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Société

Migrants : le double discours de la France


Jeudi 21 Mai 2015

Pas de quotas. La France a déjà fait beaucoup d’efforts pour accueillir les demandeurs d’asile. Manuel Valls ne veut pas du système proposé par la Commission européenne. Il va falloir clarifier ses intentions.
Non. La France ne veut pas d’un système de quotas européen pour répartir l’effort d’accueil des migrants demandant l’asile au titre de refugiés. "Nous avons déjà fait beaucoup", dit le Premier ministre, "5000 réfugiés syriens, 4 500 irakiens". La Turquie, qui a absorbé plus de 120 000 refugiés, doit se pincer mais passons. La question n’est pas là. Ce que veut pas la France, c'est du principe même de l’effort imposé. Voilà le gouvernement face à ses contradictions. Entre les grands discours sur le coup de l’émotion et les petits comptes de boutiquier de la générosité, il va falloir choisir. Lors du dernier sommet européen, qui s’est encore soldé par un fiasco, Matteo Renzi, le Premier ministre italien, poussait un coup de gueule et appelait les autres à plus de solidarité. Pourquoi ?
La France doit faire des efforts supplémentaires
Aujourd’hui, les demandes d’asile sont gérées au niveau des États. Chacun fait ce qu’il veut et ouvre ou pas sa porte. Quand aux milliers de migrants qui arrivent sur les plages européennes, ce sont aux pays directement concernés de gérer le problème pour les autres : en l’occurrence l’Italie et la Grèce, pendant que la Hongrie, la Pologne ou les Pays Bas et le Luxembourg regardent ailleurs et s‘en foutent. En d’autres termes, c’est l’Europe de l’égoïsme bien organisé. Je ne parle pas de l’égoïsme de pays riches par rapport aux malheurs du monde. Nous avons tous conscience qu’il est impossible d’accueillir les 50 millions de personnes déplacées à cause de conflits chaque année. Je parle déjà d’un minimum de solidarité au sein de l’Union européenne pour que face à ce défi, chacun prenne équitablement sa part du fardeau.
Pour changer cela, la Commission a fait une proposition. Instaurer un système qui détermine combien de demandeurs d’asile l’Europe veut absorber. Et ensuite répartir ces demandeurs selon des quotas vers chacun des pays en fonction de sa taille, de sa population, de son PIB... Pour la Commission, la France devrait faire un effort supplémentaire parce que de fait et malgré les beaux discours, elle est loin d‘être parmi les pays les plus généreux d’Europe. L’Allemagne ouvre beaucoup plus ses portes. Vous comprenez la réaction de Valls qui n'a rien d’une question de principe (l’asile ne se réglemente pas), mais bien d’une négociation.
La responsabilité en revient aux États
Voilà donc chacun face à ses responsabilités. C’est le moment de mettre ses actes en adéquation avec ses discours. Au passage, cette crise est un parfait exemple des amalgames faits sur l’Europe. Après le sommet raté sur l’immigration, on entendait "l'Europe est impuissante, incapable de décider", chacun se disant que la technostructure de Bruxelles bloquait tout. En l’occurrence, ce n’est pas le cas. La Commission, celle que l’on critique tant, a fait une proposition de texte. C’est son travail prévu par dans les institutions. Mettre sur le papier de manière concrète ce que les dirigeants des pays formulent sur le mode "on a décidé de faire ça".

"Ça", en l’occurrence lors du dernier sommet, c’était "plus de solidarité entre États". La Commission a donc rédigé une proposition de texte instaurant plus de solidarité. Elle a fait son job. Mais au final, ce n’est pas elle qui décide. Ça reste les États. À présent, si ce texte n’est pas accepté par le Conseil européen, la faute en reviendra aux dirigeants des États et seulement à eux. Pas à Bruxelles. On vous regarde mesdames et messieurs.

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