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Politique

Interview avec John Marshall, ambassadeur de Grande-Bretagne à Dakar: L'Afrique interpellée!


Jeudi 23 Juillet 2015

La résolution de l’équation des flux de migrants qui bravent la Méditerranée, en provenance d’Afrique subsaharienne, est une affaire de l’Europe, mais aussi celle de l’Afrique. C’est la conviction de l’ambassadeur de Grande-Bretagne à Dakar, John Marshall, qui aborde dans la seconde partie de l’entretien qu’il a accordé à www.SenePlus.Com l’immigration et la place de son pays dans l’Union européenne.

De nombreux migrants meurent dans la Méditerranée. Avez-vous le sentiment que la réaction de l’Europe face à ce drame est appropriée ?

Évidemment, les naufrages qui ont eu lieu dans la Méditerranée avec des centaines de morts nous ont tous choqués. Et c'est quelque chose qu'on veut éviter à tout prix. Je peux vous assurer que la question de l'émigration est une priorité pour l'Union européenne et tous ses Etats membres. C'est une question qui est régulièrement discutée par nos dirigeants.

En ce qui concerne le Royaume-Uni, nous pensons qu'il est important qu'il y ait une approche globale du problème. C'est-à-dire qu'il faut renforcer d'abord le sauvetage des migrants dans la Méditerranée. Notre force navale participe à ces efforts de sauvetage avec celles de plusieurs autres pays de l'Union européenne et même d'autres pays hors de la zone UE, comme la Norvège par exemple. Nous avons un bateau, le "HMS Bulwark", qui a aidé déjà des milliers de migrants. Et c'est important la recherche et le sauvetage.

C'est également important de cibler les passeurs, ceux qui sont impliqués dans la facilitation de l'émigration clandestine et qui profitent des migrants, afin de les dissuader. Nous avons la possibilité de travailler dans ce sens avec le concours des autorités libyennes. Mais pour que ces efforts soient efficaces et productifs, il faut qu'il y ait un gouvernement en Libye qui fonctionne normalement.

À côté de ces mesures d’urgence, quelle doit être la solution durable pour venir à bout du phénomène ?

Je reviens à l'idée qu'il faut une approche globale étant donné qu’en plus de la recherche, du sauvetage et du ciblage des passeurs, l'Union européenne joue déjà un rôle. Ses Etats membres investissent des sommes énormes dans le développement ou l'humanitaire dans les pays d'origine des migrants.

Cela se fait depuis des dizaines d’années, mais le phénomène a pris de l’ampleur ces dernières années. L’aide au développement ne semble avoir fait d’effet.

Les pays africains ont également un rôle à jouer parce que s'il y a beaucoup de jeunes africains qui veulent aller en Europe, c'est peut-être que l'Europe est attrayante mais c'est aussi parce qu'ils ne se sentent pas à l'aise chez eux.

Les candidats à l’émigration fuient un conflit chez eux, les violations de leurs droits humains par un gouvernement répressif ou le manque d'emplois faute d'une politique gouvernementale efficace capable de créer un environnement où le secteur privé peut prospérer, créer des emplois et générer la croissance. Alors je pense que les dirigeants africains doivent se poser la question suivante : "Que pouvons-nous faire pour persuader nos jeunes de ne pas quitter leurs pays mais de rester chez eux pour contribuer au développement de leurs pays ?"

L'Italie, principal pays d'entrée des migrants en provenance d’Afrique subsaharienne, avait invité les autres pays africains à accueillir une partie des migrants en proposant une politique de quotas. Pourquoi Londres n’était pas favorable ?

La situation est complexe et il y a beaucoup de facteurs qu'il faut prendre en compte. Nous sommes un pays très ouvert. Un pays qui a connu l'immigration pendant des dizaines et des centaines d'années. Nous sommes, par conséquent, une société très diverse et cosmopolite. Ce qui fait notre fierté. En même temps, il faut savoir que chez nous, l'année dernière par exemple, il y avait un flux net de migrants qui s’élevait à 310 000 personnes. Mais chez nous c'est surtout l’émigration intra-européenne qui est la plus courante. Beaucoup de migrants venus des autres pays européens mettent d'énormes pressions sur nos services publics. Cela inquiète nos populations.

La Grande-Bretagne prévoit d’organiser un référendum pour dire si elle reste ou pas dans l'Union européenne. Quelle est votre position sur cette question ?

C'est une question qui est très discutée en ce moment. Vous savez sans doute que nous avons organisé des élections législatives au mois de mai 2015. Le parti conservateur de David Cameron a été élu à une majorité simple, avec la promesse d'organiser un référendum sur la question de l'avenir de la Grande-Bretagne en Europe. Ce référendum sera organisé d'ici à fin 2017 et portera sur la question suivante : "Est-ce que la Grande-Bretagne devrait rester membre de l'Union européenne ?" Le Premier ministre britannique a été très clair, il veut que la Grande-Bretagne reste membre de l'Union européenne mais il faut que l’Union européenne mène à bien des réformes.

Quels types de réformes ?

Une réforme entre autres qui sera importante pour nous porte justement sur la question de l’émigration. Nous sommes pour la libre circulation dans l’Union européenne. Il y a d’ailleurs des avantages pour les Britanniques comme pour tous les membres de l’Union européenne. Mais nous pensons qu’il y a eu beaucoup d’abus, surtout en ce qui concerne nos systèmes d’assistance sociale, un secteur où nous pensons qu’il faut mettre en œuvre des réformes. En général nos priorités pour l’UE sont un élargissement du marché commun dans de nouveaux secteurs comme les services, le numérique et également des progrès sur le dossier de la compétitivité. Ce qui est important, c’est qu’il n’y ait pas une concentration excessive de pouvoirs au niveau européen. Le pouvoir doit rester entre les mains des Parlements élus nationaux.
SENEPLUS





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