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Momar Seyni Ndiaye de seneplus: "Les alliés de Macky doivent quitter le Gouvernement"


Jeudi 18 Février 2016

L’éditorialiste de SenePlus Momar Seyni Ndiaye sur la décision du chef de l'État d'aller au bout de son septennat conformément à l'avis du Conseil constitutionnel


Les alliés du Président Macky Sall présents dans le gouvernement doivent tirer les conséquences de la décision du chef de l’État d’aller au bout de son septennat en rendant leur démission. C’est la conviction de l’éditorialiste de SenePlus Momar Seyni Ndiaye, dans un entretien avec Sud Quotidien.

Le président de la République, suivant le Conseil constitution, a décidé de poursuivre son septennat jusqu’à son terme. Comment réagissez-vous ?

Ma surprise et ma déception sont grandes. Je dois dire que jusqu’à quelques minutes de l’intervention du Président, ma conviction était établie que Macky Sall n’avait d’autre choix que de réduire son mandat. Malgré les différentes appréciations de cette question délicate, il s’agissait à la fois de respecter l’avis du Conseil et sociologiquement prendre en compte la réalité de la parole donnée. La position du Président n’était pas facile. Je pensais qu’il allait s’en sortir en coupant la poire en deux. D’une part, respecter l’avis du Conseil constitutionnel mais, en disant que je vais soumettre cet avis au peuple pour trancher. Nous avons en face de nous un président de la République qui n’a pas respecté son engagement.

Il a fait du «wax waxeet» comme Wade en 2012. N’est-ce pas ?

Il y a véritablement du «wax waxeet» parce qu’il avait les moyens de couper la poire en deux. Il a préféré s’en remettre uniquement au Conseil constitutionnel. C’est une façon de se dédire.

Quelle est la conséquence politique ?

La conséquence politique est liée d’abord à son image. Comment désormais les Sénégalais regarderont Macky Sall ? Est-ce qu’ils vont le regarder comme un Président qui prend en charge leurs problèmes ? Un président qui respecte ses engagements ? Un Président qui conduit les affaires de la République dans les meilleures conditions de sincérité, de professionnalisme et d’engagement ? Ou, est- ce qu’ils verront en lui un Président qui use de l’autoritarisme et ne respecte pas ses engagements ? Malheureusement, c’est la dernière image que les Sénégalais risquent de retenir du Président ; c’est-à-dire un président autoritaire. C’est extrêmement grave, d’autant plus qu’il avait tous les atouts par rapport aux politiques sociale, économique de créer l’espoir. Il a préféré mettre en avant son avenir personnel à la tête de l’Etat.

Une telle décision ne risque-t-elle pas de servir d’argument à ses détracteurs ?

La question fondamentale que je me pose : que dira Benno Book Yakaar ? Les gens oublient. Que va faire le Parti socialiste, la LD, le PIT et les autres membres de la coalition qui exigeaient du Président la réduction de son mandat ? Si les gens de la coalition de BBY sont sincères, ils doivent déposer leur démission demain (aujourd’hui, Ndlr) sur la table en disant : «Vous n’avez pas respecté vos engagements, nous ne sommes pas prêts à rester dans votre gouvernement».

Je me demande s’il a eu le temps de consulter les membres de la coalition de BBY. Si jamais BBY ne réagit pas, en regrettant que le Président n’a pas respecté ses engagements, évidemment toute la coalition BBY va prendre un coup. Si des voix discordantes regrettent la décision du Président, les alliés n’auront d’autre solution que de quitter le gouvernement.

Le deuxième risque est 2017. On aura des élections législatives. Le vrai référendum sera bidon parce que l’essentiel a été retiré du texte. Le vrai référendum sera en 2017 lors des élections législatives où le peuple va dire au Président : «Effectivement, vous n’avez pas tenu votre promesse, nous allons vous sanctionner en vous imposant une coalition, c’est-à-dire une majorité de l’opposition». C’est une éventualité à laquelle il faut s’attendre.

Par rapport au référendum du 20 mars, il peut y avoir une crainte d’un très faible taux de participation, compte tenu du retrait d’une partie importante du package. Les Sénégalais n’attendaient pas des réformettes. Ils attendaient la réduction du mandat. Nous allons assister à un référendum qui sera vidé de son contenu. Si on ne tripatouille pas les chiffres, je serais fort étonné que le Président dépasse 25% de l’électorat. La plupart des Sénégalais diront que le référendum n’a plus son sens.

Y-a-t-il un risque que Macky Sall n’obtienne pas un deuxième mandat en 2019 ?

Il a pesé le pour et le contre. Si on analyse bien sa décision, peut-être qu’il s’est appuyé sur des sondages, en disant : «Si je réduis mon mandat, je serais battu en 2017. Les projets économiques que j’ai lancés, n’arriveront pas à leurs termes. Je ne pourrais pas justifier un bilan positif». Il se dit qu’il vaut mieux perdre en 2019 que 2017, avec le risque qu’il ait un gouvernement de cohabitation en 2017. Tous ses projets passeront à la trappe. Le nouveau gouvernement viendra avec une nouvelle politique, de nouvelles déclarations de politique générale devant l’Assemblée nationale, de nouveaux engagements, en faisant passer aux oubliettes tous les projets qu’il a mis en place. Il s’occupe beaucoup plus de son avenir personnel à la tête de l’Etat. C’est la majorité présidentielle qui doit véritablement tirer des leçons en sachant que le Président ne se soucie pas de son point de vue. Il appartient à BBY de quitter le gouvernement.
SUD QUOTIDIEN




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