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Opinion

LECTURE: À QUOI SERT ENCORE BENNO ?


Lundi 27 Octobre 2014

«Quand le système de flagornerie s’empare de tous les esprits, naturellement il n’y a pas de résistance…»

Amath Dansokho, novembre 2008

Les militants du PIT restent très fiers de leur président d’honneur, consacré "Mandela national" par la quasi-totalité de la classe politique sénégalaise, respecté par ses amis et redouté par ses adversaires politiques. L’homme est doué d’une intelligence politique hors du commun, d’une mémoire encore intacte et fait partie des personnages centraux de la vie politique sénégalaise, depuis plusieurs décennies.

En réalité, les militants de gauche savent bien ce qu’ils doivent à Amath Dansokho, aux leaders des partis progressistes et à tous les combattants de l’ombre, présents dans tous les secteurs de la vie nationale, qui même n’étant plus militants actifs, contribuent de manière significative à la marche de notre pays vers le progrès social et davantage de liberté et de justice sociale.

C’est bien pour toutes ces raisons qu’il est difficile de comprendre l’indulgence manifeste dont ils font preuve vis-à-vis du président de la République. Ce dernier, non content de rejeter les conclusions de la CNRI, bafouerait allègrement le Code des marchés publics, ferait dans le népotisme et le favoritisme.

Après plusieurs années de militantisme, à l’ombre de dirigeants émérites et anonymes pour la plupart, les militants en sont venus à la distanciation progressive vis-à-vis de la politique de large rassemblement, qui a conduit les partis de gauche à s'allier d’abord avec le socialiste Abdou Diouf puis avec le libéral Abdoulaye Wade.

Vers la fin des années 80, une époque marquée par l’effondrement du camp socialiste et l’exigence de “démocratisation” de la vie politique dans les pays semi-coloniaux, telle que formulée par le sommet de la Baule, le PIT choisira– face aux velléités aventuristes du PDS, prêt à s’allier avec le diable pour destituer le président Diouf- de s’engager dans la voie de la consolidation des Institutions de la République en participant au gouvernement de majorité présidentielle élargie d’Abdou Diouf.

Malgré les inévitables compromis inhérents au partage du pouvoir avec des partenaires ayant d’autres types de référentiels politiques, les partis de gauche finiront par se démarquer, après quelques années de compagnonnage, des pratiques néfastes du régime “socialiste” et prendre toute leur place dans la dynamique, qui devait aboutir à la chute du régime socialiste quarantenaire.

Exemplaire fut la position du PIT face au nouveau pouvoir libéral issu de la première alternance démocratique de mars 2000 ! Et ce, notamment grâce à la fermeté idéologique des camarades dont l’illustre Sémou Pathé Guèye, qui contrairement à de nombreux leaders de la Gauche sénégalaise, avaient bien compris que la lutte pour l’approfondissement de la démocratie et l’indépendance du Sénégal était loin d’être terminée.

C’est ainsi que le PIT sera l’un des rares partis à s’opposer à la tentative du président Wade d’instaurer le césarisme démocratique et le despotisme éclairé. L’histoire donnera raison au PIT, qui s’opposera, dès janvier 2001, à la Constitution liberticide de Wade et à Amath Dansokho, dont le domicile deviendra le symbole de la résistance aux dérives monarchiques du Président Wade.

Le PIT, premier parti à dénoncer la mal-gouvernance du régime socialiste, est, sans conteste, un des pionniers de la lutte pour l’émergence citoyenne et l’approfondissement de la démocratie dont les principes fondateurs figurent en bonne place dans le programme de la CA 2000, préfacé par Me Abdoulaye WADE.

C’est ce qui explique le rôle central qu’il va jouer dans l’organisation des Assises nationales du Sénégal, exercice remarquable de critique et d’autocritique de diverses forces politiques sénégalaises pour mettre fin à un système présidentialiste obsolète et à la domination de notre économie nationale par le capital international.

Plus tard, le camarade Amath Dansokho va jouer, à côté d’Alioune Tine, un rôle émérite dans la coordination du mouvement du 23 juin 2011, exemple remarquable de jonction de forces politiques et d’organisations de la société civile pour mener à bien les objectifs de révolution citoyenne et de refondation institutionnelle arrivés à maturité.

Comme en 2000, la défaite du régime wadiste ne fut pas automatiquement synonyme de refondation institutionnelle. Paradoxalement, le président Macky Sall, qui aura été, lui aussi, victime des tripatouillages de la Constitution, de la dévolution monarchique du pouvoir et d’une destitution forcée du perchoir de l’Assemblée nationale, avait pourtant rendu, durant l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle de février-mars 2012, une visite de courtoisie mémorable au président des Assises nationales et paraphé la charte de gouvernance démocratique.

Toutefois, il refuse jusqu’à présent, deux ans et demi après son élection, d’appliquer les principes de la refondation institutionnelle, malgré la mise en place d’un Comité de suivi de la mise en œuvre des conclusions des Assises nationales et de la CNRI présidée par le président Mbow.

Quelle est alors la pertinence de redynamiser la coalition Benno Bokk Yaakaar, dont le leader refuse d’opérer les ruptures nécessaires à l’approfondissement de la démocratie et à l’assainissement des mœurs politiques ? N’est-il pas temps de cesser de jouer avec l’imaginaire des Sénégalais, auxquels on promet monts et merveilles, au moment même où on leur refuse le droit aux libertés les plus élémentaires, telles que codifiées par la charte de gouvernance démocratique ?

SENEPLUS





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