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L’espace de Ndèye Takhawalou – Quarante ans Sénégalaise toujours dans le pétrin – Les mains dans la boue

Lundi 26 Janvier 2015

L’espace de  Ndèye Takhawalou – Quarante ans Sénégalaise toujours dans le pétrin – Les mains dans la boue

L’OBS- «Notre histoire n’est pas un destin. Ce qui est écrit ne l’est pas pour longtemps. Ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera pas demain, car les déterminismes humains sont à courte échéance. Nos souffrances nous contraignent à la métamorphose et nous espérons toujours changer notre manière de vivre». Ces propos sont de Boris Cyrulnik, qui est  connu pour la finesse de sa perception de l’âme humaine. Son analyse est pertinente, parce qu’elle met en exergue la fluctuation de nos destinées, soumises au monde extérieur, mais surtout à nos forces intérieures. La capacité à nous surpasser dans l’épreuve nous surprend nous-mêmes car l’on ne pensait pas détenir assez d’énergie pour nous relever d’une chute que l’on croyait fatale. Il nous faut une approche très subtile de ce qui nous arrive pour nous en sortir et j’en ai fait l’expérience. Parfois, on me demande comment j’ai fait pour émerger de la dépression car je donne l’image d’une femme épanouie. Parfois, au fond de mon être, je me demande pourquoi je suis happée par un vide existentiel sans fond, pourquoi la mélancolie me cerne-t-elle de tous côtés. De ce fait, j’ai compris que la solitude est le pire ennemi de l’être humain, que nous ne sommes pas faits pour être isolés. Et lorsqu’on se retrouve dans cette situation, on est la proie de tous les prédateurs. Il y a des gens qui sont des manipulateurs nés et qui pensent qu’ils peuvent tout vous prendre à votre insu, comme il y a aussi une catégorie de personnes qui sont des marionnettes, qui éprouvent du plaisir à se faire spolier. Et  je prie Dieu de n’être d’aucune de ces deux catégories. Mais il n’y a pas que ces deux dangers dans la vie en société. Nous sommes divisés, instinctivement, en clans fermés. Certains sont attirés par le pouvoir de l’argent et se regroupent pour nourrir leur passion, d’autres ne jurent que par la volupté et font tout pour se retrouver avec ceux qui ne se plaisent que dans cet abandon des sens. Le plus curieux, mais cela existe, c’est que certains sont unis pour la passion de la calomnie, et dire du mal des autres leur procure un grand bien. Après le constat de ces clans, on en vient à ce constat. Soit on est dans une relation où on complote, ou dans une autre où on est complice. Le complot ternit l’esprit et l’appauvrit, la complicité le colore et l’enrichit. C’est plus facile de trouver des individus avec qui on peut comploter, on peut se liguer et s’inventer des ennemis, pour parler comme l’écrivain Umberto Ecco, que de dénicher une seule personne avec qui on est complice.  Il y a plus de confrontations dans le monde que de complicités. Compte tenu de cette situation, on est vite isolé sur cette terre, pourtant vaste et bien peuplée. On peut avoir en main les clés de sa maison, l’ouvrir et la refermer quand on veut, et se sentir pourtant comme dans une immense prison avec des codétenus plus ou moins hostiles. Et ce n’est pas de la paranoïa, mais de la lucidité. La dissemblance se paie très cher dans notre société. Lorsqu’on est partout comme un cheveu dans la soupe, on se sent traqué, les autres, qui trouvent que vous ne leur ressemblez pas, guettent toujours un comportement suspect pour confirmer une vérité qu’ils ont échafaudée sur vous et qui est à des années lumière de la vôtre. Tout est prétexte pour vous clouer au pilori lorsqu’on est différent des autres et il faut toujours être sur le qui-vive pour se protéger d’un jugement sans fondement et c’est ce qui est le plus épuisant pour ceux qui ne sont pas comme les autres. Seulement, il faut malgré tout cela, lier commerce avec les autres car vivre en autarcie, c’est compliqué, c’est passer à côté de ce que les êtres humains ont de plus fascinant en voulant trop les éviter. Le repli sur soi racornit le cœur, le dessèche. L’ouverture aux autres est gage d’épanouissement, mais à quel prix ! Les gens fréquentables sont comme des paillettes enfouies dans la boue. Donc pour conclure, vivre, c’est être un chercheur d’or, il faut mettre ses mains dans la boue et tamiser inlassablement pour trouver des âmes, comme des pépites d’or avec qui vous serez complice pour la vie.

 Ndèye Takhawalou


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