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La France a un nouveau ministre de la Justice: Jean-Jacques Urvoas, un «homme d'ordre»


Mercredi 27 Janvier 2016

PORTRAIT - Professeur de droit, le nouveau garde des Sceaux, élu du Finistère, est un grand spécialiste de la sécurité.


Jean-Jacques Urvoas  au ministère de la Justice va redonner à l'exécutif une cohérence en matière de justice que le maintien jusqu'à présent de Christiane Taubira  avait rendu très complexe. Authentiquement de gauche, il a adhéré au parti socialiste en 1977 à l'âge de 18 ans. Urvoas est un grand professionnel du droit et ne traîne pas derrière lui une réputation de laxisme. Bien plus, il s'est attaché à démontrer le contraire. Il est même souvent brocardé par nombre d'élus de la gauche du PS et par les militants les plus acharnés comme un «homme d'ordre», ce qui dans leur bouche n'est pas spécialement élogieux. A 56 ans, ce Breton, député du Finistère depuis 2007, a longtemps été le monsieur sécurité du Parti socialiste avant d'être nommé président de la commission des Lois de l'Assemblée nationale au début du quinquennat de François Hollande. Du reste, il est parfaitement en phase avec Manuel Valls et Bernard Cazeneuve. Ce qui facilitera la tâche au moment de la discussion au Parlement du texte controversé sur la déchéance de nationalité.

A la tête de la Commission des Lois, c'est lui qui a notamment préparé en 2015 le texte législatif sur le renseignement, légalisant en 2015 les pratiques clandestines des services dans la lutte contre le terrorisme. Homme fin et cultivé, à l'humour ravageur, brillant orateur, il connaît parfaitement les arcanes parlementaires. Dans l'imbroglio politique et législatif de la déchéance de nationalité, les socialistes s'étaient tournés vers lui pour qu'il trouve la formulation magique sous la forme d'un compromis sensé à la fois à satisfaire les députés socialistes, François Hollande et les parlementaires de droite et du centre dont l'exécutif a impérativement besoin pour voter le texte à Versailles en Congrès.

Un homme d'appareil

Professeur de droit, Jean-Jacques Urvoas est aussi un homme d'appareil. Ancien proche de Dominique Strauss-Kahn, il avait soutenu François Hollande lors de la primaire de 2011 et s'était rapproché de Manuel Valls, de trois ans son cadet. Il a été premier secrétaire de la fédération du PS dans le Finistère de 2000 à 2008, date à laquelle, au congrès de Reims du PS, il intègre le Conseil national, le parlement du Parti. Un an plus tard, Martine Aubry, alors première secrétaire du PS, le désigne comme secrétaire national chargé des questions de sécurité. Il prend alors en charge cette thématique, peaufinant sa connaissance et sa réflexion. Et c'est naturellement qu'il avait construit le programme électoral du PS en matière de sécurité.

Sous le quinquennat de François Hollande, il a été le rapporteur de la loi sur le renseignement adoptée après les attaques de janvier 2015 contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher de Vincennes. Jean-Jacques Urvoas a aussi pris tout le monde de court en décembre 2015, en expédiant un courrier au nom de la commission des lois à tous les préfets pour les prier de faire remonter vers lui toute information utile au sujet de l'état d'urgence. Pendant plus de deux mois, la commission des lois de l'Assemblée a exercé un contrôle parlementaire tatillon sur le suivi de l'état d'urgence. Urvoas avait en effet compris qu'une partie de l'électorat de la gauche allait se retourner contre l'état d'urgence.

Respectueux des droits de l'opposition

A droite, les parlementaires sont plutôt élogieux à son endroit. «C'est un grand juriste, grand connaisseur des questions de justice et de sécurité, très attaché à l'ordre républicain et à la protection des Français, et respectueux des droits de l'opposition», affirme Georges Fenech (LR, Rhône). Hervé Mariton, qui s'était vivement opposé au mariage pour tous défendu par Jean-Jacques Urvoas aux côtés de Christiane Taubira, témoigne: «Il n'est pas sectaire mais il peut être sec. C'est quelqu'un qui a un grand respect de la forme. On a plus de mal à connaître ses convictions». Quant au frondeur Laurent Baumel, il regrette que sa nomination «symbolise un rétrécissement du gouvernement». «On est passé d'un gouvernement avec Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Christiane Taubira, à un gouvernement Valls», déplore-t-il.

Si la nomination de Manuel Valls au ministère de l'Intérieur était acquise avant même l'élection présidentielle de François Hollande, Jean-Jacques Urvoas se serait bien vu intégrer la place Beauvau après le changement de gouvernement. Mais c'est Bernard Cazeneuve qui lui avait été préféré. Il avait toujours estimé que la prestigieuse présidence de la commission des Lois valait bien tous le secrétariats d'État que la rumeur lui promettait.
LEFIGARO
 




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