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Les lundis de Madiambal: Au nom des intérêts de la France


Lundi 14 Juillet 2014

Les coupures dans la distribution d’eau à Dakar redeviennent récurrentes. La semaine dernière, l’eau a encore manqué dans de nombreux quartiers de Dakar et d’autres villes du pays. A chaque fois, l’opérateur, la Sénégalaise Des Eaux (Sde), filiale d’une société française dénommée Finagestion, autre filiale de la Lyonnaise des Eaux, dégage sa responsabilité et indexe les avaries du réseau d’adduction d’eau dont la responsabilité de l’entretien incomberait à une société parapublique, la Société nationale des eaux du Sénégal (Sones).
Lors de la grave panne au mois de septembre dernier, du centre de traitement des eaux de Keur Momar Sarr, qui alimente principalement la ville de Dakar, une enquête nous avait été promise, nous autres consommateurs et citoyens, en droit d’être édifiés sur les raisons de nos malheurs, causés par ceux qui sont en charge de notre vie en communauté. Mais jusqu’à cette dernière panne de la semaine dernière, l’opinion publique n’est pas encore éclairée sur toutes les péripéties des ennuis techniques du centre de Keur Momar Sarr, encore moins que les responsabilités soient situées ou que des sanctions aient été prises. Les consommateurs en ont bavé, non ! Ils ont eu la gorge sèche et l’Etat du Sénégal avec. Dans l’urgence, le remplacement de la pièce défectueuse avait été négocié et payé par l’Etat du Sénégal. Aussi, le Trésor public avait été sollicité pour supporter la moitié des factures de consommation d’eau des abonnés durant la période de la panne et l’autre moitié devait être acquittée par les abonnés eux-mêmes. Dans l’opération, la Sde n’aurait rien déboursé. Il s’y ajoute que de nombreux consommateurs ont eu le sentiment que la facture suivante de leur consommation en eau avait été plus salée que d’habitude. Histoire de rattraper la subvention que devait payer l’Etat ? L’histoire ne le dit pas. Il reste que la Sde ne semble pas avoir partagé d’une quelconque façon les coûts des disfonctionnements. Or, si une telle situation s’était produite en France, l’opérateur de production et de distribution de l’eau titulaire d’un contrat d’affermage aurait une autre attitude. Il existe de nombreux cas dans des villes françaises où ce même opérateur intervient, où dans des situations de défaillance, des réparations sont consenties sans discussion au bénéfice des abonnés, et des amendes fortes prononcées au profit de la collectivité. Force est de dire qu’en France, l’opérateur aurait une attitude bien différente de la désinvolture caractérisée dont il fait montre face aux tribulations des consommateurs sénégalais. La solution ne se trouverait-elle pas dans la mise en place d’une instance de régulation du secteur de l’eau comme il en existe déjà pour les secteurs de l’électricité et de la téléphonie ? L’instance de régulation devrait cependant apprendre des insuffisances de ses homologues des autres secteurs d’activité.
Le même constat pourra être fait concernant les services fournis par une autre société française, Orange, qui s’occupe de téléphonie. Les avaries et autres désagréments sur le réseau sont légion et l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) semble frileuse de prononcer des amendes dissuasives à l’encontre de cette société. Et pour cause ! Au Sénégal, il faudrait réfléchir à deux fois avant de frapper Orange de pénalités, au risque de provoquer un refus de payer ajouté à une grève des syndicats qui, par ce procédé, punissent les pauvres abonnés et les autorités publiques. Pourtant, on sait qu’en Côte d’Ivoire et au Mali, Orange a été dernièrement condamnée à payer de très fortes sommes, sans commune mesure avec les amendes que l’Artp a eu à lui infliger. Pourtant, nul n’a entendu les responsables d’Orange récriminer, encore moins menacer de paralyser le réseau des télécommunications. Mieux, la même société Orange a été plusieurs fois frappée en France de grosses amendes, pour pratiques trompeuses, défectuosité du réseau ou entente entre opérateurs. Elle a, à chaque fois, accepté de payer sans rechigner et des journées de téléphone gratuit ont été offertes à la clientèle pour réparer les préjudicies occasionnés.
Dans d’autres secteurs, des entreprises françaises se livrent à un jeu faussant toutes les règles d’une concurrence saine et loyale. Par exemple, la Société Sénac en charge de l’exploitation de l’Autoroute à péage, a réservé un contrat exclusif à sa compatriote Total, pour l’exploitation et la gestion de stations-services sur les axes de l’Autoroute à péage. D’autres entreprises intervenant dans le secteur des hydrocarbures auraient pu être intéressées. On se demande légitimement pourquoi ne pas avoir ouvert la concurrence pour permettre aux différents acteurs de pouvoir postuler à un marché présumé lucratif. Qui plus est, jusqu’à preuve du contraire, l’Autoroute à péage est un ouvrage public. Dans le secteur bancaire, la solidarité en faveur des entreprises françaises avait été de mise jusqu’à ce que de nouveaux loups aux dents longues ne fassent irruption dans le secteur. Aujourd’hui, les banques françaises sont reléguées aux seconds rôles dans le classement des banques opérant au Sénégal.
Aujourd’hui, c’est le 14 juillet. Bonne fête à la France et plein de succès aux entreprises françaises établies au Sénégal

LEQUOTIDIEN.SN





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