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Politique

Les 90 jours de Macky Sall : une esquisse de bilan (Par Cheikh Yérim Seck)


Mardi 26 Juin 2012

mars - 25 juin : il y a trois mois qu’Abdoulaye Wade a quitté le pouvoir et que Macky Sall a été installé dans les fonctions de président de la République. D’habitude, on dit « les cent jours », mais on ne va pas être pointilleux. Le bilan du nouvel homme fort du Sénégal peut toutefois être tiré. Et il est aisé de le faire à l’aune d’un concept dont il a fait son credo : « Rupture ». Ce mot a été prononcé le 3 avril, lors de son adresse à la nation, à la veille de notre fête de l’indépendance. Le style de Macky Sall est un style de rupture. On y parle moins et on agit plus, c’est certain. La sobriété et l’humilité sont cultivées et érigées en mode de gouvernement. Ce qui, convenons-en, n’est pas pour nous déplaire. Mais le style fait-il un gouvernement efficace ? C’est moins sûr. Les actes posés sont plus importants que la façon dont ils ont été posés. Quelque 60 agences nationales, et donc autant de lieux de gabegie, ont été supprimées. La taille du gouvernement a été réduite d’une quarantaine de portefeuilles à quelque vingt-cinq. Les nominations de nos ministres, qui avaient débuté sous le sceau de la réduction drastique du train de vie de l’Etat, ont cependant continué de plus belle et consacré ce « dividendisme » de récompense politique qui a vu de plus en plus de ministres-conseillers être nommés.

Certes, la nomination comme Premier ministre d’Abdoul Mbaye, qui ne fait pas partie de l’establishment politique, a fait office de nouveauté et renforcé le besoin de têtes nouvelles et surtout bien faites, rompant avec la qualité surévaluée des hommes qui étaient nommés juste pour avoir plu au maître des lieux, Wade en l’occurrence. Les 90 jours de Macky Sall n’ont pas rompu avec les pratiques de nominations qui ressemblent à des « promotions camarades », et qui ont ébranlé les plus fervents supporters de l’Apr, comme celle de Ndiogou Wack Seck comme PCA de la Rts. Les 90 jours de Macky, c’est aussi l’irruption de sa famille et de sa belle-famille dans les affaires. Ce qui reste contradictoire avec les désirs de changements clamés par les Sénégalais. Les 90 jours de Macky, ce sont surtout les audits, du moins les clameurs qui les accompagnent, car on n’a encore pas vu grand-chose dans ce domaine très attendu par nos compatriotes. Stratégie ou faiblesse ? Nous le verrons plus tard, disent ses partisans, qui demandent au peuple de ne pas se presser, que des têtes tomberont bientôt. Quelques têtes sont tombées, notamment celles de directeurs généraux réputés nuisibles aux deniers publics. Ndongo Diaw de l’Artp, Sitor Ndour du Coud, Aminata Niane de l’Apix… ont été limogés en attendant de s’expliquer sur leur gestion devant la justice.

Les 90 jours de Macky Sall, c’est aussi sa très controversée déclaration de patrimoine qui a soulevé bien des interrogations quant à sa réalité et à sa congruence. Celle-ci pollue d’ailleurs le débat et permet aux anciens pontes du régime de Wade de gloser et de soumettre le président à un inacceptable chantage, du genre « tu me tiens, je te tiens par la barbichette ». Les Sénégalais attendent des résultats économiques et vite. Ils attendent que leurs enfants trouvent du travail, soient formés et retrouvent espoir plutôt que désespoirs qui les ont fait braver les océans au péril de leurs vies. Le résultat de ces 90 jours est maigre. Nous n’avons eu qu’une baisse des prix des denrées de première nécessité. Ce n’est pas rien, convenons-en. La confiance des partenaires au développement a été restaurée. Ce qui est déterminant dans ce contexte catastrophique pour notre économie. Il y a un recadrage certain dans la gestion des finances publiques qui va se traduire par une réduction des déficits.

Mais si Abdoulaye Wade continue d’accaparer le temps médiatique, c’est bien qu’il y a un manque et un vide dans la satisfaction des Sénégalais qui ne se sentent pas encore mis devant les défis qu’ils auront à relever et qui sont gigantesques. Le marasme qui semble s’installer, dans une torpeur que ne vont pas démentir les probables abstentions aux législatives, provient peut-être du manque d’entrain qui nous submerge et du manque de vision de nos dirigeants. Un sentiment de tâtonnement qui provient d’hésitations programmatiques et qui est masqué par la médiatisation de ce qui s’est fait de pire sous nos contrées, à savoir la pérennisation de la transhumance, qu’on avait espérée définitivement bannie. L’action du gouvernement est noyée par ces nauséabondes pratiques et polluée par le tintamarre autour des audits qui fait dire aux plus impatients qu’ils préfèrent voir de grandes décisions qui changent réellement leurs vies.
DAKARACTU.COM





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