Le procureur spécial, le Directeur de la police judiciaire et l’arrestation programmée de huit anciens dignitaires : Révélations sur une affaire d’Etat

Huit anciens dignitaires devaient être présentés par la Direction de la police judiciaire (Dpj) au procureur spécial Alioune N'dao, le mardi, à 11 heures du matin. Révélations..

A vrai dire, l’ancien procureur spécial Alioune Ndao est allé au delà du bras de fer qui l’opposait au Garde des Sceaux, Sidiki Kaba. Il était dans une logique de défiance ouverte envers le chef de l’Etat Macky Sall. Comme Libération l'avait révélé, hier, c’est à la radio que les plus hautes autorités de l’Etat ont appris que le procureur spécial avait convoqué pour arrestation Abdoulaye Baldé, nouvellement réélu maire de Ziguinchor. Les interventions tous azimuts n’y firent rien. Conscient de l’interprétation qui serait faite de l’arrestation d’Abdoulaye Baldé, l’Etat organise la «disparition» du maire de Ziguinchor pendant tout un week-end.
Loin de lâcher prise, Alioune Ndao reporte l’audition d’Abdoulaye Baldé sur convocation et requiert le mandat de dépôt contre lui. Il ne sera pas suivi par la commission d’instruction de la cour de répression de l’enrichissement illicite (Ci-Crei) qui estimait que Baldé présentait des garanties de représentativité et que son placement en détention provisoire n’était pas motivé.
Mais, le cas le plus insolite concerne Oumar Sarr qui, selon Libération, hier, avait introduit une demande de sortie du territoire national pour assister à une réunion entre parlementaires. Le Président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, a dû monter au créneau pour saisir le Garde des Sceaux, Sidiki Kaba. Ce dernier essaiera de joindre Alioune Ndao qui non seulement ne donnera pas suite à sa requête, mais poussera le bouchon jusqu’à fermer ses téléphones, histoire d’organiser son «injoignabilité», révèle Libération.
Il fera courir le Garde des Sceaux pendant une semaine avant d’autoriser le coordinateur national du Parti démocratique Sénégalais (Pds) à quitter le territoire national. Il y a de cela une semaine, Alioune Ndao pose un acte ultime. Il transmet une liste de huit personnes au Directeur de la Police judiciaire (Dpj), Seydou Bocar Yague, en lui demandant de les entendre et de les placer en garde à vue. Ses cibles étaient l’ancien ministre des Finances, Abdoulaye Diop, Oumar Sarr, Me Madické Niang, Mbaye Ndiaye Ads et son épouse Ndella Wade et enfin Lamine Faye et ses deux épouses.
Seydou Bocar Yague informe ses supérieurs qui lui demandent de ne pas s’exécuter. Malgré l’insistance du procureur spécial, le patron de la Dpj joue au chat et à la souris avec lui.
Fait assez particulier : en dehors des dossiers Mbaye Ndiaye et Lamine Faye, toutes les autres affaires sont entre les mains de la Section recherches de Dakar qui n’a pas encore bouclé ses enquêtes. Lundi 10 novembre, Alioune Ndao appelle au téléphone Seydou Bocar Yague et lui pose un ultimatum : «Je veux ces huit personnes à mon bureau à 11 heures du matin».
Le patron de la Dpj remonte l’information qui parviendra, via le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, au chef de l’Etat. Mis devant le fait, Macky signe le décret limogeant Alioune Ndao pour éviter cette razzia. Mais, avant de prendre cette mesure radicale, Macky Sall avait tenté de sauver les meubles en recevant Alioune Ndao dans ses appartements privés. Mais ce dernier a estimé, face au chef de l’Etat, qu’il était l’unique et seul maître des poursuites...

DAKARACTU