L’EX-PREMIER MINISTRE AMINATA TOURÉ AU MICRO DE DAME BABOU D’AFRICAN TIME À NEW YORK: MIMI DE RETOUR

En retrait de la vie publique depuis son éviction de la tête du gouvernement, le 4 juillet dernier, l’ancienne Premier ministre Aminata Touré a repris du service. Elle a pris part au forum des femmes leaders récemment tenu à New York. Une occasion de rompre le silence dans lequel elle s’était murée à la suite de son départ de la Primature.

Au micro de Dame Babou d’African Time, elle a révélé le sens de sa participation à cette rencontre consacrée aux changements climatiques, mais surtout abordé quelques sujets d’actualité nationale.

Sans doute le plus brûlant : ses relations avec Macky Sall. À ce propos, Aminata Touré, contrairement à ce qui se susurre, estime qu’il n’y a aucune brouille entre elle et le chef de l’État. «Il (le Président) m’avait confié des responsabilités, il y a mis fin pour les confier à un autre, ce n'est pas un problème, tente-t-elle de minimiser. Certes les Sénégalais étaient d’accord sur la manière dont je conduisais les choses, mais le plus important est de passer à autre chose. Il n’y a aucun problème entre nous. Lorsqu’on arrive à la fin d’une mission, il faut savoir tourner la page.»

L’ex-Premier ministre semble avoir bien tourné la page de son expérience gouvernementale. Des sources dignes de foi ont confié à SenePlus qu’elle a monté une boite de consultance et prévoit de sillonner la planète pour tenir des conférences et participer à des rencontres portant sur des sujets qui l’interpellent. Sa participation à la réunion de l'Onu Femmes à New York entre dans ce cadre.

Cependant, elle se montre attachée aux questions domestiques. En effet, après son limogeage, elle a rarement raté une occasion de se prononcer sur les questions d’actualité : crise à l’Ucad, Ébola, le procès Karim Wade et le débat sur l’opportunité d’un retour du Sénat.

Et sur ce dernier point, sa position est tranchée. «À l’accession de Macky Sall au pouvoir, il m’était revenu la charge, en tant que ministre de la Justice, d’expliquer aux députés l’opportunité de supprimer le Sénat. Les données n’ont pas changé depuis, a indiqué Aminata Touré. Le Sénégal compte suffisamment d’institutions qu'il convient de renforcer et de rendre performantes.»

À propos de la traque des biens mal acquis, l’ex-chef du gouvernement «espère que la procédure sera conduite jusqu’au bout». Elle se déclare «confiante que le procès qui s'est ouvert le 31 juillet sera mené à terme et dans le respect de la loi. Que les accusés bénéficieront d’un procès équitable».

Interrogée sur un prétendu deux poids-deux mesures dans les poursuites contre les personnes visées par le procureur de la République aux aurores de la traque des biens mal acquis, Aminata Touré relativise. Si elle souhaite que tous les mis en cause soient placés sur un pied d’égalité, l'ancienne Garde des Sceaux invoque les difficultés des tribunaux sénégalais comme pour rassurer ceux qui estiment que la Traque est au point mort depuis l'arrestation de Karim Wade, il y a plus d'un an.

«La justice est parfois lente. Il faut savoir que le Sénégal ne compte que 500 magistrats ; ce qui fait que tous les dossiers ne pourront pas être traités en même temps. Mais, il ne doit pas y avoir de traitement de faveur, tranche l’ex-chef du gouvernement. Il faut encourager le gouvernement à poursuivre ses efforts dans ce sens. C’est une exigence des Sénégalais, qui observent attentivement l'évolution de la procédure.»

Ministre de la Justice des deux gouvernements d’Abdoul Mbaye, le premier chef du gouvernement de Macky Sall, Aminata Touré a été propulsée Premier ministre le 1er septembre 2013. Elle sera limogée un peu plus de dix mois plus tard, à la suite de sa défaite aux Locales du 29 juin. Après avoir passé le témoin à son successeur, elle avait gardé le flou sur son avenir au sein de l’Apr. Près de trois mois plus tard, les lignes semblent figées sur la question.

En effet, aussi bien au micro de Dame Babou que dans l’entretien exclusif accordé à Sud Quotidien et Sud Fm, ce mercredi 1er octobre, l’ex-Premier ministre reste dans le clair-obscur. Si elle réaffirme son appartenance à l’Apr et reconnait avoir renoué le contact avec le chef de l’État, Aminata Touré, au vu de sa retenue en ce qui concerne ses rapports avec son mentor, semble plus proche de prendre son indépendance vis-à-vis du parti présidentiel que d’y enterrer sa vie politique.

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