sur la liberté et la responsabilité, avec des priorités claires : la sécurité, la lutte contre le changement climatique, les droits des femmes, l’éducation et la formation, les infrastructures, notamment pour l’accès à l’énergie et à l’eau, et le développement du secteur privé, en particulier celui des PME africaines, qui sont créatrices d’emplois ». J’entends également approfondir nos relations avec les acteurs de la société civile et les opérateurs économiques. C’est vital pour en terminer avec certains réseaux de connivence franco-africains et des influences affairistes qui, on l’a vu, subsistent malheureusement dans le système politique français, en particulier à droite. »

Un autre lien se tisse avec le Sénégal à côté de Sibeth Ndiaye. Il se nomme Alexandre Aïdara, natif de Dakar aussi et aujourd’hui investi comme candidat de « La République en Marche » à Aubervilliers pour les législatives du mois de juin. D’ici-là, Sibeth sera passée si Dieu le veut de responsable de la communication du candidat Macron à responsable de la communication du Président de la 5° puissance mondiale. Ce n’est pas le même boulot. Mais si tous les sénégalais priaient pour sa réussite à elle, la France pourrait nous dire Merci et qui sait, nous contaminer dans la manière de rajeunir notre classe politique et dans l’audace qui dessine tous les futurs radieux.

IGFM