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Société

LES MœURS RACONTéES PAR LES CONDUCTEURS DE TAXI: 'J’AI ENTENDU LE CRI D’UN BÉBÉ QUI BOUGEAIT DANS LE SAC EN PLASTIQUE'


Lundi 15 Septembre 2014

Les taximen sont au courant de tout ou presque. Ils roulent la nuit et le jour. Pourtant, ils sont très jaloux de leurs histoires qu’ils gardent secrètement. Prenons place dans l’univers de quelques-uns d’entre eux qui acceptent de nous révéler certaines mœurs dans la capitale dakaroise.

Un groupe de chauffeurs taximen, formant un cercle, joue à la carte sous l’ombre de cette tente installée au garage de Colobane. Un deuxième groupe se livre à des commentaires sur différents sujets d’actualité, tandis que d’autres conducteurs, pris par la fatigue, s’étalent sur les nattes.

Ces automobilistes débattent de tout, sauf de ce qu’ils voient ou entendent en conduisant. Le vieux Pape Guèye est conducteur de taxi depuis 1980. Ce monsieur aux cheveux blancs soutient que sur leurs permis de conduire, il est écrit qu’ils doivent taire tout ce qu’ils voient ou entendent dans l’exercice de leur métier.

Cependant, comme la confiance entre individus s’installe, ce taximan accepte de nous révéler quelques-unes de ses histoires secrètes. « Un jour, une dame, en prenant mon véhicule, avait dans sa main un sachet bleu. En cours de route, j’ai entendu le cri d’un bébé qui bougeait dans le sac en plastique. Quand je l’ai menacée de la dénoncer à la police, elle a juré qu’elle allait forcer la porte et sauter.

J’avais arrêté la voiture et, avant d’enlever ma ceinture de sécurité pour descendre du véhicule, elle avait disparu de la circulation », révèle-t-il. Il est aussi revenu sur le jour où, en amenant un couple dans un hôtel, un homme le suivait à bord d’un autre véhicule.

« En arrivant au même niveau que moi, dit-il, il pointe son arme sur moi en me demandant de m’arrêter car je transportais sa femme. Quand la voiture s’est immobilisée, continue-il, l’amant a pris la poudre d’escampette et le monsieur a tiré sa femme par la main et l’a fait rentrer dans la voiture ».

Son voisin, Mansour Ndiaye, conducteur de taxi clando, quant à lui, parle d’une femme qui, en prenant son taxi, a fait semblant d’avoir perdu quelque chose. C’était à yeumbeul. « Un week-end, en mon absence, cette dame est revenue pour réclamer son portefeuille. Plus tard, en ma présence cette fois-là, cette dame aux mœurs légères réclamait un sachet contenant des wax.

Pourtant, dans sa plainte déposée à la police, elle avait signalé la perte d’une parure en or. Elle estimait l’avoir oubliée dans un taxi-clando. » Le taximan s’énerve en relatant cette histoire. « Quand elle a su que son piège se retournait contre elle, elle s’est éclipsée dans la nature », soutient ce monsieur, la main sur le menton.

Sur une des barres qui soutiennent cette armature rigide couverte de toile, est adossé un homme aux lunettes noires. Serigne Fallou Dieng, surnommé Diack, cache sous ses lunettes des yeux rougis par le manque de sommeil. En travaillant la nuit, M. Diack prétend rencontrer des scènes inconcevables.

« Il n’y a pas longtemps, en conduisant, j’ai entendu deux jeunes communiquer avec un étranger dans le cadre d’une activité de trafic de faux billets. Quand ils ont fini de téléphoner, je leur ai dit : « C’est donc ça votre travail ! » Ils ont répondu : « Tous les moyens sont bons pour avoir de l’argent ! », révèle Diack.

D’après les révélations que lui ont faites ces jeunes, il suffit de donner une somme de billets légaux pour avoir le double en faux billets. Par la suite, les détenteurs de faux billets se chargent d’acheter un article insignifiant pour avoir de la monnaie en vrai. Un homme, dans un "Baye Lahad" (habit qui porte le nom du troisième khalife de Serigne Touba), s’approche de lui en lui disant : « Diack yangui wahk rek (Diack, tu te mets à parler ! C’est une sorte d’avertissement).

Pourtant, Abdou Fall finit par rejoindre le groupe restreint de conducteurs qui ont accepté de faire des témoignages. Quittant Rufisque pour rallier l’entreprise où il travaille, ce talibé mouride se dit sidéré par le comportement de trois jeunes filles qui font de la prostitution déguisée.

« Je les prends à Rufisque. Mais, je me rends compte qu’elles se métamorphosent dans le véhicule avant de descendre dans différents endroits de la capitale », déclare-t-il.

Les taximen sont parfois accusés de travailler en connivence avec les malfaiteurs. Ils réfutent ces accusations. Tout de même, dans ce garage, les chauffeurs se désolent du cas du jeune Babacar arrêté à la veille de la Korité pour collaboration avec des transporteurs de chanvre indien.





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