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Orange business... sévices: Orange en flagrants délits de sous déclaration


Lundi 1 Février 2016

Recettes sous-évaluées, festin des crédits non consommés, projet d’externalisation, deal inacceptable proposé à l’État pour la 4G, jeu trouble de l’ancien DG Cheikh Tidiane Mbaye...


Des documents officiels ont montré que depuis des années, l’opérateur Orange, dépendant de Sonatel, présente à l’Etat du Sénégal des bilans comptables dans lesquels des recettes assez importantes, sur le service mobile notamment, sont fortement sous-évaluées. Et plusieurs services taxés rapportent de l’argent qui n’apparaît nulle part dans la comptabilité de la compagnie. Au détriment des usagers.

Le boycott de la licence 4G par les opérateurs de téléphonie a soulevé beaucoup de passion et conduit à des échanges assez vifs entre les pouvoirs publics, représentés par l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) et la Sonatel, qui par la force des choses, s’est présentée comme chef de file du groupe des opérateurs de téléphonie au plan local. On sait que, ulcérée par l’attitude de ces opérateurs, l’Artp a décidé de les exclure de l’appel d’offres international qui sera relancé pour l’attribution de la licence 4G.

En attendant de voir si cette volonté sera maintenue jusqu’au bout, on sait que les autorités sénégalaises se sont donnée les moyens de discuter en position de force, si pas avec tous les opérateurs, du moins avec le plus puissant d’entre eux, la Sonatel Orange.

C’est ainsi que Le Quotidien a pu prendre connaissance des données en possession de l’Etat qui montrent que la Sonatel ne joue pas toujours franc-jeu dans ses relations avec l’Etat et ce, sur plusieurs plans. L’un des plus importants et qui concerne les ressources financières indique que depuis un certain nombre d’années, les ressources déclarées par la Sonatel semblent en deçà de ce qu’elles devraient être.

Un gap de 400 milliards de francs sur le mobile

Une enquête réalisée de manière minutieuse par les services du gouvernement sénégalais a pu démontrer de manière irréfutable et en partant des documents internes à la compagnie que la Sonatel présentait des chiffres évalués à la baisse en ce qui concerne ses recettes.

Les documents que Le Quotidien a pu consulter démontrent que, pour la période qui va de 2011 à 2013, s’agissant de la téléphonie mobile, c’est de manière quotidienne environ 1 milliard de francs Cfa des crédits de téléphone prépayés, utilisés par la majorité de clients d’Orange, qu’a encaissé la société. Il s’agit là des données qui incluent aussi bien les puces Orange que Kirène avec Orange. Rien que ce montant, étalé sur une année, représente déjà environ 365 milliards Cfa de recettes.

De même, les enquêteurs de l’Etat ont pu démontrer que si on y ajoute les chiffres concernant la clientèle Teranga, on se retrouve avec 370 ou 380 milliards de recettes annuelles. Et cela ne prend pas en compte le fixe ou internet.

Bon an mal an c’est un gap de plus de 400 milliards que l’on note pour la période. Or, l’utilisation de la téléphonie mobile au Sénégal a connu pour cette période une croissance exponentielle qui a bénéficié principalement à Orange, car dans le même temps, c’est des chiffres bien en deçà de ceux-là qui sont répertoriés dans les bilans comptables de Sonatel. En effet, le bilan financier que la compagnie de téléphonie a présenté à l’Etat indique pour la même période des recettes de l’ordre de 270 milliards de Cfa par an pour le service du mobile dans sa globalité.

Pour comprendre l’origine d’un gap aussi important, le gouvernement a demandé des explications au Top management de Sonatel, ainsi qu’aux membres du Conseil d’administration, auxquels il a présenté les résultats de son enquête. Malheureusement à ce niveau, il n’y a pas eu d’explications convaincantes, plutôt des gens qui s’enfonçaient en voulant se dédouaner.

Or, les montants en jeu sont trop importants et trop durables dans le temps pour n’être que le fruit d’une erreur. Mais à ce niveau d’information, les voix officielles ne s’aventurent pas encore à émettre d’hypothèse, bien que certains, en privé, n’écartent pas celle d’une évasion fiscale ou de détournement de capitaux.

Mais le scandale ne s’arrête pas là, en ce qui concerne la clientèle prépayée.

Pour qui sonne le Dalal tone ?

Les enquêtes de l’Etat ont pu mettre à jour, pour la même période allant de 2011 à 2013, les services non consommés, principalement les crédits des clients prépayés dont le délai d’utilisation est arrivé sans que l’utilisateur ne les ait consommés. Ils représentent 15 milliards de francs Cfa. Et les frais pour les sonorités dites «Dalal tones» que l’on entend avant que notre interlocuteur ne décroche ont représenté, pour la même période, plus de 4 milliards de francs Cfa.

Retour aux 30 milliards

Tous ces chiffres ont permis, entre autres, aux autorités qui ont supervisé l’appel d’offres pour la 4G de montrer aux dirigeants de Sonatel que ce n’était pas, en dehors de leur benchmarking biaisé avec le Maroc ou d’autres pays voisins, une question d’argent qui pouvait l’empêcher de s’aligner sur un appel d’offres au prix plancher fixé par l’Artp. Rien qu’avec le montant des crédits payés et non consommés, la Sonatel pourrait en 6 ans récupérer largement les 30 milliards demandés par l’Etat. Sans compter que la 4G pourrait lui apporter une clientèle supplémentaire.

En conséquence, assurent des personnes proches du dossier, face aux nombreuses évidences qui leur ont été présentées, les dirigeants de Sonatel ont voulu revenir à des meilleurs sentiments en ce qui concerne la licence 4G. Ils auraient ainsi discrètement approché les services de l’Etat pour indiquer que la compagnie était dorénavant disposée à payer les 30 milliards demandés, à la condition que les partenaires officiels annoncent publiquement que c’est plutôt la moitié qui aurait été déboursée.

La raison ? Les dirigeants de Sonatel craindraient que d’autres pays ne cherchent à s’aligner sur le montant payé au Sénégal s’ils apprenaient la vérité. Pour le moment, les plus hautes autorités ont dit niet et font comprendre que l’appel d’offres international sur la 4G qui sera lancé exclura les opérateurs qui, par leurs manœuvres d’entente illicite, se sont exclus eux-mêmes de fait.

EXTERNALISATION DES SERVICES, UN RISQUE POUR LA SOUVERAINETÉ DU PAYS

 

La direction de la Sonatel milite pour l’externalisation de certains services, au prétexte que cela lui permettrait de maintenir son leadership dans la région. Mais cela est contesté aussi bien par les employés de la boîte que par certains membres du Conseil d’administration.

Dans les griefs qui sont portés contre la Sonatel et son Top management en ce moment, il y a également le projet d’externalisation des services de la compagnie qui est fortement dénoncé. Si officiellement les autorités ne se sont pas prononcées sur cette question que tout le monde fait semblant de vouloir traiter comme une affaire interne à une société de droit privé, des personnes influentes proches du pouvoir n’en pensent pas moins. D’autant plus que dans ce qui semble se présenter comme une question de souveraineté, il y a la position négative des travailleurs sénégalais de la boîte.

Selon les arguments de la direction de Sonatel, l’externalisation de certains services ne peut être qu’avantageuse. Elle le souligne en se basant sur l’histoire : «Dans sa stratégie de croissance externe et de renforcement de son leadership sous régional, Sonatel a toujours su s’appuyer sur le groupe France Télécom, son partenaire stratégique de rang mondial. Cette stratégie permet aujourd’hui à Sonatel de réaliser 60% de son parc de clients, 42% de son chiffre d’affaires et près de 50% de son résultat net dans ses filiales à l’étranger, filiales qu’elle détient à 70% pour le Mali, 90% pour la Guinée Conakry et la Guinée Bissau à côté de partenaires locaux et des salariés actionnaires.»

La direction ajoute par ailleurs que son partenariat avec Orange a permis à Sonatel de réaliser des économies d’échelle qui lui ont rapporté un solde bénéficiaire net de 16 milliards de Cfa par la mutualisation des achats.

Cela pousse la direction à affirmer que les projets d’externalisation de certains services ne pourraient qu’être bénéfiques à l’entreprise et au pays. Cette externalisation portera, entre autres, sur la gestion des sites de station de base par un service mutualisé qui sera confié à un sous-traitant, «qui assurera également la promotion et la commercialisation d’une activité des sites partagés».

Ce à quoi les syndicalistes-maison répliquent en mettant en avant le risque de baisse d’activités et de perte d’emplois pour les sous-traitants nationaux qui va résulter du transfert de l’activité vers une multinationale qui est elle-même filiale de France Télécom ; d’où par ailleurs un éventuel conflit d’intérêts.

L’autre transfert qui fait du bruit est celui de l’infrastructure réseau cœur mobile vers un centre de gestion centralisé, appelé Gnoc dans le jargon du métier. La Sonatel affirme que le Gnoc «se déroule dans un contexte où Sonatel dispose d’un réseau d’une complexité technologique plus accrue avec le développement des services data et de l’IP pour une qualité de réseau qui n’est pas toujours au niveau attendu par les clients».

L’avantage pour Sonatel serait de maintenir son niveau de compétitivité et son leadership régional, tout en améliorant la qualité de service, en plus de créer une centaine d’emplois supplémentaires d’ingénieurs et de techniciens supérieurs au Sénégal.

Des membres du Conseil d’administration ont pourtant dénoncé ce projet. L’un d’eux a même affirmé que «l’option de vouloir mutualiser les technologies de l’infrastructure réseau cœur mobile pour un cluster Afrique de l’Ouest remet en question la souveraineté des pays impliqués.

Ils seront tous à la merci d’une société française ou de ses démembrements. Aucun Etat n’aura le contrôle des réseaux de télécommunications se trouvant sur son territoire. Il y aura aussi une contrainte d’emploi des produits de France Télécom et de ses partenaires, sans possibilité de choix d’une technologie alternative, fut elle la meilleure.

Et pis, l’Artp ne pourra plus assurer sa mission de contrôle et de régulation, l’infrastructure physique n’étant pas sur le territoire national. Les Etats seront tous assujettis à France Télécom avec les risques sur le plan sécurité du pays, sécurité des réseaux, sécurité des données personnelles ou non, utilisation des données à l’insu des personnes et des Etats, au profit des intérêts du pays propriétaire de France Télécom. La France contrôlerait ainsi les ressources des nouvelles technologies de l’information et de la communication et leurs contenus».

Dans sa correspondance adressée aux plus hautes autorités du pays, cet administrateur ajoute que le risque principal de l’externalisation du réseau d’accès «est la dépendance de la Sonatel à des grands constructeurs d’infrastructures de télécommunications qui ont une logique d’entreprise, leurs intérêts, et qui peuvent du jour au lendemain quitter le territoire».

Trouble jeu de Cheikh Tidiane Mbaye

Ce qui choque le plus les autorités sénégalaises, c’est de voir la manière jugée «peu patriotique» avec laquelle l’ancien directeur général Cheikh Tidiane Mbaye, qui pendant plus d’une vingtaine d’années a dirigé la Sonatel, semble aujourd’hui oublier les intérêts de son pays.

En effet, après avoir laissé son poste de Dg de la Sonatel à l’actuel dirigeant Alioune Ndiaye, Cheikh Tidiane Mbaye, dont on sait qu’il avait suscité un lobby intense pour se faire nommer Pdg de la Senelec, semble avoir tourné le dos aux intérêts du Sénégal.

Des administrateurs de la Sonatel dénoncent en coulisse le fait que cet homme ait accepté de représenter France Télécom dans le Conseil d’administration, en excipant de sa nationalité française. Et c’est à ce titre, ajoutent ces administrateurs, que M. Mbaye est à la tête de ceux qui sont les plus fervents partisans de ces projets d’externalisation des services.

LEQUOTIDIEN




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