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Le renvoi de la directrice de la rédaction de New York Times continue de faire des vagues


Mercredi 21 Mai 2014

Le renvoi de la directrice de la rédaction de New York Times continue de faire des vagues

Première femme nommée directrice de la rédaction du New York Times, en juin 2011, Jill Abramson avait été louée à son arrivée à la tête de la "Gray Lady" [la dame grise, surnom du quotidien]. Sa sortie aura été moins triomphale, mais tout autant commentée si ce n'est plus. Depuis l'annonce officielle de son renvoi le 14 mai dernier par le propriétaire duNew York Times Arthur Sulzberger, les articles et les tribunes se multiplient en effet dans la presse et sur les sites internet américains.

Le 18 mai, c'est le chroniqueur média maison David Carr  qui donnait sa version des faits. "J'ai été témoin de nombreux moments tendus au New York Times, écrit-il, mais aucun aussi surréaliste que celui du 14 mai. Depuis quand notre lieu de travail s'est-il mué en un épisode particulièrement sanglant de la série Games of Thrones ?", s'interroge-t-il. Il poursuit : "C'est une chose de faire des commérages et de se plaindre de sa patronne , c'en est une autre de voir sa tête rouler dans la lumière crue du jour. Le manque de décorum était hallucinant".

Discriminations sexistes dans les medias

Mais la polémique ne porte pas tant sur la façon dont a été renvoyé Jill Abramson que sur le motif de son éviction et notamment la question des discriminations sexistes dans les médias. C'est le journaliste du New Yorker, Ken Auletta,  qui a dégaîné le premier, le 14 mai, en expliquant sur le site de l'hebdomadaire new yorkais que quelques semaines avant son éviction, Jill Abramson, s'était inquiétée "que son salaire et ses droits à la retraite étaient bien inférieurs à ceux perçus par son prédécesseur, Bill Keller, qu'elle s'était donc manifesté en haut lieu". Ken Auletta a, depuis, signé depuis deux autres articles sur le site du New Yorker pour enfoncer le clou sur cette question.

Mais ce n'est pas tout, parmi les motifs de licenciement de Jill Abramson figurait aussi sa volonté de débaucher une des rédactrices en chef duGuardian, Janine Gibson, pour travailler au New York Times et de ne pas en avoir averti en haut lieu. Derrière cette embauche, c'est la question de la stratégie numérique du quotidien qui est en jeu. Selon un rapport interne datant de la fin du mois de mars et qui a opportunément fuité dans la presse le 15 mai, le New York Times serait à la traîne sur la concurrence en matière d'innovation et de développement numérique et encore "trop attaché à la culture papier".

Concomitance avec la démission de Natalie Nougayrède au Monde

Enfin, la concomitance de la démisison de la directrice de la rédaction du quotiden Le Monde*, Natalie Nougayrède, et le départ de celle du New York Times n'est pas passée inaperçue aux Etats-Unis. La semaine dernière, le Washington Post  parlait d'une décidement bien "mauvaise semaine pour les femmes dans les médias ; tandis que dans le magazinePolitico, la journaliste Susan Glasser souligne que les postes à responsabilité tenus par des femmes dans la presse comptent parmi "les jobs les plus dangereux du journalisme".

"Je connais depuis longtemps et j'admire Jill Abramson", écrit Susan Glasser dans le magazine, "depuis un an, toutes les questions légitimes sur sa façon d'exercer ses fonctions ont commencé à tourner autour de la notion sexiste de 'tempérament' et sur la question de savoir si elle avait le tempérament idoine pour diriger une rédaction".

Il y a très peu de femmes à des postes de direction aux Etats-Unis, note Susan Glasser, et "ce déficit est particulièrement prononcé dans le journalisme où les femmes à des postes de responsabilité restent des exceptions et, un jour ou l'autre, font face à un retour de bâton".

Pour elle, "la seule chose que Nathalie Nougayrède et Jill Abramson ont en commun c'est qu'elles sont toutes deux intelligentes, ambitieuses, courageuses [...]. Aujourd'hui elles sont traitées de même : comme des directrices de rédaction controversées. De grandes journalistes, pour sûr, mais peut-être pas suffisamment outillées pour diriger dans cette période de bouleversement. Peu importe que leur tempérament n'ait pas changé entre le moment où elles ont été nommées et celui où elles ont perdu le soutien de ceux qui les avaient nommées [...] Peu importe également qu'elles aient deux tempéraments très différents. Elles étaient en fait coupables : coupables d'être deux femmes de tête dans les médias", conclut-elle.
 
XourrierInternational
senvidéo



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