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Société

MISÈRES DE MAIRES


Mardi 4 Août 2015

Avec la mise en œuvre de l'acte III de la décentralisation, beaucoup de collectivités locales sont aujourd'hui asphyxiées et ne parviennent pas à faire face correctement à leurs missions.


L'Association des maires du Sénégal a organisé hier un atelier d'évaluation de la mise en œuvre de l'Acte 3 de la décentralisation. Au cours de cette rencontre devant prendre fin le 5 août, les maires ont étalé leurs misères avant de décider de produire un mémorandum dans lequel ils consigneraient toutes leurs suggestions à même d'apporter les correctifs nécessaires à cette réforme.

C'est un diagnostic sans complaisance que l'Association des maires du Sénégal (AMS) a fait hier de la première année de mise en œuvre de la réforme de l'acte 3 de la décentralisation. Après avoir relevé le caractère novateur de cette réforme, Aliou Sall, président de ladite association et ses camarades, ont étalé toutes leurs misères liées à l'insuffisance des moyens et des autres dispositifs mis à leur disposition par l'Etat central.

"La mise en œuvre de l'Acte 3 de la décentralisation s'est faite avec des goulots d'étranglement liés surtout à l'insuffisance des moyens. Beaucoup de collectivités locales sont aujourd'hui asphyxiées et ne parviennent pas à faire face correctement à leurs missions", rouspète d'emblée le secrétaire général de l'AMS, Mbaye Dionne. Selon le maire de Ngoundiane, au moment où le statut de l'élu local demeure indéfini, l'aspect financier de la réforme de l'acte 3 de la décentralisation reste inachevé.

Mieux, il souligne qu'en plus de l'existence parfois de locaux dans certaines collectivités locales, les maires n'ont pas jusqu'ici de voitures de fonction. Un ensemble de dysfonctionnements qui risquent, selon Alé Lo, d'empêcher le décollage économique du pays. "Je ne crois pas à un Sénégal émergent au moment où les collectivités locales tirent le diable par la queue", fulmine le président honoraire de l'Union des associations des élus locaux (UAEL). 

Appréciant à sa juste valeur l'ampleur des défis à relever, Aliou Sall note quant à lui que "les résistances au changement pour une décentralisation effective sont encore fortes et tenaces". "Nous avons hérité d'une administration fortement centralisée et hiérarchisée, pour ne pas dire jacobine, la peur du changement et la tendance naturelle à conserver des pouvoirs déjà acquis sont des contraintes majeures qu'il faudra transcender", diagnostique-t-il. Pour le maire de Guédiawaye, "il faut favoriser l'émergence de communes fortes dotées des ressources et des compétences capables d'initier et de conduire à terme des processus de développement durables conformément aux attentes des populations et aux orientations du gouvernement". 

Crédibilisation et efficacité de l'acte 3 

Pour sa part, le ministre de la Gouvernance locale, du développement et de l'Aménagement du territoire national, soutient que "les dysfonctionnements identifiés dans le cadre de la mise en œuvre sont aujourd'hui en train d'être appréciés dans le cadre d'un processus d'évaluation qui ne signifie pas une remise en cause des fondamentaux de l'acte 3 qui a pour finalité la territorialisation des politiques publiques, l'installation de pôles territoires compétitifs et porteurs de développement durable". 

Il faut noter que ce séminaire d'évaluation intervient quelques jours seulement après que le président de la République Macky Sall a pris la décision de faire procéder à une évaluation de la réforme de l'acte 3 en vue d'apporter éventuellement des correctifs et d'améliorer le dispositif. C'est dans ce cadre d'ailleurs que le bureau de l'AMS a décidé de s'impliquer très fortement dans cet exercice d'évaluation. Car, a déclaré Aliou Sall, "nous sommes parmi les principaux acteurs et destinataires de la réforme. Nous ne devons plus être des consommateurs passifs des politiques de décentralisation conçues et élaborées par d'autres acteurs. Nous souhaitons désormais être les acteurs de notre propre destin". 

A l'issue de cet atelier, il est ainsi attendu "la rédaction d'un mémorandum qui partirait d'un diagnostic objectif de l'orientation du contenu et de la stratégie de mise en œuvre de la réforme de l'acte 3 pour situer les points forts mais identifier aussi les points faibles". "Il nous faudra décliner une série de recommandations et de propositions dont le but est de contribuer à la crédibilisation et à l'efficacité de l'acte 3 qui, au départ, vise à réduire les disparités entre villes et campagnes par une territorialisation conséquente des politiques publiques", soutient le maire de Guédiawaye.
seneplus.com




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