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Les lunids de Madiambal Diagne: La fumisterie de IBK, les insultes de Condé


Lundi 10 Novembre 2014

Le chef de l’Etat du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta (Ibk), vient d’effectuer un périple en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, les pays les plus touchés par l’épidémie à Ebola. A chaque étape, Ibk s’est érigé en donneur de leçons pour dire notamment : «Personne ne peut accepter qu’un pays soit indexé ou stigmatisé au motif que parmi ses populations il y a des porteurs de virus à Ebola (…) Je suis venu pour vous dire que nous sommes ensemble. Nous ne fermerons jamais les frontières du Mali.»
Le propos a réjoui Alpha Condé. Ce dernier, sans aucune retenue, d’ajouter une couche en s’en prenant vertement au Sénégal qui a pris la décision de fermer ses frontières avec la Guinée afin de mieux contenir la propagation de l’épidémie d’Ebola. Pour Alpha Condé, le Sénégal a eu l’ingratitude ou l’outrecuidance de fermer ses frontières avec la Guinée et ainsi de manquer de solidarité, d’esprit panafricain. Alpha Condé se permet de se gausser du Sénégal que «pourtant la Guinée nourrit» ! Alpha Condé de menacer alors le Sénégal de représailles. Hé oui, si tant est que la Guinée nourrit le Sénégal, que Alpha Condé nous laisse mourir de faim ! On peut bien se demander si les populations guinéennes n’en pâtiront pas elles aussi. Quelles populations ? Tant pis s’il s’agit des «Peulhs» qui investissent le commerce avec le Sénégal. On se rappelle avoir rencontré Alpha Condé, à sa demande, en compagnie d’autres patrons de presse, lors de sa première visite au Sénégal en qualité de chef d’Etat. Il avait très mal pris notre plaidoyer pour la presse guinéenne qu’il qualifiait de presse «ethnique, contrôlée par les Peulhs». Sur ce sujet, l’homme n’a aucune retenue. Pour empêcher à un «Peulh» d’arriver au pouvoir, il serait prêt à brûler la Guinée. On verra bien s’il acceptera par exemple d’organiser, dans les délais, la prochaine élection présidentielle prévue en 2015 au risque qu’un «Peulh» pourrait la remporter. Ebola serait un bon prétexte pour lui, car il avait fallu attendre plus de trois ans pour organiser des élections législatives controversées et que les élections locales sont reléguées aux «calendes guinéennes». La conviction dans le camp de Alpha Condé se résume dans le slogan du Pr Kaba, fondateur de l’Université Koffi Annan de Conakry, qui disait dans un meeting à Nzérékoré, «Tout sauf un Peulh !». La question des origines ethniques structure la façon de penser de Alpha Condé. Alpha Condé était content de féliciter Ibk en lui disant : «Tu es un homme intègre, tu es un vrai Bambara.» Ce propos ne saurait être innocent dans un pays comme la Guinée.
Alpha Condé a-t-il déjà oublié qu’il doit sa vie au Sénégal qui l’avait exfiltré des geôles de Lansana Conté au risque d’altérer les relations avec la Guinée ? Quel rôle la presse sénégalaise et même la presse guinéenne n’avaient-elles pas joué pour défendre Alpha Condé ?
Ibk est libre de déployer la diplomatie qu’il estime convenir à son pays. Pour autant, il ne devrait pas s’attaquer à la politique de ses voisins tout aussi souverains. Il a le droit de préférer Alpha Condé à Macky Sall. Il a d’ailleurs tenu à rappeler qu’il est de la même génération que Alpha Condé, comme si cela ne se voyait pas. Cette génération d’opposants historiques africains qui ont fait des ravages à la tête de leur pays une fois arrivés au pouvoir ! Ou cette génération qui traînerait des frustrations vis-à-vis du Sénégal et des Sénégalais depuis la colonisation ? On peut donc comprendre que Ibk, après son élection à la tête du Mali, avait cherché à snober le Sénégal en faisant le tour du monde avant de consentir à venir au Sénégal. Il aurait voulu ainsi faire payer à Macky Sall un prétendu soutien à Soumaïla Cissé, son adversaire du second tour. Seulement, Macky Sall avait donné le même soutien à chacun des deux candidats, à savoir la somme de 50 millions de francs Cfa. Il faudrait aussi souligner à l’endroit de Ibk et de Alpha Condé que leur effusion de solidarité devrait se manifester plus tôt, c’est-à-dire au moment où le Mali avait besoin de forces militaires pour préserver l’intégrité de son territoire national. De nombreux soldats sénégalais sont morts ou blessés au Mali. Du sang malien a-t-il jamais été versé pour préserver l’intégrité territoriale du Sénégal ? Qu’est-ce que la Guinée a fait pour le Mali sur ce registre ? Aucun soldat guinéen n’est encore au Mali. Le Pr Alpha Condé de s’expliquer : «Si ce n’est pas le retard au niveau des Nations unies, le premier bataillon Diandian serait parti au Mali depuis longtemps (…).» Il peut maintenant prendre de nouvelles résolutions en affirmant : «Tant que le Peuple malien n’aura pas recouvert la totalité de son territoire, nous serons à ses côtés et l’Armée guinéenne se battra à ses côtés.»
Pour en revenir à Ebola, force est de dire que la décision de fermeture des frontières prise par le Sénégal procède d’une précaution salutaire. On sait quels ravages cette épidémie a provoqué au Liberia et en Sierra Leone, deux pays frontaliers de la Guinée qui n’avaient pas pris les mêmes mesures que le Sénégal. Le Sénégal a réussi jusqu’ici à contenir la propagation du virus comme la Côte d’ivoire qui a, elle aussi, décidé de fermer ses frontières. Mais c’est le Sénégal seul qui est ainsi stigmatisé ; ce qui démontre le caractère subjectif des attaques de Ibk et de Alpha Condé. Le sens des responsabilités aurait dicté aux autorités guinéennes de faire comme la République Démocratique du Congo, en mettant en quarantaine la région foyer du virus Ebola afin de préserver les autres parties du pays. Mais il semble plus facile de s’en prendre aux voisins... Alpha Condé indiquait le 26 septembre 2014, dans un entretien avec Sud Quotidien : «Les gens ne connaissent pas mes relations avec le Sénégal. Quand moi je suis rentré en Guinée pour la première fois en 1991, à cette époque, le Président Lansana Conté n’acceptait pas le multipartisme. J’ai eu beaucoup de difficultés. Et comme il voulait m’assassiner, c’est à l’ambassade du Sénégal que je me suis réfugié, pas dans une autre ambassade. C’est à l’ambassade du Sénégal… Et le Président Abdou Diouf a négocié et a envoyé son avion militaire me chercher (…) Après mon arrestation par le régime Lansana Conté, des avocats africains se sont mobilisés. Parmi eux figuraient trois Sénégalais dont Me Ousmane Ngom. Le collectif d’avocats était dirigé par Me Boucounta Diallo. Et toute la population sénégalaise m’a soutenu (…) Je ne peux pas être au pouvoir en Guinée et avoir un problème avec le Sénégal.» Que reste-t-il de ces dires ?

LEQUOTIDIEN






1.Posté par Bamba le 12/11/2014 01:11
Bravo M. Diagne! Vs avez tout dit!

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