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Politique

Mbaye Diack, ex-secrétaire général adjoint de la présidence : « Je me demande si Aminata Tall a le temps de travailler»


Mardi 27 Novembre 2012

Mbaye Diack, ex-secrétaire général adjoint de la présidence : « Je me demande si Aminata Tall a le temps de travailler»
Les audits, la traque des biens mal acquis, bref l’actualité brûlante sort Mbaye Diack de sa réserve. Et le secrétaire général de l’Ufpe, ancien allié du Pds, ne mâche pas ses mots. Pour lui, les auditions des pontes du Pds ne sont rien d’autre que de la vengeance, du règlement de comptes politique. Entretien
 
 
 
Wal fadjri : Comment vivez-vous les enquêtes sur les audits, la traque des biens mal acquis ?
 
 
 
Mbaye DIACK : On doit laisser la police et la gendarmerie faire leur travail : Entendre les concernés, faire des procès-verbaux et une fois les Pv rédigés, on les transmet au niveau de la Justice qui prend les décisions. Mais tout ce folklore qu’ils sont en train de faire donne l’impression que le Sénégal est une République bananière où l’on fait ce qu’on veut. Je ne vois pas pourquoi faire tout ce bruit. Cela est très grave pour notre pays. Car au niveau international, il se dit que le Sénégal est devenu une République bananière. Les investisseurs ne viennent plus, les gens qui sont à l’intérieur du pays ont bloqué leur argent, la situation est déjà très difficile. C’est pourquoi il faut éviter de faire du spectacle aux yeux du monde. Le procureur aurait pu laisser les gendarmes faire leur travail, attendre qu’ils lui transmettent les dossiers pour les exploiter. Mais il n’a pas besoin de faire du bruit. C’est une situation extrêmement regrettable et, il faudra mettre fin à cela. Parce que ça risque de compromettre dangereusement l’avenir du Sénégal.
 
 
 
Ne faudrait-il pas assainir pour vendre la destination Sénégal aux investisseurs ?
 
 
 
Mais les investisseurs ont toujours investi dans ce pays. Quand il y a eu l’alternance le 25 mars dernier, les gens au lieu de chercher à améliorer ce qui existe, s’amusent à faire des règlements de comptes. Et finalement ça va mal se terminer.
 
 
 
S’agit-il de règlement de comptes ?
 
 
 
Il y a des besoins de vengeance du nouveau pouvoir. On s’acharne sur Karim Wade parce qu’on aurait bien aimé s’acharner sur Abdoulaye Wade. Mais comme ils ne peuvent pas le faire, ils ciblent son fils pour lui faire mal. Alors qu’on ne dirige pas un pays par la vengeance et la méchanceté. Ça n’a pas de sens car ce n’est ni de la morale ni une attitude intellectuelle. Et c’est vraiment regrettable.
 
 
 
Pour avoir géré d’importants postes de responsabilités, Karim  Wade n’a-t-il pas le droit de rendre compte ?
 
 
 
Il doit tout justifier et si, par exemple, il a commis des fautes, il doit le payer. Mais faudrait-il qu’on laisse les enquêteurs faire leur travail en toute sérénité ? Si Karim, Baldé, Omar Sarr ou Mbaye Diack ont commis des fautes, laissons les gendarmes, les policiers faire leurs enquêtes et transmettre à la Justice les dossiers. Et il appartiendra à la justice de voir quelle suite donner à ce dossier. Mais pourquoi tout ce tintamarre autour de cette question ? J’étais à la gendarmerie de Colobane soutenir Karim Wade, mais cela ne veut pas dire que je vais cautionner des fautes commises par ceux qui seront coupables.
 
 
 
«Macky Sall qui a été ministre de l’Intérieur, Premier ministre, président de l’Assemblée nationale ne pouvait pas ignorer cette situation. Il savait très bien que Habré a utilisé une Banque sénégalaise pour blanchir son argent. Mais le Premier ministre ne s’en sortira pas.»
 
 
 
Autres sujets d’actualité, les opposants notamment le Pds réclament la démission du Pm qu’il accuse avoir blanchi l’argent de Hissène Habré, êtes-vous favorable à cette demande ?
 
 
 
Le Premier ministre est impliqué dans une affaire d’argent sale. Et Macky Sall qui a été ministre de l’Intérieur, Premier ministre, président de l’Assemblée nationale ne pouvait pas ignorer cette situation. Il savait très bien que Habré a utilisé une Banque sénégalaise pour blanchir son argent. Mais le Premier ministre ne s’en sortira pas. Parce qu’il sera cité comme témoin dans le blanchiment d’argent que Hisséne Habré a volé. Et les Tchadiens sont, aujourd’hui, en train de préparer leur dossier pour citer directement Abdoul Mbaye devant le Tribunal. Et les gens finiront par se demander, pourquoi Macky Sall lui-même, qui est supposé connaître toute cette histoire n’a pas pris les dispositions nécessaires pour éviter de nommer Mbaye Premier ministre. Sall est-il complice ? Surtout qu’il reconnaît lui-même qu’il a des milliards. Et je ne sais, d’ailleurs pas comment Macky Sall peut avoir des milliards parce qu’en 2000, il était encore locataire. En tout cas, il va répondre tôt ou tard.
 
 
 
Il a quand même occupé d’importants postes de responsabilité
 
 
 
Mais ce n’est pas ça qui peut faire de lui un milliardaire. Je sais bien comment l’argent circulait dans ce pays.
 
 
 
Comment ?
 
 
 
Il y a des gens qui cherchaient à avoir de l’argent. Si je voulais par exemple, avoir de l’argent, j’en aurais eu. Mais j’ai refusé par principe.
 
 
 
Avec Wade ?
 
 
 
Pas avec le président de la République mais avec des gens qui sont autour de lui et d’autres qui sont dans ce pays et, qui peuvent utiliser ta position stratégique pour te faire faire des choses qui sont anormales. Ce que j’ai toujours refusé. Donc, Macky Sall ne peut pas justifier ses milliards.
 
 
 
Pourquoi ne l’avez-vous pas poursuivi, comme c’était le cas avec Idrissa Seck, quand il a quitté le Pds ?
 
 
 
Il faut dire que Wade a toujours considéré Macky Sall comme son fils, il savait les erreurs qu’il a eu à commettre mais n’a jamais voulu aller très loin avec lui. (…) c’est Abdoulaye Wade qui a créé Macky Sall parce que s’il n’avait pas été acculé par Wade, personne n’allait le connaître. C’est parce que les Sénégalais ont considéré qu’il a été victime d’une injustice et c’est pourquoi il a émergé pour devenir ce qu’il est aujourd’hui. Il a aussi profité d’une situation où l’opposition n’existait pas. C’est d’ailleurs pourquoi on voit tous ces grands ténors qui étaient connus depuis 1960, quand Macky Sall naissait, et qui sont devenus aujourd’hui, des leaders qui rampent derrière lui. Cela est inexplicable. Car quand ces ténors étaient au-devant de la scène, Macky Sall venait de naître. Tous, ils peuvent être le père de Macky Sall.
 
 
 
«Actuellement les gens n’ont même pas le temps de se consacrer aux tâches administratives… Je sais donc, comment fonctionne l’administration…Je me demande même si Aminata Tall a le temps de travailler. Elle n’en a pas. C’est du folklore qu’ils sont en train de faire partout. Et pour l’avenir du pays, les Sénégalais doivent exiger à ce qu’on arrête le folklore et se mettre au travail.»
 
 
 
Ils sont là parce qu’ils ont participé à sa réélection, non ?
 
 
 
C’est d’ailleurs pourquoi ils cherchent à le manipuler. Mais Macky Sall ne se sent pas redevable de quoi que ce soit de cette opposition. Il n’est pas de la même classe qu’eux. Par exemple, Moustapha Niasse et Macky Sall ne sont, en rien, liés.
 
 
 
En tant qu’ancien secrétaire général adjoint à la présidence de la République, que pensez-vous du fonctionnement actuel de l’Etat ?
 
 
 
Actuellement les gens n’ont même pas le temps de se consacrer aux tâches administratives. J’ai été secrétaire général adjoint de la présidence de la République pendant douze ans (2000/2012). Je sais donc, comment fonctionne l’administration. Mais aujourd’hui tout le monde est en train de s’agiter. Je me demande même si Aminata Tall a le temps de travailler. Elle n’en a pas. C’est du folklore qu’ils sont en train de faire partout. Et pour l’avenir du pays, les Sénégalais doivent exiger à ce qu’on arrête le folklore et se mettre au travail. Macky doit essayer de faire plus que ce que Wade a fait. Ce dernier avait des projets très importants par exemple sur le plan de l’agriculture dans le cadre de la Goana, deux millions de tonnes en maïs par an, trois millions de manioc, cinq cent mille tonnes de riz etc.., peut-être qu’il n’a pas eu à atteindre cet objectif. Mais que Macky Sall essaie de les réaliser et d’arrêter le bavardage.
 
 
 
Comment se porte votre parti l’Union des forces patriotiques émergentes (Ufpe) ?
 
 
 
Le parti fonctionne, évidemment, il y a des difficultés comme dans tout parti politique. Une fois qu’on a vécu les conséquences de la défaite, il faut revoir la situation. Actuellement notre objectif c’est les élections locales de 2014. Nous sommes en train de nous préparer sans faire du bruit.
 
 
 
Vous comptez y aller seul ou en coalition avec d’autres ?
 
 
 
Je n’exclus rien. Je suis très ouvert et nous pouvons aller avec qui veut travailler avec nous dans l’intérêt du pays.

walfadjri



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