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Moustapha Diakhaté: Le soldat de la République


Mardi 27 Mai 2014

En affirmant que la liste de Touba, pour les élections locales, ne devait pas être déclarée recevable pour non respect de la parité, Moustapha Diakhaté, président du groupe parlementaire Bennoo Bokk Yaakaar, savait sûrement à quoi il s’exposait. Et il ne doit pas être surpris de se voir traiter de tous les noms d’oiseaux.

Mais l’accusation la plus injuste est sans aucun doute celle qui consiste à dire qu’il n’a aucun respect pour les hautes autorités de la ville sainte de Touba. Car c’est probablement la colère, compréhensible du reste, qui motive leur attitude.

La vraie préoccupation, c’est la menace de démission de la République. Le Khalife général des mourides est dans son droit de déclarer qu’il n’y aura pas de liste paritaire à Touba, si bien entendu les informations que nous a livrées la presse sont exactes.

Et il est probable que l’immense majorité des Sénégalais comprend cette position. Moustapha Diakhaté, c’est certain, est l’un d’eux. Seulement il n’oublie pas qu’il est député. Mieux, il appartient à un parti qui s’appelle l’Alliance pour la République (Apr).

Faut-il rappeler que c’est face aux dérives dynastiques du président Wade que Macky Sall et ses compagnons ont décidé de fonder ce parti pour faire face ? C’est donc dire que la défense des valeurs de la République est le credo de l’Apr.

Parmi ces valeurs, la plus importante est le respect de la loi. Moustapha Diakhaté ne nie donc pas le droit du Khalife général des mourides de dire qu’il n’y aura pas de liste paritaire à Touba.

Il dit simplement que cette liste ne peut pas être recevable, au nom de la loi, tant qu’elle n’est pas abrogée. Ce n’est pas lui le décideur, mais la Commission électorale nationale autonome (Cena) et l’Etat.

Il livre son opinion en tant que citoyen, en tant que député, sur une question qui n’est pas religieuse, mais républicaine. Il lui appartient, en son for intérieur, de réconcilier cette position avec le respect qu’il voue aux autorités de Touba.

C’est le prix à payer pour le soldat de la République qu’il se veut. Ses prises de position publiques vont souvent dans ce sens. N’avait-il pas déclaré, au cours d’un débat à l’Assemblée nationale, qu’il fallait trouver un mécanisme pour contrôler la présidence de la République ?

L’autre préoccupation, ce sont les déclarations d’une partie de la classe politique, tendant à justifier la recevabilité d’une liste non paritaire, parce qu’elle émane de Touba.

Aucun argument juridique convaincant n’a été avancé. Celui que l’on a entendu était que Touba avait un statut spécial ou qu’il fallait lui donner un statut spécial.

Un tel statut dispense-t-il de respecter les règles qui régissent une compétition nationale? Si oui, quelle est la loi qui le dit ?

Tout en ne minimisant pas l’importance de Touba dans la vie de la nation, est-il envisageable que d’autres localités aient un statut spécial pour d’autres raisons ?

Et puis, où étaient ceux qui théorisent l’exception de Touba quand la loi sur la parité était votée ?

Des manifestations étaient organisées pour soutenir la loi. Beaucoup de parlements africains et panafricains ont salué et saluent encore ce qu’ils considèrent comme une avancée significative, effectuée par le Sénégal, dans l’approfondissement de la démocratie.

Les défenseurs de la liste de Touba auraient pu dire, à juste titre, que l’on ne peut pas balayer d’un revers de la main une prise de position du Kha- life général des mourides, à cause de sa dimension spirituelle et sociale.

Ce sont les réa- lités de notre pays. Mais ils ne peuvent pas dire qu’il faut contrevenir à la loi à cause du respect que nous devons à Touba. Cela sentirait l’opportunisme politique. Que faire alors ?

Il faut trouver une solution politique à cette question, sans agenouiller la République. Par exemple, le Chef de l’Etat pourrait consulter tous les partis politiques pour reporter les élections sur toute l’étendue du territoire national, ou seulement à Touba (comme l’a préconisé Ibrahima Sène du Pit).

Cela donnerait le temps de prendre une décision mûrement réfléchie, et qui ferait jurisprudence. Cette recherche de solution devra être inclusive, et nécessiterait la participation de tous, en premier lieu celle des autorités de Touba.

La volonté de vivre en commun dans cet espace que nous appelons Sénégal ne peut se matérialiser que dans le cadre d’un Etat.

Nous avons choisi la République, avec des lois adoptées selon les procédures prévues à cet effet. La contradiction est de droit, mais toujours selon des procédures prévues par la République.

Dans l’adversité qu’il vit en ce moment, le soldat Moustapha Diakhaté pourra tirer réconfort de ce que sa veille républicaine aura contribué à redorer l’image de l’Assemblée nationale, lieu de débat et d’idées

SENEPLUS





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