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Société

Pari foot : Le nouveau pari des jeunes vers la déperdition (Enquête)


Lundi 4 Mai 2015

Si le phénomène de l’immigration clandestine fait rage, eût égard à son lot de morts, il y a aussi un jeu de loto qui fait le buzz aujourd’hui à Dakar et sa banlieue, avec également son lot de déperdition scolaire, c’est bien le pari sportif «Parifoot». Ce jeu est pour les jeunes, une alternative à la situation économique difficile. Cependant, les sociologues, les Sénégalais, ont, dans l’unanimité condamné ce nouveau fléau de la cité, qui, si des mesures fortes ne sont pas prises par les autorités étatiques, quand on sait qu’il est interdit aux moins de18 ans, risque de décimer toute une génération. A travers ce mini-reportage effectué dans la capitale et sa banlieue profonde, gfm.sn tire la sonnette d’alarme.
Véritable opium des jeunes. «Une drogue dure des temps modernes». Les adeptes du jeu de Pmu ont tous confié, que le Pari Foot a pris des proportions inquiétantes depuis la dernière coupe du Monde. Ce, du fait que les jeunes investissent tôt le matin des kiosques, bousculant parfois, les clients traditionnels de Pari mutuel Urbain (Pmu) souvent des vieux à la retraite, qui misent sur la course des chevaux. Ici, la passion c’est le football. Ainsi, après la coupe du monde, ce sont les championnats européens qui font les choux gras des jeunes dans les kiosques.
Le jeu, une véritable chance, consiste à choisir des matchs de foot, en donnant le score. Quand les choix sont saisis dans une petite machine, une somme sort par hasard et le gérant remet le ticket au parieur contre 300 F, selon. Si les choix sont justes, le parieur empoche la somme qui était sortie de la machine bien avant que les matchs ne soient joués. Si par contre, un seul choix est faux, tout est perdu. La chance s’estompe. Raison pour laquelle, beaucoup jouent seulement pour une mi-temps, ici dit-on, le risque est moindre que de parier pour la fin du match. Beaucoup de jeunes qui maitrisent le championnat européen, misent sur Barça et son rival de tous les temps, le Real, d’autres entre le Milan AC et la Juventus, entre Machester City et Chelsea, ainsi de suite…
Dans la capitale, sa péri-banlieue et dans sa banlieue profonde, les devantures des kiosques de
la loterie nationale sénégalaise (LONASE) sont tôt le matin envahies. Parcelles Assainies, Ouest-Foire, Nord-Foire, Grand-Yoff, Castors, Liberté 5 et 6, Scart Urbam, Hlm, Colobane, bref, partout à Dakar, le constat est le même : le pari foot occupe les jeunes. Les kiosques de Pmu ne désemplissent pas, de 8 heures à 15 heures, c’est la ruée, tout rythmé par des conversations et les vociférations de victoires. Il est devenu la principale passion prenant le dessus sur tous les autres loisirs. A Liberté 5, à un jet de pierre de l’IPG, les deux kiosques de la LONASE côté à côté, refusent tous les jours des jeunes qui y passent pour parier, soit pendant la recréation, soit pendant la descente à midi et même à 14 heures.
C’est dans la banlieue dakaroise, le décor devant les kiosques est ahurissant. A Pikine, au kiosque installé face au Cem Canada, il a fallu atteindre une demi-heure pour soutirer un mot du gérant, tellement que l’affluence était débordante. Si certains jeunes gens, trouvés sur place veulent attendent le weekend avec l’entrée en lice des grosses pointures des championnats européen par le choix de grandes équipes : Barça, Réal, Man U, Bayern, d’autres par contre, font la queue comme pour entrer en classe, afin de pouvoir jouer. Sous le sceau de l’anonymat, le gérant aidé par une dame, explique que le pari foot fonctionne très bien en banlieue. «Il nous arrive de faire de très bonnes recettes en un temps record», a-t-il clamé. L’un des jeunes à peine 16 ans, mine renfrogné faisait attention à notre présence sur les lieux, n’a voulu pipé pour répondre à notre première question. Finalement, avec la joie de gagner une petite somme lui permettant de résoudre certaines de ses équations financières du jour, il a enfin trouvé nécessaire de jeter deux mots à notre micro. «C’est à partir des 300 F Cfa que mes parents me donnent tous les jours ouvrables que je fais des économies pour jouer au pari foot. Dés fois, je reste en classe toute la matinée sans prendre mon petit-déjeuner, préférant jouer au pari foot. Le jour que j’ai misé le moins, c’est ce jour contre toute attente, que j’ai empoché ma première forte somme estimée à 33 000 F Cfa. Depuis lors je ne gagne que des sommes insignifiantes. J’ai décidé de ne plus jouer, car non seulement sa prend mon temps, mais aussi, ça me rend davantage plus pauvre», a-t-il confié.
A sa suite, Insa Ndiaye, âgé de 20 ans, n’a d’yeux que le Fc Barça. «C’est Barça avec Messi qui ont fait que je parie, mais je n’ai jamais reçu une forte somme. Avec l’argent gagné, je me suis payé un ensemble sportif du Barça», a dit le fan de l’argentin. Ici, parier pour avoir des sous et subvenir à ses besoins, semble être le mot le plus partagé. Car, tous ceux qui se sont confiés à nous, affirment avoir gagné plusieurs fois. C’est le cas du jeune Ibrahima, sac à dos en bandoulière, il révèle «je joue pour aider ma maman. A 17 ans, et en tant que jeune écolier en classe de 3ème, je suis soutien de famille. J’aide ma Maman à joindre les deux bouts. C’est pourquoi, il arrive des fois qu’elle me donne de l’argent pour aller parier et à chaque fois, je reviens avec quelque chose à la maison», a révélé le jeune pikinois. Selon le gérant, «les plus aisés paient au pris fort le ticket et les plus moins aisés s’associent souvent pour jouer et une fois gagner, la somme est partagée. «Tous les jours je parie à hauteur de 1 000 F Cfa. J’ai une fois gagné au-delà de 60 000 F Cfa et c’est cela qui m’a dopé. Je ne fume pas, je ne prends pas de l’alcool, mais à part les études, les kiosques sont ma deuxième école», a confie un lycéen de 21 ans.
Interdit aux moins de 18 ans

Une phrase galvaudée mentionnée sur tous les kiosques. En, effet, rares sont les gérants qui respectent cela, car beaucoup sont obnubilés par l’appât du gain fa cile. Parce qu’il arrive dit-on, que des jeunes entre 16 et 17 ans, jouent au pari foot et les vendeurs n’ont pas ignoré que c’est contraire à la loi. Dans certains lieux, le sujet est tabou. C’est le cas du gérant du kiosque du Cem Canada. En lieu et place d’une réponse exhaustive, il m’a jeté à la figure de lui laissé accueillir ses nombreux clients de peur que certains aillent voir ailleurs. «Je ne peux pas refouler un jeune parieur, fut-il de 16 ans. Souvent, ce sont les parents qui les envoient jouer à leur place pour espérer gagner, une fois loupé au Pmu», n’a-t-il lancé. Les informations mises à notre dispositions soutenant qu’il arrive que des gérants encaissent entre 8 et 12 heures, un million de F Cfa, n’ont pas été conformées, ni infirmées par des gérants interrogés en ce sens. «Non, je ne peux pas vous dire combien je ne encaisser entre 8 et 12 heures. Ce qui est sûr, tous les jours, on repart avec de fortes sommes», a dit le jeune gérant d’un kiosque aux Parcelles Assainies.

Une véritable déperdition scolaire
Le pire est à craindre. Car, avec le pari foot, c’est l’avenir de toute une génération qui est en jeu. Non seulement le phénomène prend une grande ampleur, mais surtout, il déteint sur les études des jeunes collégiens et lycéens. Ce qui a fait sortir de ses gongs M. Tall, professeur de philosophie rencontré à Pikine. «Les élèves sont les principaux responsables, mais, aussi, les parents qui n’éduquent plus leurs enfants sont responsabilités. Ils ne contrôlent plus les enfants à la maison, ils sortent quand ils veulent et rentrent quand ils veulent», a-t-il soutenu. En effet, beaucoup sont des jeunes qui laissent entendre que «c’est l’argent de leur petit-déjeuner qu’ils utilisent pour parier, cependant, il n’en demeure pas moins que certains subtilisent l’argent de leurs parents pour aller jouer au pari foot. Ce, comme ce jeune rencontré à Guédiawaye. Frêle, Ousmane Samb, dit ne jamais gagner au pari foot, alors qu’il joue depuis la dernière coupe du Monde. Pis, selon certaines indiscrétions, des jeunes demandent de l’argent à leurs parents pour l’achat de fournitures, alors que la somme est destinée à aller tenter sa chance au pari foot.
Les pouvoirs publics interpellés
Face au danger, si les parents d’élèves sont interpellés, l’Etat par ses démembrements et ses services compétents doivent avant qu’il ne soit tard, prendre les choses en mains. Car, autant la scolarisation des jeunes reste une priorité de taille pour les nations, autant il faut aussi veiller sur les phénomènes qui favorisent leur déperdition. Les Ministères de la Jeunesse et de l’Emploi, le Ministères de la Justice, celui de l’Intérieure entre autres, sont tous interpellés au premier chef.

GFM





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