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Politique

Les troublantes sorties du secrétaire général de l'AFP: Et si Niasse avait raison?


Mercredi 19 Mars 2014

Après sa tonitruante sortie dans laquelle il affirmait son soutien indéfectible à la candidature de Macky Sall aux présidentielles de 2017, le secrétaire général de l’AFP, Moustapha Niasse, a reçu une volée de bois vert aussi bien de la part de ses partisans que de ses adversaires de tous acabits. Des mots durs, intolérants, accusateurs et parfois d’une violence inouïe, pour si peu.

En effet qu’a-t-il dit, sinon de confirmer un principe sacro-saint dans une alliance : avoir de la conséquence et faire preuve de réalisme et de loyauté, pour en garder l’équilibre et l’avenir ?

Être conséquent c’est simplement reconnaître et accepter la prévalence du parti dominant dans le groupe, en l’occurrence l’APR, et celle de son leader, le Président Macky Sall, son candidat sortant. On ne peut pas avoir gouverné ensemble, partager le fruit et l’usufruit du pouvoir et à quelques encablures des élections quitter le navire pour se faire timonier ailleurs. Comme faisait jadis Me Wade avec la majorité présidentielle élargie d’Abdou Diouf.

Cette position facile permet tout simplement de faire table rase sur les résultats d’un pouvoir cogéré. Et à force d’hémiplégie, adopter une attitude sélective en engrangeant ce qui a été positif et rejetant les scories et les servitudes de la gestion gouvernementale. L’éthique politique ne jure pas avec cette démarche opportuniste, exclusiviste.

Être loyal avec ses alliés, c’est aussi admettre que Benno Bokk Yakaar ne peut présenter plusieurs candidats, quand le candidat président, ou le président candidat, veut briguer un second et dernier mandat.

Il serait tout de même kafkaïen, que Tanor, Niasse, Bathily ou Dansokho veuillent se présenter, surtout au premier tour, affaiblir le candidat naturel de la coalition, renforcer le PDS ou Rewmi avec le risque de perdre et de faire perdre Benno Bokk Yakaar. Et quel serait leur argumentaire électoral ? Quel serait leur projet de société après avoir soutenu en tant ministres ou conseillers le programme de gouvernement qu’ils auront contribué à mettre en œuvre cinq ans durant ?

D’expérience, on peut mesurer avec quelle gêne le candidat Macky Sall défenestré du pouvoir libéral dans les conditions qu’on sait, a essayé de convaincre en critiquant le pouvoir tout en voulant assumer les acquis. Il ne faudra pas demain que Niasse, Tanor, Khalifa Sall, et les autres alliés se retrouvent dans la même ambivalence.

Tant que le Président Macky Sall voudra rempiler, il devrait fort logiquement dans son camp bénéficier du même de soutien pour faire gagner sa coalition. Sachant que de manière opportune, il vaut mieux pour Benno Bokk Yakaar garder le pouvoir dans l’unité que de le perdre dans la désunion et l’orgueil mal placé, des prétendants.

Les candidatures sans illusions ou de faibles chances sont ruineuses pour la majorité présidentielle. A condition que les impénitents alliés de l’APR cessent de se comporter avec arrogance, volubilité et gourmandise.

Moustapha Niasse a donc parfaitement raison de mettre la loyauté et le réalisme de son côté pour maximiser les chances de la coalition de garder le pouvoir. Et… nécessité fait loi, empêcher que le PDS et ses excroissances ne fassent pas leur cure d’opposition.

Le bilan de Macky Sall est fort mitigé, certes. Mais, il ne fait aucun doute que le retour prématuré des libéraux donnerait un amer goût de symphonie inachevée au peuple sénégalais meurtri par les douze années du pouvoir libéral, marquées par le recul démocratique, l’arrogance, l’enrichissement illicite, la perte des valeurs et la paupérisation des populations.

Ceci dit, il peut être reproché au Président Niasse d’avoir dit crûment un principe dans un contexte politique chargé. Sa déclaration met mal à l’aise le PS, et les autres alliés, condamnés comme l’a déclaré Moustapha Cissé Lô à s’aligner sur la ligne d’horizon du président de l’AFP ou sortir de la coalition. Cette injonction irresponsable ressemble bien à son auteur, adversaire déclaré de Niasse, il y a encore peu de temps.

En démocratie on ne peut s’accommoder de cette sentence, car la liberté dans l’entente est sacrée. Et chaque partie doit garder sa liberté d’action, et en assumer les conséquences. C’est tout le sens de la cinglante réplique que le porte-parole du PS Adoulaye Wilane a servie à Cissé Lô. Comme pour lui rappeler qu’au PS, parti historique, Ousmane Tanor Dieng n’en est que l’animateur et non le «propriétaire».

C’est vrai qu’il se dit même dans les rangs des progressistes que Moustapha Niasse n’aurait pas consulté son parti avant cette déclaration. Il aurait, par le fait du Prince, ainsi pris de court, ses compères. Soit. Mais le fait n’est pas nouveau, même s’il met en mal la démocratie interne dans son parti qu’il a toujours dirigé seul, écartant ou laissant le loisir à ceux qui ne regardaient pas dans la même direction, de partir. Les Mor Dieng, Me Babou, feu Mamoune Niasse ne se comptaient plus dans le cargo de défections.

Et c’est de cette manière qu’il a intronisé Malick Gakou numéro 2 de l’AFP contre les intérêts de son ami de toujours Madieyna Diouf, ou encore Maty Sy Diallo. Comme dans les partis, même historiques comme le PDS, Niasse est hélas le «propriétaire» de l’AFP. Il peut en user et abuser comme il l’entend. Surtout que ses partisans sont confortablement installés dans la prise en charge totale du parti par leur président depuis ce fameux 18 juin 1998.

Pourquoi ses adversaires internes ou externes à l’AFP contesteraient aujourd’hui comme des vierges effarouchées, ce qu’ils ont accepté hier docilement ? À Malick Gackou de saisir sa chance, s’il a envie de tracer sa voie et gérer son destin présidentiel. Qu’il mène à l’intérieur du parti sa bataille politique pour mettre son mentor en minorité. Et dans ce cas quitter dare-dare le gouvernement de coalition, pour faire cavalier seul.

Moustapha Niasse a fait son temps après un demi siècle de présence aux divers postes de la République. Il n’a aucune chance, et ne devrait avoir aucune prétention à la Présidence de la République, pourtant à sa portée en 2012, n’eût été la désastreuse division de Benno siggil Sénégal et sa légendaire rivalité avec le socialiste Tanor Dieng. Doit-elle priver cette chance à son parti ? Certainement pas ! Mais comment rester dans la coalition tout en jouant contre elle et se désolidariser au moment de la reconquête du pouvoir ?

Qu’on ne partage pas le point de vue de Niasse. Soit ! Cela pourrait se comprendre pour ceux qui nourrissent des ambitions politiques, à l’instar de son poulain Gackou. Mais alors qu’il pousse la logique à former de nouveaux cadres d’expression ou retourner le parti contre Niasse en le mettant en minorité. Ce qui serait une entreprise pharaonique compte tenu du poids de son président.

Y a-t-il du calcul derrière la proposition de Niasse ? Cherche-t-il à conserver le perchoir de l’Assemblée nationale au-delà de 2017 ? L’arrière-pensée n’est pas à exclure totalement ! Mais, il serait tout de même surprenant qu’à plus de 80 ans en 2017, que Moustapha Niasse grand logiciel de la classe politique de ces cinquante dernières années, se livre à ces algorithmes de petite semaine. A moins qu’il ne veuille sortir par la grande porte de l’histoire...

Politiquement la position de Niasse est cohérente et conséquente, même si elle embrouille l’agenda des légitimes ambitions des jeunes loups de son parti, qui ont envie de vivre leur rêve. Assurément, chacun voit midi à sa porte

SENEPLUS





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