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Opinion

Les lundis de Madiambal Diagne: Honte à l’Afrique !


Lundi 27 Avril 2015

Ce lundi 27 avril 2015, le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki Moon, accompagné du Premier ministre Italien Matteo Renzi et de la patronne de la Diplomatie de l’Union européenne, Mme Mogherini, vont faire une sortie en mer, pour témoigner d’une certaine solidarité, on devrait dire d’une compassion à l’endroit des migrants clandestins «avalés» par les eaux de la mer Méditerranée.

Personne ne peut compter le nombre de morts engloutis par l’océan Atlantique et la mer Méditerranée depuis que des hordes de personnes, de tous âges, ont décidé de prendre d’assaut les portes de l’Europe à bord d’embarcations d’un autre âge. C’est par centaines ou même par milliers que les cadavres sont rejetés par la mer, comme si la faune aquatique, repue, n’aurait plus besoin de cette nourriture. Il n’existerait aucun pays d’Afrique qui ne serait pas endeuillé du fait de ces vagues d’exodes volontaires. Pourtant, personne ne force ces désespérés à prendre les mers ou à payer des passeurs au prix fort. Ces victimes tentent l’aventure au péril de leur vie car persuadées qu’elles sont, qu’elles n’ont aucun avenir dans leurs propres pays. Ces naufragés ont décidé d’aller vers une mort certaine. A la limite, ils sont des suicidaires. Les candidats à chaque voyage de ces «boat people» sont bien conscients qu’avant eux, des centaines d’autres ont péri en mer et que le même sort leur arriverait très probablement pour ne pas dire de façon certaine. N’empêche, ils décident d’y aller et ils paient leur mort au prix fort. Ils la paient avec les économies de toute une vie ou le fruit du labeur de toute une famille. Des parents paient des passeurs pour envoyer leur progéniture vers la mort. Pourquoi les pleurent-ils alors après le naufrage ? Des mamans remettent le produit de tontines à leur fils ou leur fille pour payer des passeurs ; des vendeurs à la sauvette arrivent à économiser, ô combien difficilement, des centaines de milliers de francs Cfa ou même des millions pour payer des passeurs qui les embarquent pour un voyage sans retour. C’est dire que la responsabilité des personnes qui s’engagent dans de telles odyssées est totale, comme celle de leurs parents et autres proches qui les soutiennent dans cette aventure on ne peut plus périlleuse. Notre confrère de la Radio Futurs Médias, Macoumba Mbodji, a trouvé la bonne formule en disant qu‘ «ils ont choisi leur mort». Mais on en voit qui vont accuser l’Europe, cette Europe qui a bon dos, un dos bien large.
On en voit de ces intellectuels africains qui vont encore prendre l’Europe pour responsable de ce nouveau mal, on en voit même qui, dans quelques décennies, engageront un combat juridique pour lui demander réparation de ce préjudice causé à l’Afrique. Elle est toujours victime, cette Afrique ! Quand le Pape François stigmatise l’Europe, on doit comprendre que c’est seulement par pudeur, mais il s’adresse au premier chef aux Africains. En effet, ne faudrait-il pas d’abord s’interroger sur la part de responsabilité des élites africaines. Déjà, on constate le silence bavard des autorités politiques africaines sur cette situation. Tout le monde fait le dos rond. Aucune organisation continentale ou régionale africaine ne daigne montrer sa préoccupation ou son émotion. C’est comme si personne ne se sent concerné quand on étale des centaines de cadavres de jeunes gens qui fuient la pauvreté ou la persécution politique et risquent ainsi leur vie. Quel est le chef d’Etat africain qui s’est senti interpellé par une telle situation. L’attitude unanimement partagée est de fermer les yeux, de se boucher les oreilles et les narines pour ne pas sentir l’odeur de ses compatriotes morts. Plus grave, certains se plairaient au jeu du déni en voulant réfuter que l’on compte des ressortissants de leur pays parmi les morts. Ce phénomène n’a qu’une seule et unique cause qu’est l’échec des dirigeants africains qui n’ont pas réussi à engager leurs pays dans une voie qui offrirait une perspective d’accomplissement social à leurs fils et filles. Le plus révoltant reste le fait que les autorités politiques africaines ne font rien pour empêcher les départs des migrants. Tout le monde attend que l’Europe débloque des fonds nécessaires pour surveiller les frontières maritimes africaines, financer des patrouilles aériennes et navales pour arraisonner des embarcations bondées de migrants clandestins. Quand l’Espagne avait engagé par exemple une telle coopération très coûteuse pour son économie, on avait bien constaté que les départs à partir des côtes ouest-africaines étaient totalement endigués. Les policiers, gendarmes et autres militaires faisaient le boulot aussi longtemps qu’ils étaient assurés de toucher des primes substantielles de Frontex. Cette Afrique laisse ses fils mourir et comme pour ne rien arranger, l’Africain devient un loup pour l’Africain. En Afrique du Sud, des ressortissants d’autres pays africains sont pourchassés, lynchés à mort, brûlés vifs par «leurs frères» sud-africains qui leur demandent de quitter la terre d’Afrique du Sud. Cela se passe en Afrique du Sud, un pays gouverné par des noirs membres de l’élite de l’Anc, ces célèbres combattants de la liberté et de l’affirmation de l’homme noir ! Nelson Mandela s’est déjà retourné trois fois dans sa tombe. Devant une telle situation aussi, les dirigeants africains préfèrent ne pas savoir ce qui se passe. Robert Mugabe peut parler au nom de l’Union africaine comme en son nom propre, lui dont le pays se vide pour se réfugier en Afrique du Sud voisine. Robert Mugabe peut dire sa honte devant l’attitude des populations noires d’Afrique du Sud. Cela lui permettra sans doute de soulager sa conscience d’avoir précipité son pays, le Zimbabwe, qui était si prometteur, dans une situation si désastreuse que plus personne ne veut y rester

LEQUOTIDIEN





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