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Société

L'histoire des deux présumés djihadistes arrêtés à Mbour: Comment ils ont basculé


Vendredi 1 Avril 2016

Abdoulaye Bayati Fall et Malick Dieng sont deux barbus supposés entretenir des relations étroites avec des réseaux terroristes, dont le principal cerveau est un Français qui s’est converti à l’Islam sous le nom de Ousmane. Après l’arrestation des trois suspects, le quartier de Mbour-Maure est plongé dans la tristesse et l’angoisse. En effet, la bande était suivie par les renseignements généraux depuis plusieurs mois, mais aussi leurs appels téléphoniques étaient enregistrés et les deux véhicules neufs trouvés en leur possession ne vont pas plaider en leur faveur.


L'histoire des deux présumés djihadistes arrêtés à Mbour: Comment ils ont basculé

C’est la tristesse et l’angoisse dans le quartier de Mbour-Maure appelé Gadd-ga. Non loin de la demeure des Fall, un kiosque à journaux fréquenté par les clients est le lieu de rencontres. Ici tout le monde se connaît. Une femme nous indique la maison. Quelques pas dans la cour et un calme plat accueille le visiteur. Pas de bruit. Rien ne dérange la quiétude des occupants. Toutefois dans le salon, le père Aziz Fall reçoit des parents, amis et voisins venus compatir à la douleur de la famille et partager sa peine.

Après quelques salamalecs, le chef de famille se redresse dans son fauteuil et lance sur un ton grave et sec : «Ecoutez s’il vous plait, je ne vais pas m’adresser aux journalistes. D’ailleurs, je ne veux pas les voir dans ma maison. Allez où vous voulez recueillir des informations, mais pas chez moi. C’est clair. Merci et à la prochaine». 

Les propos du père de l’imam Abdoulaye Bayati Fall sont sans appel. La presse est indésirable dans le coin. Les voisins et parents ne cessent de faire des va-et-vient entre la maison des Fall et celle des Dieng dont les enfants ont été arrêtés par les forces spéciales de la gendarmerie. A quelques dizaines de mètres de là, se trouve la demeure du vieux Saloum Dieng, un notable très connu à Mbour. Ici, c’est la même ambiance que chez les Fall. Dans le quartier, les habitants qui sont des maures forment une famille et sont très solidaires, d’où le nom de Gadd-ga. 

Entre les deux maisons, se trouve la fameuse mosquée appelée «Diakka Ibadou» de Gadd-ga. Les heures de prières sont différentes de celles de la majeure partie des mosquées de la ville. D’après certaines indiscrétions, la mosquée a été financée par des pompistes saoudiens. «Depuis sa construction il y a plus de 10 ans, il n’y a jamais eu des prêches radicales», explique un interlocuteur sous le sceau de l’anonymat. En dépit de l’arrestation des jeunes Fall et Dieng qui laisse tout un quartier dans l’émoi, la tristesse et la stupeur, les voisins portent des témoignages élogieux sur les deux présumés djihadistes. «Ils sont de fervents musulmans, ils fréquentent régulièrement la mosquée et ne ratent jamais les heures de prières», témoigne un voisin.

Pourtant, le sujet sur le terrorisme et l’implication des deux personnes est tabou dans le quartier. Dès qu’on l’aborde, le voisinage cherche les moyens de s’éclipser. «Je n’en sais rien, cherchez ailleurs », répond-t-on sèchement comme si c’était un mot de passe. Le délégué de quartier Ibra Fall martèle : «vraiment je suis stupéfié par ce qui s’est passé. Ces deux jeunes sont de fervents musulmans qui n’ont même pas le temps de l’oisiveté. Ils sont toujours entre le boulot et la mosquée. Et je peux avouer devant Dieu que personne d’entre eux n’a jamais porté plainte contre qui ce soit. Et ils n’ont jamais fait l’objet d’une plainte ici», témoigne le délégué du quartier.

LA LONGUE FILATURE DES RENSEIGNEMENT GENERAUX

Toutefois, les deux amis ont été perdus par leur ami toubab (européen). Abdoulaye Bayati Fall âgé de 37 ans est l’Imam de la mosquée des Ibadou. Il est aussi maître coranique dans le quartier. Il a sous sa responsabilité plusieurs jeunes du quartier à qui il enseigne les préceptes de l’Islam. Il n’a pas de fréquentation autre que la mosquée, la demeure familiale et l’école coranique. Ce sont ses activités professionnelles qui le lient à Malick Dieng plus connu sous le nom de Malick Ndiaye. Malick qui a fait une formation en hôtellerie travaillait depuis quelques temps dans un fast-food de la place pour soutenir ses parents. Mais l’arrivée de Ousmane le toubab a bouleversé leur quotidien. Une source raconte que Ousmane s’est présenté comme un ancien chrétien qui s’est converti à l’Islam. Mais comme il ne pouvait plus vivre avec ses parents qui sont intolérants, il est venu au Sénégal pour avoir la paix et la tranquillité. 

C’est l’histoire que racontait Ousmane  pour prouver sa bonne foi. «Moi je croyais que c’était un maure qui venait juste pour prier parce qu’il était toujours vêtu en kaftan, donc je pensais qu’il faisait partie des mauritaniens tenanciers de boutiques, c’est par la suite que j’ai su qu’il était un toubab», raconte Ibra Fall. Ousmane le français logeait dans le quartier de Tripano où Malick et Abdoulaye Bayati Fall se rendaient régulièrement. Finalement, le trio était devenu des amis inséparables avec de longues barbes. Mais ce qui a perdu la bande de copains, renseigne- t-on, c’est la longue filature des renseignements généraux qui surveillaient tous leurs déplacements et leurs appels téléphoniques. 

Un jour alors qu’ils s’étaient rendus à Dakar pour acheter des voitures neuves qui ne sont pas à la portée des deux Sénégalais du fait de leur coût exorbitant, pour deux jeunes qui joignent difficilement les deux bouts, les renseignements ont « accéléré la cadence ». La source confirme des relevés téléphoniques avec des personnes occultes. Au moment de leur arrestation, quatre éléments de la gendarmerie, (une femme et 3 hommes) ont menotté les trois amis et les ont embarqués à destination de Dakar nous dit-on, où ils sont en train d’être cuisinés. 


LAS




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