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Politique

Macky Sall AN 2: Il l'a dit, il ne l'a pas fait Par Lansana Gagny Sakho


Lundi 31 Mars 2014

Laisser les professionnels de la politique occuper le crachoir. Les laisser régler les comptes entre eux, les laisser le temps de se mesurer, les laisser s’identifier entre la peste, le choléra et le Sida... Pds, Ps, Rewmi, Apr, Afp. Ensemble, ils ont trusté les médias le 25 mars 2014, pas pour discuter des problèmes du Sénégal, mais pour leur «tésseunté» habituel qu’ils nous servent depuis une vingtaine d’années. Ils sont tous dans la même logique, «pousse-toi que je m’y mette» sans projet de société pour sortir ce pays de son état de pauvreté. Ils seront toujours prompts à s’entendre demain autour de coalitions pour s’empiffrer sur le dos du Peuple... Ce qui se passe à l’Assemblée nationale est assez révélateur de leur état d’esprit.

Laisser la poussière se tasser pour demander des comptes... Oui il s’agit de rendre compte. Les règles doivent changer dans ce pays. Il doit rendre compte, il doit nous dire où est-ce qu’il en est ? Il est seul et unique responsable. Nous n’avons jamais élu une coalition, mais un homme : le Président Macky Sall.

Ras-le-bol du Président Wade et de son système et un 25 mars 2012, tous ensemble avions décidé de bouter hors du pays ces «Libéraux» qui avaient décidé de détruire ce qu’il y avait de plus important pour cette Nation : les valeurs... L’argent facile, le culte de la personnalité, la médiocrité étaient devenus les normes.

Le Président Macky Sall, à cause de son engagement, son discours sur la rupture, la sérénité qu’il dégageait dans ses propos, fut le principal bénéficiaire de cet engagement des citoyens : il inspirait juste confiance. On savait tous qu’il n’était pas la solution idéale, on savait tous que huit (8) ans d’apprentissage à marche forcée avec le Président Wade laissent forcément des traces, mais on se disait quand même... «faire mieux que le régime de Wade était un jeu d’enfants... pire un exploit».

Rendre compte, simple question de bon sens, comme dans toute organisation. Il doit rendre compte au conseil d’administration, il s’agit bien de cela ; nous déciderons par la suite de lui délivrer le quitus ou pas. Nous sommes le conseil d’administration et le mandat présidentiel est un simple contrat de travail à durée déterminé.

Il faut cependant bien fixer les règles : vigilance maximale. Il ne s’agit pas de comparer des «voyous» avec un régime qui peine à trouver la clef du démarreur. Dans la même logique, le Parti démocratique sénégalais n’est pas le référentiel, le rétroviseur ne nous intéresse pas. Le seul standard qui tienne s’appelle le «Yoonu yokkuté» que le Président Macky Sall nous avait présenté comme projet de société pour obtenir nos suffrages. Tout comme il est également important de rappeler que nous n’avons jamais confié les destinées de cette Nation à une coalition, mais bien à un homme : le Président Sall, seul et unique comptable des résultats.

Le programme Yoonu yokkuté, projet de société du Président Macky Sall est centré sur une gouvernance sobre, une éducation et une santé de qualité, une justice indépendante, une gestion vertueuse et rationnelle des biens publics, mais surtout une économie en forte croissance. Yoonu yokkuté dont certains grands axes qui confirment bien cette optique :

1. La mise en place d’un dispositif de création de 500 000 emplois sur 7 ans ;

2. La création d’un «Pacte Petites entreprises et Pme-Pmi» intégrant les dispositifs d’appui aux entreprises existants et les renforçant ;

3. La restructuration du secteur agroalimentaire afin de créer un champion sous-régional aux activités diversifiées ;

4. La mise en place d’un gouverne- ment de rassemblement national de 25 ministres maximum ;

5. La réduction du train de vie de la présidence de la République sous contrôle de la Cour des comptes et du Parlement.

En deux années ou 104 semaines ou 730 jours, il faut reconnaître qu’il y a eu des avancées significatives : la Couverture médicale universelle (Cmu) est effective ; l’Ofnac est devenue opérationnelle ; dans l’espace universitaire, les fondamentaux sont de retour ; le plafonnement du salaire de certains directeurs généraux ; la rationalisation de certaines agences ; la tolérance «zéro» en ce qui concerne la gestion des deniers publics ; la maîtrise de la gestion des effectifs de l’Administration sénégalaise ; la baisse de l’impôt sur le salaire ; la baisse relative des denrées de première nécessité...

Malgré ces avancées, sans une économie forte soutenue par la confiance des investisseurs, le Sénégal risque de continuer à sombrer dans la pauvreté. Après deux années, soit 40% du temps de gouvernance du Président Macky Sall, le Sénégal c’est aussi :

Un taux d’alphabétisation de 49,2% contre 88% par exemple pour les Iles du Cap-Vert ; «Avant dernier de la classe» en termes de croissance du Pib en 2013 (4,3%) dans l’Uemoa, seulement devant la Guinée Bissau ;

Un classement de 178ème sur 189 pays dans le dernier Doing Business ; La fermeture de près de 400 entreprises en 2012. Des bacheliers qui attendent une orientation pour une année scolaire qui est supposée démarrer en octobre 2013

Une baisse des loyers qui symbolise une incapacité à trouver une solution structurante aux problèmes d’accès au logement des Sénégalais. Le Président Wade était réputé être généreux avec les biens publics, mais il n’avait jamais franchi le pas en spoliant les privés...

Nous devons, à juste raison, nous demander qu’est-ce qui a, au juste, changé ? Le Sénégal, sous Macky Sall, c’est toujours 54% de la population qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. C’est aussi un coefficient de dépendance de +80%.

Rappelons que c’est le rapport entre l’effectif de la population d’âges généralement inactifs, soit moins de 15 ans et plus de 65 ans et l’effectif de la population en âge de travailler entre 15 et 64 ans. Aussi, tous les secteurs de l’éco- nomie sont dans des difficultés.

Le chômage a atteint des proportions inquiétantes, le tourisme est à l’ago- nie, l’agriculture peine à décoller. Sur le marché de l’emploi, il y a toujours, chaque année, plus de 200 000 nouveaux arrivants. Le secteur privé ne permet d’offrir que 30 000 emplois par an. Alors, il subsiste donc, chaque année, quelque 170 000 demandes d’emploi résiduel à satisfaire. C’est aussi une croissance économique faible et une forte dépendance à l’aide publique au développement.

On ne peut s’empêcher de se poser des questions simples sur le projet de société du Président Macky Sall.

• Quid des 500 000 emplois ?

• Le Pacte Pme/ Pmi intégrant les dispositifs d’appui se fait désirer ;

• Le champion sous-régional du secteur agroalimentaire est aux abonnés absents alors que la Css et la Suneor ne voient même plus le diable pour leur tirer la queue ;

• Le gouvernement de 25 membres : même en supprimant le poste de Premier ministre et le ministère du Plan qui sont des coquilles vides, on n’y arrivera pas ;

• Le train de vie de la présidence de la République sous le contrôle de la Cour des comptes : tout un programme ! Aujourd’hui, le Plan Sénégal émergent semble être la nouvelle trouvaille et le Yoonu yokkuté ayant été passé par pertes et profits.

Ce «changement de cap» symbolise un tâtonnement, une absence de vision, une incapacité à avoir une direction claire pour positionner le Sénégal dans une stratégie de croissance économique.

En réalité, ce qu’ils appellent pompeusement Plan Sénégal émergent n’a aucune différence avec le Yoonu yokkuté. Le document est aussi une liste de projets sans cohérence. Il permet également de relever un manque d’ambition démentielle : une projection de Pib de 11 000 milliards de dollars en 2018, en dessous du Pib de la Côte d’Ivoire en 2013 (13 885 milliards).

Je me demande toujours qui a validé ce document qui s’apparente plus à un mémoire d’étudiant soumis pour première lecture. Mais même pour vendre des rêves, il faut un minimum...

Elu à 65%, le Président Macky Sall avait pourtant tous les leviers en main pour faire bouger les lignes. Il a malheureusement fait le choix de s’allier avec ce monstre appelé Benno, essentiellement composé de reliques du passé. Ils n’ont jamais rien réussi pour le Sénégal.

Le Président Macky Sall a aussi fait le choix de nommer «ses amis» pour récompenser la fidélité. Comment dans ces conditions demander à des collaborateurs d’être performants ? Comment dans ces conditions demander aux Sénégalais de se mettre au travail quand l’incompétence et la sécheresse intellectuelle sont le dénominateur commun dans les plus hautes sphères de l’Etat ?

Monsieur le Président, finissez-en avec Benno ! Le «djebelou» de Moustapha Niasse est la pire des choses qui pouvaient arriver à ce pays. Pour ce coup au moins, terminez le travail du Président Abdoulaye Wade en enterrant définitivement ces vestiges du passé.

Monsieur le Président, il n’est pas juste que ce pays se mette systématiquement dans une logique d’un éter- nel recommencement, il n’est pas normal que ce pays n’ait uniquement comme choix que le Sida, la peste, la tuberculose ou le choléra.

Qui, pour expliquer au Président Macky Sall, que le réveil risque d’être douloureux ? Qui pour lui faire comprendre que la recréation est terminée ? Qui pour lui faire comprendre que la capacité de résilience du Peuple est toujours identique.

Monsieur le Président, la cour vous dira que tout va bien, elle dira que vous serez défendu, en réalité vos courtisans ne se rendent même pas compte de ce qui leur arrive. Il s’agit simplement de reflexes «pavloviens».

Monsieur le Président, cette cour est dans une logique de préservation de prébendes. Cette cour est rendue folle par le pouvoir. Elle est atteinte d’une maladie grave mortelle et contagieuse due aux certitudes. Cette maladie que le futurologue Joël Baker appelle la paralysie due aux paradigmes, a détruit les Présidents Diouf et Wade ; vous risquez de ne pas y échapper.

Les faits, Monsieur le Président, rien que les faits, on ne peut pas et on ne doit pas parler de succès si en mars 2014 des étudiants bacheliers en juillet 2013 attendent toujours une orientation. Les faits, Monsieur le Président, l’économie ne ment pas, les tournées des médias de Xemess n’y changeront.

Monsieur le Président, il y a un temps pour la politique et un temps pour le développement, l’annonce de votre candidature pour 2017, la professionnalisation de la transhumance, le blocage du récépissé de Bës du ñiak, laissent malheureuse- ment planer un doute sur vos choix.

Deux années de cafouillage, deux années d’échecs patents, deux années à oublier.

Monsieur le Président, vous l’avez dit, mais vous ne l’avez pas fait.

SENEPLUS





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