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MODOU FALL, PRÉSIDENT DE LA LUTTE CONTRE L'INSALUBRITÉ: «J’AI ÉTÉ MENACÉ DE MORT, MAIS…»


Jeudi 26 Mars 2015

Protecteur de l’environnement, Modou Fall mène son combat pour rendre la capitale dakaroise propre. Il a sensibilise la population sur la nécessité d’arrêter d’utiliser des sachets plastiques. Malgré ses efforts, il reçoit des menaces de mort de la part de ses concurrents. « Les Libanais», dit-il. Mais, le défenseur de la nature n’a pas cédé à la menace. Mieux, il a porté plainte contre ses «adversaires» au cas où il lui arriverait malheur. Par ailleurs, Modou Fall a affirmé qu’il n’attend rien du gouvernement, juste que le président respecte sa parole sur la loi interdisant l’utilisation de sachet plastique.

Modou Fall, depuis quand vous vous êtes engagé dans ce combat contre les déchets plastiques ?

C’est depuis 2006. En fait, on a mis en place l’association contre les déchets plastiques au niveau des marchés. Car, on a constaté que quand les marchés sont sales, il ne faut pas attendre que les autorités. C’est à nous qui y travaillons de nous engager pour lutter contre l’insalubrité. C’est une initiative que nous avions pris tout seul. J’avais commencé à sensibiliser les marchands pour qu’ils viennent nous accompagner dans ce projet de faire de Sandaga et les autres marchés des espaces propres et j’ai même reçu des menaces en prenant cette initiative. J’ai fermé ma place pour m’occuper intégralement de la collecte des ordures et durant 13 jours, j’ai eu à faire ce travail. Les gens disaient qu’il y a trop de risques mais, je ne les ai pas écoutés.

Pourquoi seulement les sachets plastiques ?

C’est parce que la majeur partie des ordures que nous ramassons au niveau des maisons et des marchés sont constituées de sachets en plastique. Plus de 5 millions de déchets plastiques sont amassés au niveau de Dakar chaque jour. Cela constitue un frein à rendre notre environnement propre. Nous devons donner le bon exemple pour les générations à venir. Les déchets plastiques participent à la dégradation de notre environnement et participent à boucher nos canalisations. Pis, la mer est dé- truite. Il faut lutter contre ce problème. Tous les pays en voie de développement luttent contre le phénomène des déchets plastiques pourquoi pas nous? Il faut que l’Etat du Sénégal prenne des mesures sur ce cas. Même en Mauritanie, on interdit de jeter des matières plastiques dans les rues. Nous, on laisse nos frontières sans sécurité et exposés aux déchets plastiques. Le 23 avril 2014, Macky Sall avait émis son souhait de créer une loi pour lutter contre les déchets plastiques, raison pour laquelle je suis paré de plastiques pour monter aux populations l’effet négatif de jeter les plastiques qui sont nuisibles pour l’environnement. Je veux inciter les gens et les sensibiliser sur les méfaits des déchets plastiques.

Vous échangez les sachets plastiques avec des sachets en papier, où trouvez-vous ce financement ?

On fonctionne avec nos propres moyens. Il n y a aucune autorité qui est derrière nous pour nous soutenir ou nous financer dans cette cause. On prend nos propres fonds pour acheter les sacs dans les industries. Au Séné- gal, il est difficile d’expliquer aux gens de laisser tomber quelque chose sans pour autant leur donner un substituant. On veut que les populations adhèrent au projet des sachets en carton que nous fabriquons nous même. C’est un sacrifice que nous faisons pour s’en sortir. Il y a d’autres gens comme moi qui sont impliqués dans cette dynamique et qui vendent des sachets en carton, c’est une bonne initiative qu’on doit plus soutenir.

Vous arrive-t-il de rencontrer des problèmes dans votre engagement ?

Je suis allé à la police déposer une plainte contre des Libanais parce que je suis leur cible de menace de leurs entreprises qui fabriquent les sachets en plastique. Ce n’est pas sûr, je m’inquiète pour ma vie. Certains croient que nous sommes motivés par l’argent ou que les entreprises qui fabriquent les papiers cartonnés nous utilisent pour faire la promotion de leurs produits en nous payant. Moi, je ne travaille pour aucune entreprise ou pour l’Etat. Mais, seulement pour mon pays. Il y a trop de laisser aller au Sénégal et je pense que c’est ce qui retarde notre émergence. On m’a interpellé deux fois (mercredi et samedi derniers) pour me menacer à la Gueule Tapée. Je ne veux pas que cela se reproduise. C’est devenu un cas sérieux. Ils disent employer 300 000 personnes, nourrissent des familles et disent qu’ils ne vont pas me laisser tranquille. Mais, ils oublient qu’ils ne valent pas mieux que la population sénégalaise. Vous avez vu Dakar et la sous région encombrés par ces déchets plastiques, c’est nous qui devons être plus solidaires et plus impliqués pour la cause nationale. Les Libanais ne sont pas propriétaires du Sénégal, je n’ai pas peur de leurs menaces. Je continuerai à lutter pour la loi contre les déchets plastiques. Je suis plus que jamais déterminé à lutter contre ce fléau. Je n’arrêterai pas jusqu’à ce que la loi soit votée. Mon pays vaut plus que tout, je suis prêt à y laisser ma vie. Plus de 9 ans, je me bats pour cette cause ce n’est pas pour l’argent ni pour la célébrité

Pensez-vous que la population Sénégalaise a compris votre combat ?

J’ai fait pas mal d’émission à la radio comme à la télé mais rien. Pisser dans les rues, jeter des ordures dans les rues, ce n’est pas possible de vivre dans cette anarchie. On ne peut plus laisser ces Libanais détruire notre environnement. En Gambie ou en Mauritanie, on respecte l’environnement mais au Sénégal chacun fait ce qu’il veut. On doit changer de comportement et œuvrer pour le bien être de tout le monde. L’Etat doit sortir de son mutisme. On est exposé aux maladies à cause de ces déchets plastiques. Ils vont finir par tuer toute notre population. Il faut changer les mentalités. Les produits qu’on mange sont exposés dans des sachets en plastique mais on ne se rend pas compte du danger. Ils nous leurrent (ces Libanais) en disant qu’ils vont aider l’Etat du Sénégal avec l’octroi de poubelles, un financement vert, selon eux. Cela fait des années qu’ils nous tuent à petit feu. Ils rachètent les déchets plastiques à 50 FCfa le kilogramme. Il faut qu’on retourne à nos valeurs et le respect de notre environnement. Aujourd’hui les gens commencent à comprendre petit à petit l’enjeu de mon combat. Au marché Sandaga, les déchets plastiques ont considérablement diminué. Il faut que les autorités jouent leur rôle dans la sensibilisation des populations.`

Gagnez-vous confortablement votre vie en tant que père de famille ?

Je suis père de famille, je paie la location et je m’acquitte de mes devoirs de responsable. Je ne gagne pas beaucoup, malgré les efforts qu’on fait pour vendre nos produits en marchant toute une journée dans Dakar. Mais, c’est honnête et on rend grâce à Dieu. On parvient quand même à avoir la dépense quotidienne. Il faut vendre 200 sacs pour avoir 5000 FCfa. Dans ce travail ce n’est pas l’argent qui nous motive, parce qu’on y gagne que des miettes. On veut avoir une ville propre, un bon environnement pour un bien être social. La population a une part de responsabilité de même que l’Etat du Sénégal. Les étrangers étaient surtout attirés par la plage mais aujourd’hui, elle est très sale.

On n’arrive même plus à avoir de bon poisson. Faites-vous du porte à porte pour la sensibilisation de la population ?

Je descends sur le terrain avec mon micro et je conscientise la population sur les méfaits de ces produits. Pour conscientiser la population, il faut aller vers eux, et surtout leur dire la réalité. Les sacs en plastique sont faits à base d’ordure recyclée. Le plastique doit être définitivement interdit au Sénégal. Les techniciens de surface sont des personnes qui méritent beaucoup de respect et cela passe par la conservation des rues nettoyées propres. Quelle est la contribution de l’état par rapport à votre combat ? La loi du 23 avril 2014 doit être appliquée. L’Etat ne doit pas négocier avec les Libanais sur les décisions à prendre par rapport à ces déchets. Les sachets sont très fructifiant, on ne dépense pas beaucoup. Je sais que je dé- range et tant que je ne gagne pas ce combat je ne me lasserai pas. Et comme j’ai l’habitude de le dire, le Sénégal est devenu une véritable poubelle. Ces Libanais peuvent faire d’autres choses et abandonner le marché du plastique. Les sacs que je vende supporte jusqu’à 20 kilos.

GRAND PLACE






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